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Donald Trump : Le point d’inflexion ?

Est-ce l’éclipse qui a plongé les Etats-Unis dans la pénombre, voire la nuit noire ? Ou le comportement et les déclarations faites par Donald Trump à la suite des événements tragiques de Charlottesville où une jeune femme contestant les idées des white suprémacistes, des membres du Ku Klux Klan et autres néo-nazis a trouvé la mort fauchée par une voiture conduite par un jeune fou terroriste qui plongent les Etats-Unis dans une période calamiteuse et funeste ?

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump fait des déclarations controversées marquant son incompétence, son goût pour le mensonge ou encore son politiquement incorrect, soi-disant antidote du politiquement correct. Mais cette fois, le président a poussé le bouchon encore plus loin, trop loin et peut-être atteint le point de non-retour.

Les « fake médias » emmenés par CNN, cible favorite de Donald Trump, posent désormais ouvertement la question de savoir si Donald Trump est mentalement sain et apte à présider la nation américaine.

Dans une conversation récente, Brian Stelter sur CNN pose clairement la question à ses invités dont Carl Bernstein, le journaliste du Washington Post qui avait débusqué l’affaire du Watergate. Ce dernier rapporte non pas ses états d’âmes ou son analyse mais assure que, dans ses nombreuses conversations avec des responsables politiques, une proportion importante d’entre eux se font l’écho en privé de cette idée que Donald Trump donne l’impression d’avoir perdu la raison. L’idée n’est pas nouvelle mais elle semble prendre corps. Il suffit de regarder des interviews de Donald Trump sur une trentaine d’années. Là où il parlait normalement, son langage s’est considérablement appauvri et son élocution est devenue plus hasardeuse. Ce peut être une tactique pour s’aligner sur sa communication twitter et toucher directement sa base mais on peut en douter. La comparaison est assez flagrante lorsqu’il donne une conférence de presse avec un chef d’état ou de gouvernement étranger. Bien souvent, ce dernier s’exprime de manière plus fluide.

https://youtu.be/UN3E46nofuI

Maintenant, quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, l’opinion de sa base ne vacille pas. Dans le dernier sondage réalisé par le Washington Post et la Chaîne ABC, le taux d’approbation global est rivé à 37 % (un chiffre qui n’a guère varié depuis que Donald Trump est entré dans la Maison Blanche). Et pourtant, les Américains sont deux fois plus nombreux à désapprouver qu’à approuver les déclarations de Donald Trump suite aux événements tragiques de Charlottesville.

De leur côté, les sénateurs ou membres du Congrès ne sont font pas encore entendre bruyamment au-delà des déclarations récurrentes de certains d’entre eux comme John McCain ou Lindsey Graham. Mais cela pourrait bien changer. Le sénateur républicain Bob Corker qui n’avait pas été très incisif jusqu’ici a fait part d’une déclaration diplomatique mais sans ambiguïté : « The president has not yet been able to demonstrate the stability nor some of the competence that he needs to demonstrate ». On le voit, ici il ne s’agit pas d’idées politiques mais bien de stabilité – traduction d’état mental – et de compétences.

Mais peu à peu, Donald Trump s’aliène des groupes entiers : la presse (dès le début), les agences de renseignement, les démocrates, les responsables de nombreux pays étrangers (sauf Vladimir Poutine), son propre staff (cf le nombre de départs en six mois seulement de présidence), les responsables d’entreprise… La liste s’allonge de jour en jour.

Lorsqu’il a été élu, les Américains se sont sans doute partagés en trois grandes catégories :

– Ceux qui pensaient qu’il s’agissait là d’un moment historique pour les Etats-Unis qui allait permettre de rendre à l’Amérique sa grandeur (Make America Great Again)

– Il a été élu, c’est notre président, il faut donc lui donner sa chance en espérant qu’il dépose ses habits de candidats – et ses propos trop souvent simpliste et outranciers – et endosse celui de président.

– Il est totalement incapable d’être président.

La base, c’est-à-dire les Américains qui appartiennent à la première catégorie, ne bouge pas. Jusqu’ici. Mais on le sait, les peuples peuvent jeter aux orties assez facilement et rapidement ce qu’ils ont encensé. Attendons les résultats de l’investigation de Bob Mueller.

Pour Barack Obama, la théorie selon laquelle l’habit ferait le moine, autrement dit, la personne qui entre dans le bureau ovale se transforme peu à peu en président ne tient pas vraiment. Au contraire, elle amplifie les qualités, les défauts et les positions de l’élu considère l’ancien président. « Ainsi si vous apportez votre soutien aux sympathisants du Ku Klux Klan avant d’être président, ou si vous êtes réticent à les désavouer en disant : “eh bien je ne sais pas”. Alors comment serez-vous lorsque vous serez président ».

Si l’on ajoute à cette théorie celle exprimée par Sylvie Laurent dans Libération (Trump, l’histoire à contresens – Lundi 21 août) selon laquelle Donald Trump ne marque pas le début de quelque chose mais est plutôt le résultat d’une évolution des Républicains, on obtient le résultat qu’on connaît aujourd’hui.

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