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De la Gran Torino à la Nano

23-mars2

Mise en vedette par le récent et très beau film de Clint Eastwood (Gran Torino : du choc au dialogue des cultures), la Ford Gran Torino est une des voitures de légende du cinéma américain. Elle est typique des voitures de l’époque (fin des années 60 et début des années 70) et est symbolique de la puissance des constructeurs automobiles américains qui règnent encore sur le monde, en tous cas sur le marché américain. C’est une voiture grande et pesante comme le sont presque toutes les voitures américaines de l’époque.

Mais cette ère est désormais révolue. Small is beautiful ! La formule de l’économiste Fritz Schumacher s’applique plutôt bien à la nouvelle voiture indienne de Tata Motors, à la fois au niveau de son prix et de ses mensurations. La Nano que son fabricant Tata Motors a surnommé la « voiture du peuple » (une idée déjà connue) est proposée à un prix de 100 000 Roupies qui nous paraît ici tout petit, mais qui pour un revenu moyen indien reste encore élevé. Selon les derniers chiffres publiés par le gouvernement, le revenu de l’indien moyen s’est établi à 33 000 Roupies par an. De par la taille aussi, puisque la Nano mesure 3,1 mètres de long avec un moteur à l’arrière de 600 cc. Cette voiture ne possède pas d’airbag ni de freinages assistés qui ne sont pas obligatoires selon la réglementation indienne. La vie d’un conducteur indien vaudrait-elle moins que celle d’un européen ou d’un américain ?

Cette voiture dont on parle depuis longtemps arrive avec 6 mois de retard, notamment en raison d’une forte opposition des paysans et de certains leaders politiques qui ont forcé Tata Motors a déménagé l’usine de production du Bengale de l’Ouest à l’Etat du Gujarat sensé être plus accueillant pour les entreprises.

Certes, Tata Motors ne va pas bousculer le marché mondial de l’automobile. Si les constructeurs avance le chiffre de 250 000 unités fabriquées cette année, les analystes tablent plutôt sur 50 000. Mais cette voiture est porteuse de plusieurs symboles. D’abord, l constitution d’une classe moyenne en Inde qui aspire aux outils de la modernité. Mais aussi, cette annonce intervient à un moment où les Big Three américains – qui pourraient devenir les Big Two – connaissent les difficultés que l’on sait (Studebaker, le 4e constructeur américain, a jeté l’éponge en 1966). Si cette opération se réalisait, elle constituerait une opportunité pour les fabricants étrangers, notamment japonais ayant des unités de production aux Etats-Unis.

Que sera l’industrie automobile dans 20 ans ? La Chine et l’Inde pourraient-elles devenir les deux premiers pays constructeurs d’automobiles ? Ce n’est pas impossible, en tous cas, les fabricants américains – et européens – ont devant un défi à relever. Pour l’heure, Tata Motors a présenté un modèle européaniser Nano Europa un peu plus robuste et satisfaisant à la réglementation du vieux Continent qui devrait être lancé dans le courant de 2011.

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