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Vive les pays de merde !

On connaissait le trou du cul du monde, bienvenue aux pays de merde ! Grâce à Donald Trump. « Why are we having all these people from shithole countries come here », a-t-il déclaré dans le Bureau Ovale, lieu symbolique s’il en est, lors d’une réunion avec des membres du Congrès, démocrates et républicains à l’occasion de discussions sur une réforme de l’immigration.

« L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire » avait déclaré Nicolas Sarkozy lors de son fameux discours de Dakar. Par rapport à la saillie de Donald Trump sur les shithole countries, elle pourrait passer pour du politiquement correct.

En septembre 1993, le magazine d’AT&T Focus publiait un dessin (voir ci-dessous) apparemment anodin et naïf illustrant un petit questionnaire sur l’opérateur télécoms et l’évolution de la téléphonie dans le monde. A cette époque, la téléphonie mobile existait à peine. Le réseau téléphonique mondial était encore représenté sous la forme filaire. Pour montrer sa couverture internationale, le dessin montre donc des pylônes répartis sur les 5 continents et puis patatras ! le dessinateur dérape avec une vision pour le moins raciste de l’Afrique.  

La semaine suivante, Bob Allen, CEO d’AT&T de l’époque, a envoyé une lettre à tous les abonnés du magazine, employés de l’entreprise et clients, tout particulièrement les Africains-Américains, pour présenter ses excuses. Il conclut sa lettre en suggérant de jeter le numéro dans la poubelle. Dommage qu’il n’y ait pas de Bob Allen qui suggère de jeter le locuteur de la phrase infamante sur les shithole countries à la poubelle.

Donald Trump a-t-il prononcé la formule ignominieuse ? Elle a été confirmée par des sénateurs, notamment le démocrate Dick Durban, présents à la réunion et n’a pas été infirmé par la Maison-Blanche qui, par la voie de l’adjoint à la porte-parole, Raj Shah, en a proposé une explication qui ne fait qu’ajouter à la honte :

« Certain Washington politicians choose to fight for foreign countries, but President Trump will always fight for the American people,” Shah said Thursday. He added that the president wanted “merit-based immigration” of people who can “grow our economy and assimilate into our great nation”.

The president harped on those themes Friday morning, saying that the proposals he saw Thursday were inadequate and even “a big step backwards”. He claimed without specifics or evidence that the deal would force the US “to take large numbers of people from high crime countries which are doing badly ».

Jusqu’ici les républicains sont restés coupablement muets sur le sujet et donc complices. Pire, certains ont même publié un petit communiqué indiquant qu’ils ne se rappelaient pas que leur président ait proféré de telles insanités.

« President Trump brought everyone to the table this week and listened to both sides. But regrettably, it seems that not everyone is committed to negotiating in good faith. In regards to Senator Durbin’s accusation, we do not recall the President saying these comments specifically, but what he did call out was the imbalance in our current immigration system, which does not protect American workers and our national interest. We, along with the President, are committed to solving an issue many in Congress have failed to deliver on for decades. »

— Senators Tom Cotton and David Perdue

Fort de cette déclaration, Donald Trump s’est engouffré dans le mensonge, ce qu’il maîtrise avec brio en niant lui aussi qu’il n’avait pas dit une telle chose.  Alors qu’elle ne doit surprendre personne tant elle ne fait ajouter à une liste déjà longue. Entre autres : « Tous les Haïtiens ont le sida » ou encore « les Nigérians n’ont pas envie de retourner dans leur hutte ».

Cette déclaration qui a déchaîné les médias présente un grand intérêt pour Donald Trump, celle de détourner l’attention sur le sujet précédent, les révélations apportées par le livre de Michael Wolff Fire and Fury, Inside the White House, et sur la menace qui plane depuis plusieurs mois telle une épée de Damoclès, l’enquête menée par le procureur Mueller.

Mais au final, qu’on soit rassuré, Donald Trump est en bonne santé. Il vient de passer son bilan de santé avec succès :

« The President’s physical exam today at Walter Reed National Military Medical Center went exceptionally well. The President is in excellent health and I look forward to briefing some of the details on Tuesday. »

— Dr. Ronny Jackson

On l’a bien compris, il parlait du rythme cardiaque, de la tension artérielle et autres paramètres de la santé physique. Ce bilan ne donne aucune indication sur la santé mentale et encore moins sur la santé morale. Jusqu’à quand ?

Pendant ce temps, Donald Trump poursuit sa politique anti-immigration pure et dure. Ils demandent à ce que les 200 000+ Salvadoriens admis temporairement aux États-Unis suite à des calamités naturelles intervenues il y a dix-huit ans ainsi que les 45 000 Haïtiens accueillis à la suite du tremblement de terre il y a huit ans. Et concernant la réforme sur le programme DACA (Defferred Action for Chilhood Arrivals), censée régler la question des 800 000 enfants d’immigrés illégaux arrivés aux États-Unis alors qu’ils étaient encore mineurs, est en panne.

Les commentaires de Mark Shields et David Brooks sont sans appel

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