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Bannon glisse sur une peau de banane

On l’attendait, c’est arrivé (Petits meurtres à la Maison Blanche).  Le communiqué de la Maison Blanche laisse la place à toutes les interprétations : « White House Chief of Staff John Kelly and Steve Bannon have mutually agreed today would be Steve’s last day ». Evidemment, on pourrait continuer la phrase « Et si Steve Banon n’accepte pas cet accord mutuel, il sera viré ». Mais peu importe la manière.

Deux questions se posent suite à ce renvoi :

  1. Pourquoi a-t-il été chassé ?
  2. Comment va se comporter Steve Bannon qui va retourner à la direction de Breitbart News ?

Il est curieux que cette mise en congé intervienne quelques jours après que le comportement de Donald Trump à l’occasion des faits tragiques de Charlottesville (La relation d’équivalence de Donald Trump : Alt-left = Alt-right). Rappelons les faits : La première déclaration de Trump qui met dos-à-dos les deux opposants : les Alt-right, KKK, suprémacistes blancs et autres néo-nazis dont les seules motivations sont la haine de l’autre, de celui qui est différent et de l’autre, les contre-manifestants qui s’opposent à leur projet de société.

Le lundi, deux jours plus tard, Donald Trump, lit ou plutôt ânonne un communiqué qui lui fait dénoncer par leur nom ces groupes haineux. Mais on perçoit assez clairement qu’il a été poussé à lire un tel texte dont il donne clairement l’impression qu’il ne partage pas les idées. Effectivement, le lendemain, à la Trump Tower, à l’occasion d’une conférence de presse sur les projets d’infrastructure, Donald Trump revient sur ses vieux démons et répète ce qu’il a dit trois jours plus tôt, mettant sur le même plan les deux groupes. Cette nouvelle saillie qui lui vient du plus profond soulève alors un mouvement de réprobation, y compris dans le rang des républicains. Alors que jusqu’ici, ils avaient fait preuve d’une retenue étonnante – couardise ou patience ? -, nombre d’entre eux ont fait des déclarations non équivoques.

La raison du renvoi a-t-elle à voir avec le rôle éminent un peu trop visible de Steve Bannon. Donald Trump supporte peut-être que quelqu’un lui donne des conseils pour autant qu’il n’ait pas à les suivre. Et surtout que ce conseiller fasse plus parler de lui que son patron. Est-elle liée à cet épisode très controversée des événements de Charlottesville, Donald Trump voulant donner quelques gages ? Ou encore a-t-elle à voir avec l’interview qu’a donnée Steve Bannon dans le magazine progressiste The American Prospect (Steve Bannon, Unrepentant) où il critique clairement le patron dans sa gestion des affaires nord-coréennes ou chinoises ou dans laquelle il donne l’impression qu’il dirige la boutique. Il s’est dit que Donald Trump était furieux à la lecture de cette interview.

Cet épisode dramatique de Charlottesville sera-t-il le tipping point comme disent les Américains qui fera résolument basculer les républicains dans une opposition active au président. D’autant que ce dernier a réservé quelques tweets de condamnation de quelques têtes de proues du Congrès dont Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat.

Dans ce retour en arrière de Donald Trump, beaucoup y voit l’influence de Steve Bannon (Steve Bannon, Raspoutine de la Maison Blanche ?).

Comment va se comporter désormais Steve Bannon qui retourne à ses affaires journaleuses de Breitbart News : sera-t-il toujours un conseiller de l’ombre de Donald Trump, le mauvais génie du président ou, humilié par cette révocation, va-t-il devenir un opposant féroce et actif de Donald Trump. C’est là une question assez importante car le pouvoir de nuisance de Steve Bannon est assez puissant et pourrait nuire à son ancien patron qui n’en n’a pas besoin et dont le nombre d’opposants augmente chaque jour.

Le nettoyage continue à la Maison Blanche avec une liste de départ qui s’allonge chaque jour. Dans le camp des sympathisants d’extrême-droite, il reste Steve Miller et Sebastian Gorka. Mais ce sont là des seconds couteux qui ne font de l’ombre à personne, certainement pas à Donald Trump.

C’est donc une Maison Blanche remaniée et réorganisée par John Kelly, le nouveau Chief of Staff, général quatre étoiles, qui est en train de se mettre en place. C’est positif et pourrait donner quelques espoirs pour les mois qui viennent. Mais en fait, le problème principal est que le trublion en chef est toujours en place. Une idée exprimée par Al Franken, sénateur démocrate du Minnesota :

D’ailleurs, combien de temps supportera-t-il cet ordre et cette chaîne de commandement. De l’ordre oui mais seulement pour les autres. Le comportement erratique du patron dans les affaires nord-coréenne ou de Charlottesville montre bien qu’il est illusoire de penser changer ce septuagénaire qui n’a jamais eu de contre-pouvoirs autour de lui, seulement des béni-oui-oui.

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