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New Deal : Quand les Américains étaient socialistes

Bien sûr, ce titre est  exagéré mais il traduit l’idée – mal perçue aujourd’hui – selon laquelle les Américains appelaient de leurs vœux les mesures mises en œuvre par le gouvernement fédéral d’alors emmené par un Franklin Roosevelt qui allait présider jusqu’à sa mort en 1945 pendant son quatrième mandat (un phénomène unique dans toute l’histoire des Etats-Unis). C’est  ce que révèle un très intéressant document publié par la Pew Research Center qui établit la comparaison des idées et des sentiments exprimés par les Américains à l’époque de la Grande Dépression et aujourd’hui pendant la crise actuelle.

Les résultats d’enquêtes d’opinion réalisées par l’institut Gallup en 1936 et 1937 (En fait l’American Institute of Public Opinion a été fondée par George Gallup en 1935 et est le précurseur de The Gallup Organization créée en 1958) montrent clairement que, malgré la sévérité de la crise d’alors, les citoyens Américains étaient  beaucoup plus optimistes que ceux d’aujourd’hui.

Rappelons d’abord que l’appellation Grande Dépression pointe une réalité que l’on a peut-être oubliée et qui nous ramène à une période où les gens – en moyenne – avaient la vie beaucoup moins facile qu’aujourd’hui. Cette période a été magnifiquement décrite par le roman de John Steinbeck et mise en scène dans le film avec Henri Fonda.

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Ce passage nous ramène aux centaines de milliers de foreclosures (saisies) faites par les banques et par d’autres institutions qui se sont spécialisés dans cette activité de rapaces.

 

 

 

En 1933, année de la prise de fonction de FDR, le taux de chômage qui était à son maximum était évalué par l’économiste Stanley Lebugott à près de 25 % de la population active. Dit d’une autre manière plus parlante, un Américain sur quatre était donc sans emploi et donc la plupart du temps sans ressource. Trois ans plus tard, en 1936, il était encore à 17 %. En 1933, il restait à 14 %.

Aujourd’hui, au plus fort de la crise, le taux de chômage a atteint 10 %. Certains arguent qu’à ce chiffre il faudrait ajouter le chômage partiel, le cas des personnes qui sont au chômage mais ne cherchent plus d’emploi et ne sont plus comptabilisées dans les statistiques. Il y a aussi la population carcérale qui par définition est hors le circuit économique et qui  représente environ 0,7 et 0,8 % de la population totale, un chiffre considérable qui lorsqu’il est rapporté à la population est 7 à 8 fois supérieure à la situation que l’on connaît en France.

Toutefois, les difficultés extrêmes ne semblaient pas avoir entamé l’optimiste qui caractérise tant les Américains. En 1933, au plus dur de la crise, 50 % des Américains pensaient  que la situation s’améliorerait à horizon de 6 mois. Et près de 60 % d’entre eux considéraient qu’ils avaient plus d’opportunité que leurs parents. En gros, l’avenir serait plus radieux.

Aujourd’hui, la crise actuelle a largement écorné l’optimiste ambiant. 35 % (en gros 1 sur 3) seulement pensent que les conditions économiques seront meilleures en octobre 2011.

Ce que rappelle cet article est la différence de position des Américains sur le gouvernement fédéral et l’économie en général d’alors et d’aujourd’hui. Ces derniers temps, l’action énergétique de l’administration Obama pour faire face à la crise à susciter des réactions parfois excessives. Portées par les républicains et par les plus actifs d’entre eux, les Tea Parties, ces idées tournent autour de quelques thèmes simples : moins d’impôts, moins de gouvernement, moins d’intervention de l’Etat fédéral, moins d’aides sociales, plus de libertés individuelles dans tous les domaines y compris dans des domaines comme celui de la santé qui a conduit une proportion importante d’Américains a s’opposé à la réforme de l’assurance maladie, une réforme sur laquelle plusieurs présidents ont trébuché et que Barack Obama a mené à son terme.

Sur ce dernier point, 76 % des Américains interrogées à l’époque étaient favorables à fournir gratuitement des soins médicaux aux pauvres, un des objectifs majeurs poursuivis par la réforme d’Obama. Deux Américains sur trois sont favorables à la mise en œuvre de programme de sécurité sociale (au sens américain du terme).

Sur le plan économique, ils sont également favorables au contrôle public de la production et de la distribution électrique et de la fabrication d’armes de guerre. Et même concernant les banques, ils ne sont certes pas majoritaires mais quasiment aussi nombreux leurs opposants.

En revanche pour ce qui concerne les mouvements sociaux, ils restent très prudents, voire même hostile à certaines expressions comme l’occupation des lieux de travail (sit-down strikes) et qu’en cas de trouble, il faudrait faire appel à la police. Une courte majorité des Américains (51%) pensent déjà que les profits des grandes entreprises sont trop élevés. Que ne diraient-ils aujourd’hui s’ils voyaient que deux ans après la crise les banques recommencent à dégager des bénéfices considérables comme si rien ne s’était passé.

De même, sur le plan des libertés, ils présentent affirment des idées qui montrent le chemin parcouru concernant certaines idées : Limiter fortement les libérations conditionnelles des prisonniers, stériliser certains criminels… en revanche, concernant la peine de mort, ils étaient en grande majorité pour et ils le sont toujours. Les Etats-Unis sont le seul pays industrialisé où la peine de mort existe encore. Pour nuancer le propos, une quinzaine d’Etats ne pratiquent plus la sentence capitale.

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