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Les ressorts de la montée de l’antisémitisme et des White Supremacists aux Etats-Unis

Après la tragédie de Pittsburg qui en fait la plus grande tuerie envers la communauté juive de l’histoire des Etats-Unis – 11 victimes au total – une des questions posées est de savoir s’il y a une montée de l’antisémitisme aux Etats-Unis. Sur cette question, je n’avais pas beaucoup d’idées et assez peu d’informations à disposition. Cette tragédie fait suite à l’épisode des colis piégés qui aurait tout autant dramatique.

Un rapport publié par l’Anti-Defamation League (ADL), une association créée en 1913 intitulé New Hate and Old: The Changing Face of American White Supremacy indique que le mouvement des white Supremacist aux Etats-Unis a connu un renouveau d’activité depuis 3 ans poussé en particulier par la montée de l’alt right. Selon ce rapport, la principale motivation de ce mouvement est l’idée selon laquelle la race blanche est menacée par le développement de communautés non blanches manipulées par des juifs. Et les White Supremacist considèrent que tous les moyens sont justifiés pour « sauver » la race blanche.

Dans cette évolution, l’épisode de Charlottesville les 11 et 12 août 2017 qui a rassemblé 600 extrémistes et causé un mort a un rôle majeur dans cette résurgence de l’antisémitisme. On peut facilement visionner les vidéos où l’on entend des dizaines de manifestants hurlant des messages antisémites effrayants. Si ces événements ont eu pour conséquence de freiner l’activisme des dirigeants de ce mouvement, il n’a pas entraîné son déclin, bien au contraire, explique le rapport. Divers groupes affiliés (neo-Nazis, racist skinheads, white supremacist religious sects, white supremacist prison gangs) ont poursuivi leurs activités.

Selon ce rapport, les alt right constituent le nouveau sous-groupe du mouvement des white supremacists, dont les nouveaux arrivants, en majorité des hommes jeunes, ont redonné de l’énergie au mouvement et l’ont déstabilisé un peu comme les skinheads dans les années 80/90.

« Si ce mouvement des alt right existait déjà en 2008, il a été revigoré par l’arrivée de Donald Trump, d’abord comme candidat aux élections en 2015 puis comme président en 2016 », indique le rapport. « Ce mouvement a interprété l’élection de Donald Trump comme un succès de son propre mouvement, poursuit le rapport. « Après l’élection de Donald Trump, il a transposé son activisme de l’Internet vers le monde réel ».

Des éléments qui attestent cette affirmation ? L’ADL indique que les actes de violence antisémite ont augmenté de 57 % entre 2016 et 2017, l’augmentation la plus importante depuis 1979. Sur les dix dernières années, les white supremacists ont tué plus qu’aucun autre groupe extrémiste aux Etats-Unis (54 % des attentats perpétrés aux Etats-Unis).


Un autre rapport publié par le ministère de l’intérieur (Department of Homeland Security) publié en 2009 intitulé Rightwing Extremism: Current Economic and Political Climate Fueling Resurgence in Radicalization and Recruitment pointait déjà sur la résurgence des idées des white supremacists expliquant qu’ils n’avaient pas de projets terroristes précis, mais qu’ils progressaient dans leurs idées et aussi dans leur recrutement. Cette note invoque deux idées importante dans la recrudescence des mouvements d’extrême-droite américains et leurs capacités à recruter de nouveaux adeptes : la crise économique de 2008 et sa cohorte de catastrophes sociales dont la saisie d’habitation (foreclosure) par les banques et autres institutions financières et la difficulté pour nombre d’Américains d’obtenir des crédits bancaires, le haut taux de chômage avec notamment la perte des emplois industriels liée aux délocalisations et à une automatisation grandissante, l’élection de Barack Obama, premier Noir à la Maison Blanche.

La capacité de recrutement a en outre profité du retour de nombreux militaires des conflits en Irak et en Afghanistan. De nouvelles recrues ayant des difficultés de réinsertion et qui bénéficie d’une expérience militaire qui peut être très utilement mise à profit dans un activisme d’extrême-droite. Les auteurs font le parallèle avec la période des années 90 où l’on avait également assisté à une augmentation de ce type de groupes et qui avait culminé avec l’attentat d’Oklahoma City réussi et plusieurs autres, heureusement déjoués.

Pendant les années 90, ces mouvements ont redoublé leur activisme suite à la mise en œuvre des lois de contrôle de la vente d’armes telles que la loi Bardy qui établissait une période d’attente de 5 jours avant de pouvoir acheter une arme à feu (pas très radical on pourrait penser), la loi Violent Crime Control and Law Enforcement Act de 1994 qui limitait la vente des armes et des lois qui ont fait suite aux assauts de Waco (Texas) et de Ruby Ridge (Idaho).

En 2008, l’arrêt District of Columbia v. Heller au terme duquel la Cour Suprême avait réaffirmé le droit de détenir des armes à feu dans le respect du 2e amendement, mais en laissant ouvert le débat sur le véritable périmètre des armes. Les lobbies en faveur des armes à feu, dont la très puissante NRA, ne tolèrent même plus qu’on aborde ce débat en justifiant cette position par le sacro-saint deuxième amendement. Hors de question même de limiter les ventes d’armes qui sont de véritables armes de guerre. Et quand un événement tragique arrive, la réponse proposée par ces défenseurs du 2e amendement est de mettre encore plus armes à feu en circulation. « La seule chose qui peut arrêter un sale type armé est un bon type armé » répète en boucle, Wayne La Pierre le patron de la NRA.

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