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Infrastructure, deal, filisbuster et bipartisan

“You can lead a horse to water but you can’t make him drink” dit-on. Joe Biden va-t-il réussir à mobiliser au moins dux sénateurs républicains à soutenir le projet de loi sur la rénovation des infrastructures ? C’est ce qu’il semble avoir réussi cette semaine après de longues négociations ponctuées par une réunion cette semaine avec des sénateurs démocrates et républicains à la Maison Blanche. Jeudi dernier un groupe de sénateurs centristes républicains (et oui ça existe !) et démocrates ayant donné leur accord pour un projet d’investissement de 1 200 milliards de dollars pour réparer les infrastructures, qui en ont bien besoin.

« We have a deal » déclarait Joe Biden flanqué de dix élus à ses côtés. On croirait entendre le maître de « The art of the deal ». En fait la réalité est un peu plus compliquée. A ce jour, 5 sénateurs républicains se sont finalement engagés sur ce projet et donc devraient signer la loi. Il en faut dix pour outrepasser le seuil du filibuster.

Comme souvent, ce genre d’annonce mélange des budgets nouveaux avec des budgets existants. Le montant de 1 200 milliards est certes conséquent mais il est en deçà des 2 300 milliards initialement prévus. Et il ne concerne que les infrastructures « physiques » (routes, ponts, tunnels, digues, rail, haut débit…) et n’inclut pas les projets liés à l’éducation, à la santé, à la lutte contre le changement climatique, à l’aide à la dépendance.. Et sur les 1 200 milliards, un peu plus de la moitié semble provenir d’autres budgets alors que 579 milliards de nouveaux fonds sur 8 ans seraient affectés sur 8 ans. Et comme les républicains avaient prévenu, hors de question de financer ces mesures par des hausses d’impôts, fut-elle appliquée sur les riches. Parmi les sources de financement, une partie sera abondée par une optimisation de la collecte des impôts. Un renforcement des ressources de l’IRS (le fisc américain) de 40 milliards de dollars devrait permettre d’en récupérer 140, soit un gain net de 100 milliards.

C’est donc une partie du projet initial que Joe Biden a réussi à faire endosser par les sénateurs républicains. Et le reste ? Comme il inenvisageable de réunir dix sénateurs républicains pour atteindre la supermajorité nécessaire (60 sénateurs) et inconcevable de faire tomber la règle du filibuster, il ne reste plus que la procédure de réconciliation qui ne nécessite que la majorité simple que peuvent atteindre les démocrates grâce au concours de Kamala Harris, présidente du Sénat pour casser une éventuelle égalité de voix. A condition qu’aucun démocrate ne fasse défaut, ce qui est loin d’être sûr.

Et puis cette approche pour moitié bipartisane avec le soutien des sénateurs républicains et pour l’autre moitié sans leur bénédiction, risque de les braquer. Mais de l’autre côté, cette approche « conciliante » de Joe Biden qui souhaite embarquer avec lui quelques élus républicains n’est pas non plus sans risque vis-à-vis de l’aile gauche du parti démocrate.

Une ligne de crête sur laquelle il ne va pas être facile de cheminer. Mais il semble que ce soit-là une marque de fabrique du président Biden qui veut rompre avec les méthodes de son prédécesseur et renouer avec un Congrès soucieux du compromis sans avoir peur de la compromission.  

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