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La troisième révolution américaine en marche

19-mars2Le titre est tiré du livre de Jacques Mistral (1) et reprend un thème développé depuis quelques mois sur une nouvelle ère qui vient de s’ouvrir avec l’élection de Barack Obama et qui met un terme à près de trente années de libéralisme, de dérégulation et de moins d’état. La phrase de Reagan de son investiture « l’État n’est pas la solution à nos problèmes… L’État est le problème » était caractéristique de cette ère qui vient de se clore avec le départ de George W. Bush.

La crise va sans doute marquer un tournant majeur dans l’évolution des Etats-Unis et faire émerger un pays nouveau. Plus rien ne sera comme avant sous la conjugaison de deux phénomènes :

– la crise, elle-même, qui réduit considérablement la confiance que les américains accordent à leurs institutions financières et restaure celle qu’ils avaient perdu dans leur gouvernement ;

– l’évolution de fond de l’opinion américaine engendrée par l’arrivée des nouvelles générations (The Millennial Generation ou génération Y) et le changement démographique marquée par une poussée non démentie de l’immigration et le renforcement régulier des minorités, principalement des Hispaniques. Il faut avoir présent à l’esprit que la population américaine évolue très rapidement, beaucoup plus rapidement que celles des pays européens. En 2042, selon les projections de l’U.S. Census Bureau indiquent les Etats-Unis seront majority-minorities, c’est-à-dire que les minorités seront majoritaires.

En 2050, les minorités représenteront 54% de la population dont 30% d’Hispaniques (contre 15% actuellement, 15 % de Noirs et 9 % d’Asiatiques.

Cette nouvelle génération Y qui arrive (née entre 1978 et 2000) partage des idées nettement plus portées par les démocrates que par les républicains. Les jeunes de ce groupe en âge de voter ont donné une large majorité à Barack Obama : 66% contre 53 % sur l’ensemble de la population. Et cette génération comprend 4,5 millions nouveaux électeurs chaque année. Il faut évidemment avoir une vision dynamique dans la mesure où l’on peut voter démocrate à 20 ans et républicain à 40 ans.

Solidement au centre gauche

Le think tank Center for America Progress a réalisé une enquête qui, comme son titre le suggère State of America Political Ideology, 2009, tente de donner une cartographie de l’opinion américaine. Le résultat est que après trois décennies de domination des idées conservatrices (gouvernement limité, réduction des impôts, valeurs traditionnelles, puissance militaire), les Américains seraient « solidement situés au centre gauche » (solidly center-left) dans leurs idées sur le « rôle du gouvernement, de l’économie, de la politique intérieure et  des questions sociales et culturelles ».

Pour parvenir à cette conclusion, il a soumis un échantillon représentatif à une batterie de 40 questions (Extrait ci-dessous). En se basant sur les réponses, le CPA a déterminé la position idéologique des Américains sur une échelle allant de 0 à 400 (0 étant le plus conservateur et 400 le plus démocrate). Résultat : les Américains se situeraient au point 209,5 marquant une légère inclination dans le camp démocrate.

Et le positionnement de certaines catégories sociales, eu égard aux évolutions démographiques mentionnées plus haut, laissent penser que ce positionnement démocrate devrait se renforcer dans les années : les jeunes sont à 219,7, les Noirs à 224,3 et les Hispaniques à 228,4 alors que les Blancs sont à 203,7. A signaler que les femmes sont plus progressistes que les hommes. D’un point de vue géographique, le résultat épouse assez bien la dernière élection présidentielle : les habitants deux côtes sont plus progressistes que ceux du Sud et des régions du Centre. Tous comme les habitants des zones urbaines qui le sont plus que ceux des zones suburbaines (Le mot suburb n’a pas le côté péjoratif qu’a acquis le mot banlieue en France) er rurale.

# Position sur les 40 idées suggérées En %
1 Les Américains devraient-ils adopter un style de vie plus respectueux de l’environnement

80

2 Les investissements du gouvernement dans l’éducation, les infrastructures et la science sont nécessaires pour assurer la croissance à long terme des Etats-Unis

79

4 Les Etats-Unis ont joué un rôle trop important pour résoudre les problèmes du monde et devraient s’intéresser à ses propres problèmes

74

6 Les réglementations sont nécessaires pour contrôler les entreprises et protéger les travailleurs et les consommateurs

73

7 Le gouvernement a une responsabilité financière pour assister les pauvres, les malades et les personnes âgées

69

9 La sécurité des Etats-Unis est mieux assurée en travaillant avec la diplomatie, les alliances et les institutions internationales

68

19-mars1

(1) La troisième révolution américaine – Jacques Perrin – Août 2008 – Editions Perrin

Pour télécharger l’étude du Center for American Progress

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