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Plus ou moins Américains !

« La réaction inquiète de l’élément vieil-américain contre la conquête insidieuse d’un sang étranger, c’est au point de vue social, la note essentielle du xxx.  Les nègres, las jaunes y sont exclus farouchement de la famille blanche, et même dans celle-ci la fusion des Anglo-Saxons, des Slaves, des Méditerranéens, des Juifs est incomplète, réduite souvent à une simple juxtaposition : il n’y a donc pas, chacun le sait, de race américaine. Du moins se flattait-on qu’il y eût un peuple américain, anglo-saxon et protestant pour toujours, « statutairement » si l’on peut dire. Pionnier d’un continent, son histoire est tout d’optimisme et de succès, sa confiance en lui-même sans bornes. Or, voici qu’au faîte de sa puissance et de sa fortune il se prend à douter, non pas de ses possibilités ou de sa vigueur, mais de sa composition même : les germes hétérogènes, catholiques, juifs, quasi orientaux même, qu’il croître en lui et qui contredisent toute sa tradition, l’effraient ; sensation énervante, il redoute obscurément d’être conquis par le dedans et de s’apercevoir un jour qu’il n’est plus lui-même ».

xxx = du lendemain de la guerre aux Etats-Unis (il s’agit de la Première guerre Mondiale)

Ces propos écrits en 1927 par André Siegfried dans son livre Les Etats-Unis d’aujourd’hui résonnent au moment des manifestations tragiques de Charlottesville et des démonstrations des opposants aux Ku Klux Klan, white Supremacists et néo-nazis qui ont eu lieu hier dans de nombreuses villes des Etats-Unis. A ce propos, Donald Trump a émis deux séries de tweets fortement contradictoire. Les premiers dénonçant « many antipolice agitators » in Boston » pour, deux heures plus tard, apporter son soutien à ceux « who are speaking out against bigotry and hate ». Mais Donald Trump n’est pas à une contradiction près, fut-elle exprimée à deux heures d’intervalles. Est-ce peut-être là un problème de mémoire de court terme. Peut-être faudrait-il appliquer la section 4 du 25e amendement (voir en fin d’article) ?

La suite du livre « part en vrille » et l’auteur, pourtant membre de l’Académie des sciences morales et politiques, puis de l’Académie française, fait part de propos insupportables franchement racistes, même si on se replace dans le contexte de l’époque, il y a 90 ans. Pour l’auteur, les vrais Etats-Unis sont composés des WASP (White Anglo-Saxon Protestants) et tous ceux qui sont venus après ou avant (les Noirs, on ne parlera même pas des indiens qui ne semblent jamais avoir existés pour l’auteur) ne font que dévoyer, compromettre ou même corrompre, l’idée même des Etats-Unis.

P8 : « Or, il faut considérer le bloc nègre comme inassimilable ; si même une fusion partielle venait à se produire, elle ne serait pas sans altérer gravement la personnalité physique de la race blanche nord-américaine. »

Le Chapitre VI qui s’intitule La défense des Blancs contre les Noirs commence fort : « L’Américain partage avec l’Anglais l’horreur presque sacrée, du mariage entre blanc et gens de couleur ». Rappelons d’ailleurs que le mariage entre Blancs et Noirs était interdit dans nombre d’Etats jusqu’à ce que la Cour Suprême rende l’arrêt Loving v. Virginia en 1967 qui interdisait l’interdiction pour un Noir de se marier avec une Blanche ou inversement.

Le Chapitre IX sur le Ku Klux Klan et le nationalisme protestant (juxtaposition pour le moins troublante) commence fort : « Il faut l’envisager (le KKK) comme une fièvre, faute de quoi on risque d’exagérer sa portée (…) Plus qu’une société secrète ; le Ku Klux Klan est un état d’esprit, plus qu’une nouveauté, c’est une reviviscente de toute une série de révoltes antérieures contre l’immigrant, le nègre, la catholique, l’étranger ».

Bref un ouvrage qui ne manque pas d’intérêt et nous replonge dans une certaine pensée de l’après Première Guerre mondiale et toujours d’actualité.

 


La Section 4 du 25e amendement

Si le vice-président, ainsi qu’une majorité des principaux fonctionnaires des départements exécutifs ou de tel autre organisme désigné par une loi promulguée par le Congrès, font parvenir au président pro tempore du Sénat et au président de la Chambre des représentants une déclaration écrite les avisant que le président est dans l’incapacité d’exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge, le vice-président assumera immédiatement ces fonctions en qualité de président par intérim.

Par la suite, si le président fait parvenir au président pro tempore du Sénat et au président de la Chambre des représentants une déclaration écrite les informant qu’aucune incapacité n’existe, il reprendra ses fonctions, à moins que le vice-président et une majorité des principaux fonctionnaires des départements exécutifs ou de tel autre organisme désigné par une loi promulguée par le Congrès ne fassent parvenir dans les quatre jours au président pro tempore du Sénat et au président de la Chambre des représentants une déclaration écrite affirmant que le président est incapable d’exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge.

Le Congrès devra alors prendre une décision ; s’il ne siège pas, il se réunira dans ce but dans un délai de 48 heures. Si, dans les 21 jours qui suivront la réception par le Congrès de cette dernière déclaration écrite, ou dans les 21 jours qui suivront la date de la réunion du Congrès, si le Congrès n’est pas en session, ce dernier décide par un vote des deux tiers des deux Chambres que le président est incapable d’exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge, le vice-président continuera à exercer ces fonctions en qualité de président par intérim ; dans le cas contraire, le président reprendra l’exercice desdites fonctions.


 

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