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La bataille du rail ou le protectionnisme de mauvaise foi

A l’occasion des élections présidentielles de 2008, la Californie avait entre autres décidé de se doter d’une infrasructure de train à grande vitesse (Le train, moyen de transport du 21e siècle). Elle relançait ainsi l’idée du train dans un pays où après des heures de gloire au 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle, ce mode de transport  a été largement supplanté par l’avion et l’automobile. D’ailleurs, les lobbies de ces deux secteurs d’activité ne sont peut-être pas étrangés à la situation. C’est là une opportunité pour la France un des champions du  TGV avec l’Allemagne, le Japon et depuis peu la Chine.

Deux ans plus tard, Guillaume Pepy, l’actuel président de la SNCF, se rend en Floride pour présenter les offres de la compagnie nationale. L’occasion pour les Américains de montrer ce dont ils sont parfois capables et ce n’est pas le meilleur. Le Sénat de Californie comme celui de la Floride ont pondu une loi ad hoc pour imposer à la compagne nationale de dévoiler le nom de toutes les victimes qu’elle a transportées vers les camps de la mort pendant la deuxième guerre mondiale. C’est en particulier le contenu de l’Holocaust Accountability and Corporate Responsability Act votée par la Chambre des Représentants à la fin du mois de septembre. La loi indique que les entreprises qui souhaitent soumissionner doivent partager les mêmes valeurs en matière de droit de l’homme que les Etats-Unis.

Entre mars 1942 et août 1944, 75 000 juifs et quelques milliers d’autres « indésirables » ont été transporté depuis vers les camps de la mort, explique le projet de loi, dans des trains opérés par certaines compagnies poursuit-elle de manière perfide et hypocrite sans mentionner les entreprises alors qu’il s’agit bien de la SNCF. Et parmi ces déportés, il y a des Américains parachutés sur le territoire français pour libérer le territoire national. Beacuoup de ces victimes qui résident aux Etats-Unis attendent des mesures de justice. Certes ces événements sont tragiques et épouvantables. Mais demander réparation de tels faits 70 ans plus tard est-il raisonnable où est-ce une manière détournée d’atteindre un autre but ? Par ailleurs, les Etats-Unis se préoccupent-ils de la politique des droits de l’homme menée en Chine lorsqu’ils commercent avec ce pays ?

A l’occasion de son voyage en Floride, Guillaume Pépy a été au-delà des demandes faites par les autorités américaines et  a exprimé au nom de son entreprise « une profonde tristesse et un  grand regret » pour les conséquences de ces actions. Faut-il condamner cette initiative qui n’arrive donc pas de manière spontanée mais est évidemment téléguidée par l’espoir de pouvoir répondre aux deux appels d’offres qui vont être publiés par les états de Californie et de Floride ? Il serait facile à répondre à cette question lorsque l’on n’est pas aux commandes de l’entreprise et responsable des milliers d’emplois que représenteraient ces futurs contrats. Guillaume Pépy a également précisé que ces actions ont été réalisé sous les fusils allemands et qu’il ne fallait pas oublier que 2 000 employés de la SNCF ont été fusillé par les Allemands.

Une chose est sûre, la démarche du Congrès américain peut, elle, être qualifiée de tordue. D’autant que dans le même temps on a eu la confirmation que les Etats-Unis, via la CIA, a protégé des anciens nazis. Le New York Times a exhumé un vieux rapport du département américain de la justice indiquant que les services secrets américains ont créé « un refuge » pour les nazis. Le parallèle entre les deux informations ne pouvait ne pas être fait et montre bien que les Etats-Unis se donne un peu trop de vertu et utilise des moyens pour le moins discutables pour disqualifier une entreprise dans une démarche commerciale à venir.

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