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Impeachment : acquitté malgré l’évidence

Aussi vrai que le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés, la seule façon de perdre les élections est qu’elles sont frauduleuses. C’est ce que l’on appellera le théorème de Trump.

On ne saurait faire boire un âne s’il n’a pas soif, dit-on. Ici, il s’agit du parti de l’éléphant.

Il n’est même pas sûr que, même si Mike Pence avait été pendu comme certains manifestants souhaitaient le faire, un nombre suffisant de sénateurs républicains voteraient la condamnation de Donald Trump.

Donald Trump est le seul président à avoir fait l’objet d’une procédure d’impeachment à deux reprises.
« Voyez bien qu’il s’agit de la pire chasse aux sorcières de l’histoire » disent les républicains ;
« C’est bien la preuve irréfutable qu’il était ”unfit for the office” »leur répondent les démocrates.

Joe Biden a eu la clairvoyance de ne pas s’impliquer dans cette procédure d’impeachment. Il a néanmoins publié une déclaration après le vote (Statement by President Joe Biden on the Senate Vote in the Trial of Donald Trump) dans laquelle il considère que Donald Trump a été acquitté en dépit des preuves mais qu’il est bien responsable de ce qui est arrivé, reprenant les propos de Mitch McConnell, leader de la minorité républicaine au Sénat : « Donald Trump was guilty of a “disgraceful dereliction of duty” and “practically and morally responsible for provoking” the violence unleashed on the Capitol. » Et en appelant pour finir à la réconciliation.

Donald Trump s’est lui aussi fendu d’un communiqué qui reprend les arguments de son équipe d’avocats (en fait c’est plutôt l’inverse) et qui montre qu’il se projette bien dans l’avenir : « Our historic, patriotic and beautiful movement to Make America Great Again has only just begun. In the months ahead I have much to share with you, and I look forward to continuing our incredible journey together to achieve American greatness for all of our people. There has never been anything like it!

We have so much work ahead of us, and soon we will emerge with a vision for a bright, radiant, and limitless American future ».

Voir en fin d’article la déclaration complète.

Impeachment II

1er jour

Est-il possible de juger en destitution un président qui n’est plus en exercice ? Ironiquement, on pourrait répondre oui puisque Donald Trump ne reconnaît pas le résultat et se considère toujours président. Tout comme une partie des élus républicains et 70 % des Américains qui déclarent appartenir à ce parti.

Le premier jour, qui visait à démontrer la constitutionnalité de l’impeachment n’a pas fait beaucoup bouger les lignes par rapport au vote intervenu il y a quelques jours à la suite de la motion présenté par Rand Paul. Ceux qui étaient convaincus le sont restés et ceux qui ne l’étaient pas n’ont pas changé d’avis. Seul Bill Cassidy, sénateur de Louisiane, a changé d’opinion et rejoint les rangs des 5 sénateurs républicains votant avec les démocrates. Résultat : 56 votes pour, 44 contre. Un sénateur qui pense que l’impeachment est inconstitutionnel ne devrait pas en toute logique condamner Donald Trump. D’un autre côté, puisque cette question a été tranchée, il devrait normalement se ranger à la majorité et voter sans se poser cette question de la constitutionnalité.

Jaimie Raskin, représentant du Nebraska, chef de la délégation des House managers en charge de présenter le cas devant les sénateurs, a commencé par un film présentant le déroulement des événements (vidéo introductive de l’impeachment II). Un film qui n’a pas besoin de commentaires ou d’explications et qui parle pour lui-même. Il a ensuite passé le relais à Joe Neguse, représentant du Colorado, qui a puisé dans les textes des Pères fondateurs, dans la jurisprudence et dans les opinions de nombreux spécialistes en droit constitutionnel et démontrer assez clairement le point.

Globalement, les démocrates ont été excellents dans leur présentation. Bruce Castor, l’un des deux avocats de Donald Trump, l’a lui-même reconnu au début de son intervention. Ce qui, d’après ce qu’en ont rapporté les quotidiens, a mis l’ex-président hors de lui. Il faut reconnaître que les propos de Bruce Castor étaient plutôt incohérents et surtout ne se sont à aucun moment attachés à démontrer le point de légalité. Au contraire, il s’est lancé dans une digression selon laquelle l’impeachment était une manœuvre politique menée par les démocrates qui ont tout simplement peur de lui en 2024. « C’est donc le seul moyen de le mettre hors circuit » expliquait-il en substance.

 

Les arguments de l’équipe Trump sont simples :

  1. L’Impeachment est inconstitutionnel ;
  2. Les démocrates voulaient destituer Donald Trump dès qu’il a été élu ;
  3. Ils ont lancé cette procédure car ils ont peur que Donald Trump se représente en 2024 ;
  4. Donald Trump n’a pas dit explicitement à ses supporters de faire ce qu’ils ont fait.

Mais de l’avis de la majorité des observateurs, quel que soit leur bord politique, que leur prestation avait été médiocre.

C’est cette médiocrité qui a motivé Bill Cassidy a changé d’avis. A se demander si, comme une équipe qui sait qu’elle est déjà qualifiée pour une finale ne pousse pas son talent et joue uniquement en défense. Les avocats de Donald Trump savent que leur client ne sera pas condamné – il faut 17 sénateurs républicains pour atteindre la majorité des deux tiers – et donc il leur suffit de faire le service minimum. Ou si l’on prend la métaphore sportive, de jouer la défense.

2e jour

Toujours aussi sobre, concis et efficace, l’équipe des house managers qui instruisent le cas se sont attachés à replacer les événements dans leur chronologie et à utiliser les nombreux documents à leur disposition : vidéos, tweets, titres d’articles de journaux. Une matière tout aussi efficace que celle du premier jour qui sonne aujourd’hui comme une évidence contre laquelle, seule la mauvaise foi ou la mauvaise volonté. Avec des vidéos prises par les caméras de vidéosurveillance qui n’avaient jamais été montrées. Et qui visaient à toucher personnellement les sénateurs. Ils se sont attachés à démontrer toujours de manière chronologique le déroulement des événements et le lien entre les déclarations, tweets et autres communications de Donald Trump et les événements du 6 janvier. Avec certains points troublants comme une interdiction de se rendre de l’Ellipse – lieu de la manifestation Save America – au Capitole soudainement levée ou des forces de police peu nombreuses alors que les autorités disposaient de toutes les informations pour être prêtes.

3e jour

C’est toujours l’équipe des représentants instruisant le dossier qui est à la manœuvre et qui a montré de nouvelles vidéos provenant des circuits de vidéosurveillance qui n’avaient jamais été présentées et qui montrent Mitt Romney, sénateur républicain de l’Utah, faire brusquement demi-tour pour échapper à la meute des assaillants ou Mike Pence se précipiter dans un lieu sûr entouré de ses gardes du corps dont celui chargé de porter la valise détenant les codes nucléaires (un double de la valise qui porte avec lui le président).

Renowned GOP Lawyer Ted Olson: “I Would Vote to Convict [Trump]” | Amanpour and Company

4e jour

Les sénateurs acquittent Donald Trump (57-43) ne parvenant pas à la majorité des deux tiers. Mais un sénateur républicain de plus – Richard M. Burr, Caroline du Nord – que lors du vote du premier jour a voté pour condamner Donald Trump. Si le vote était anonyme, il est probable que la majorité aurait été plus large. C’est la quatrième fois qu’un président est acquitté dans une procédure d’impeachment.

“The president promoted unfounded conspiracy theories to cast doubt on the integrity of a free and fair election because he did not like the results (…) “The evidence is compelling that President Trump is guilty of inciting an insurrection against a coequal branch of government and that the charge rises to the level of high crimes and misdemeanors.”
Richard Burr

Mitch McConnell déclare juste après le vote que Donald Trump était bien coupable mais qu’il ne pouvait pas voter dans ce sens car l’impeachment était inconstitutionnel : “There is no question – none – that President Trump is practically and morally responsible for provoking the events of the day.” Une manière de jouer sur les deux tableaux :

– Voter non pour se prémunir contre la colère de Donald Trump et de sa base
– Mais affirmer qu’il est coupable pour préserver sa probité et son intégrité.

Les représentants démocrates apportent encore des éléments nouveaux montrant que non seulement Donald Trump a incité l’insurrection mais qu’il n’a rien fait pour l’arrêter.

See what Mitch McConnell said after Trump’s acquittal

 


Déclaration complète de Donald Trump

“I want to first thank my team of dedicated lawyers and others for their tireless work upholding justice and defending truth.

“My deepest thanks as well to all of the United States Senators and Members of Congress who stood proudly for the Constitution we all revere and for the sacred legal principles at the heart of our country.

“Our cherished Constitutional Republic was founded on the impartial rule of law, the indispensable safeguard for our liberties, our rights and our freedoms.

“It is a sad commentary on our times that one political party in America is given a free pass to denigrate the rule of law, defame law enforcement, cheer mobs, excuse rioters, and transform justice into a tool of political vengeance, and persecute, blacklist, cancel and suppress all people and viewpoints with whom or which they disagree. I always have, and always will, be a champion for the unwavering rule of law, the heroes of law enforcement, and the right of Americans to peacefully and honorably debate the issues of the day without malice and without hate.

“This has been yet another phase of the greatest witch hunt in the history of our Country. No president has ever gone through anything like it, and it continues because our opponents cannot forget the almost 75 million people, the highest number ever for a sitting president, who voted for us just a few short months ago.

“I also want to convey my gratitude to the millions of decent, hardworking, law-abiding, God-and-Country loving citizens who have bravely supported these important principles in these very difficult and challenging times.

“Our historic, patriotic and beautiful movement to Make America Great Again has only just begun. In the months ahead I have much to share with you, and I look forward to continuing our incredible journey together to achieve American greatness for all of our people. There has never been anything like it!

“We have so much work ahead of us, and soon we will emerge with a vision for a bright, radiant, and limitless American future.

“Together there is nothing we cannot accomplish.

“We remain one People, one family, and one glorious nation under God, and it’s our responsibility to preserve this magnificent inheritance for our children and for generations of Americans to come.

“May God bless all of you, and may God forever bless the United States of America.”


 

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