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Y a-t-il de la place entre l’âne et l’éléphant ?

Faut-il un troisième parti majeur à côté des partis républicains et démocrates ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? A la seconde question, la réponse semble être positive si l’on en croit les Américains. Selon le dernier sondage réalisé par l’institut Gallup, 62 % d’entre eux considèrent que les partis en place font un tel médiocre travail pour les représentants que la création d’un troisième parti est nécessaire.

C’est le niveau le plus élevé depuis 2003. Mais entre la proportion de ceux qui pensent que c’est nécessaire et ceux qui pensent que cela ne l’est pas, l’écart est de 29 % alors qu’il était de 34 % en octobre 2013. Depuis cette date, le souhait d’un troisième parti s’est assez installé solidement dans l’opinion. Les résultats de ce sondage sont publiés alors que la cote de popularité du parti républicain est tombée au plus bas à 37 % d’opinions favorables. A 48 %, le parti démocrate s’en sort un peu mieux.

Sans surprise, ce sont les indépendants qui expriment ce souhait de manière la plus marquée (70 %). Cela n’est pas surprenant, mais le chemin entre l’existence d’un parti défini en creux – les indépendants sont les Américains qui ne sont ni républicains, ni démocrates – et d’un parti réellement constitué est assez long et semé d’embûches. Dans ce souhait de l’existence d’un troisième parti, les républicains sont presque aussi nombreux (63 %) marquant clairement un malaise dans le parti. Malaise dans le parti de l’éléphant qui s’est exprimé de manière forte à l’occasion du vote lors du second impeachment de Donald Trump au Sénat. Rappelons que 7 sénateurs républicains sur 50 ont condamné Donald Trump pour incitation à l’insurrection. Cela peut paraître peu mais beaucoup plus que lors du premier impeachment. Par ailleurs, on sait que si le vote était anonyme, cette proportion serait beaucoup plus élevée. Par ailleurs, nombre de sénateurs républicains se sont « cachés » derrière prétexte d’inconstitutionnalité pour exonérer l’ex-président. La plus visible d’entre eux est Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine au Sénat dont la déclaration après le vote était très claire :

« There’s no question, none, that President Trump is practically and morally responsible for provoking the events of the day (…) The people who stormed this building believed they were acting on the wishes and instructions of their president,” he said, “and having that belief was a foreseeable consequence of the growing crescendo of false statements, conspiracy theories and reckless hyperbole which the defeated president kept shouting into the largest megaphone on planet Earth. (…) He did not do his job. He didn’t take steps so federal law could be faithfully executed and order restored. No. Instead, according to public reports, he watched television happily – happily – as the chaos unfolded. Even after it was clear to any reasonable observer that Vice President Pence was in serious danger. »

La question d’un troisième parti se pose en raison du schisme qui s’est opéré dans le parti républicain : d’un côté les soutiens inconditionnels de Donald Trump comme Ted Cruz, Lindsay Graham, Josh Hawley, Mike Lee, Mo Brooks et beaucoup d’autres, les uns par conviction, les autres par peur d’affronter le Duce, et ceux qui veulent s’en démarquer, les anti-trumpers de la première heure comme Mitt Romney, les créateurs du projet Lincoln ou du média The Bulwark ou plus récents comme Liz Cheney ou Bill Cassidy. La question est de savoir de ces deux tendances qui l’emportera. Si c’est la première, le parti républicain deviendra officiellement le parti de Trump, si c’est la seconde il pourra reprendre un profil plus classique. Donald Trump menace de créer le Patriot Party pour casser si nécessaire le parti républicain. D’autres républicains pensent que le parti est désormais sous l’emprise de Trump et qu’il faut donc créer un nouveau parti.

C’est l’avis de James Glassman, Sous-Secretaire d’état sous l’administration George W. Bush (It’s Time to Split Up the GOP, Newsweek, 16 décembre 2020) qui propose la création de l’Integrity Party. Un parti qui restera attaché aux valeurs traditions, mais qui, comme son nom l’indique, sera attaché à l’honnêteté, à la notion de devoir, aux normes et traditions et au respect de la loi. Ce nouveau parti pourrait selon James Glassman prendre des voix dans les deux partis existants et chez les indépendants pouvant constituer une base de 20 millions d’électeurs dès sa création, suffisamment pour élire des candidats au niveau national et des états et influence les résultats de tous les scrutins.

Pour ce qui concerne l’élection du président, on ne peut que constater que les tentatives d’un troisième candidat pouvant jouer au niveau national n’ont pas été concluantes depuis 1945.

Le meilleur résultat en nombre de voix populaires est celui de Ross Perot, qui s’était présenté comme indépendant, avec près de 19 % (Elections de 1992). Malgré cet excellent score, il n’a recueilli aucune voix de grands électeurs et a sans doute fait perdre George H.W. Bush au profit de Bill Clinton. Le meilleur résultat en voix de grands électeurs est celui de George Wallace en 1968 alors qu’il avait un score nettement inférieur à Ross Perot en voix populaires. La raison est simplement qu’il a été majoritaire dans 5 états du Sud (en jaune sur la carte).

Bref, depuis 1945, tout candidat aux élections présidentielles en dehors des partis républicains et démocrates a été laminé par le système.

 

 

 

 

 

 

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