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Impeachment ou 25e amendement ?

Le 20 février 1973, un mois après avoir prêté serment, Richard Nixon commençait un second mandat sous les meilleurs auspices. Ce jour-là c’est business as usual. Il tient une réunion avec le président du syndicat AFL-CIO lors de laquelle il lui explique qu’il va demander au Congrès les moyens de pouvoir discrétionnaires pour négocier la mise en place d’un système de protection dans les accords commerciaux pour préserver les intérêts nationaux (Ci-dessous la Une du New York Times). A sa place, Donald Trump aurait déjà signé un Executive Order.

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Ce jour-là, un mois après l’inauguration d’un second mandat, le mot impeachment n’a jamais été évoqué, par personne. Voilà un mois que Donald Trump et il est déjà largement évoqué par une moitié des Américains, l’autre est très satisfait des mesures déjà prises. Les démocrates l’envisagent et les Républicains n’osent publiquement y faire allusion mais peut-être y pensent-ils tant la conduite du président frise l’irrationnel et génère une forte anxiété.

Dix-huit mois plus tard, Richard Nixon était contraint à démissionner avec une déclaration qui est entrée dans l’histoire tant la situation était exceptionnelle. Mais ce ne fut pas un long fleuve tranquille. Et même dans les jours si l’on croit le livre de Theodore White, Forfaiture à la Maison Blanche, ses plus proches conseillers ont dû faire preuve de créativité manœuvrières pour persuader le président de quitter la fonction. Henry Kissinger, pourtant très proche de Nixon, considère qu’il « doit démissionner avec dignité et sans rancœur ». Le jeudi 8 août, Richard Nixon, 37e président des Etats-Unis, annonce au peuple américain qu’il a décidé de démissionner : … Dans toutes les décisions que j’ai prises au cours de ma vie, je me suis toujours efforcé de faire ce qui était le mieux pour le pays… dans les derniers jours…, il m’a paru évident que je n’avais plus le soutien politique assez fort au Congrès pour justifier la poursuite de cet effort ».

L’affaire du Watergate était grave. Elle a commencé par une intrusion illégale dans les locaux du parti démocrate pour se terminer dans le mensonge le plus total via une lutte à mort entre les parties en présence.

Plus récemment, il y a eu l’affaire Lewinsky qui est au Watergate ce que le théâtre de boulevard est à la tragédie grecque. Et pourtant, Bill Clinton a été littéralement harcelé par le procureur Kenneth Starr qui s’était juré d’avoir sa peau. Celui-ci avait rendu un rapport dans lequel il attestait que Bill Clinton avait menti sous serment ouvrant ainsi une procédure d’Impeachment. Une affaire qui s’est terminée en eau de boudin comme on dit familièrement. Ce dernier a d’ailleurs été rattrapé par ses propres affaires puisqu’il a été démis de son poste de président de l’université Baylor après un scandale sexuel.

Donc l’impeachment d’un président est possible mais cela reste une procédure exceptionnelle qui ne se fait pas en jour. Maintenant le 25e amendement. Dans une de ses dernières chroniques The last Word de la chaîne MSNBC, Lawrence O’Donnell présente Mike Pence comme The Most Dangerous Man In President Trump’s World. Pourquoi parce que précisément il peut faire appel au 25e amendement pour mettre en œuvre une procédure visant à mettre hors d’état de nuire le président et le remplacer en devenant acting president.

La procédure a été décrite en détail par Keith Olbermann en décembre dernier (L’impeachment parfait. Le 25e amendement (adopté en 1967) donnerait des éléments à beaucoup de ne pas laisser Donald Trump s’installer à la Maison Blanche. Une réflexion qui a été engagée après l’assassinat de John Kennedy qui mettait en évidence l’ambiguïté de l’article II, section 1, article 6 de la Constitution. Celui-ci n’énonçait pas expressément que le vice-président devient le président, si le président en exercice décède, démissionne, est démis de ses fonctions ou est incapable d’exercer ses pouvoirs. Mais encore plus intéressant est le cas prévu par la section4 du 25e amendement qui s’organise en quatre phases et permet au Vice Président de remplacer le président en place.

Les motifs pour lancer un impeachment ou appliquer le 25e amendement ne sont pas les mêmes. Dans le premier cas, ce serait par exemple, les conflits d’intérêts dont on parle peu en ce moment – mais il ne fait aucun doute que des investigations sont en cours – ou les relations entre des représentants du gouvernement russe et l’équipe de campagne de Donald Trump. Dans le second, il serait plutôt lié au comportement trop instable ou à la santé mentale suspecte de l’hôte de la Maison Blanche.

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