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Frapper d’abord, réfléchir ensuite (peut-être)

Le 6 avril dernier, en réaction à l’utilisation d’armes chimiques sur les populations civiles, Donald Trump a décidé de lancer 59 missiles Tomahawk sur la base de laquelle était parti les avions syriens. Une décision prise sur le compte de l’impulsivité et sous l’influence de sa fille Ivanka (aux dires de plusieurs médias américains). N’y voir aucun lien avec une quelconque stratégie.

Depuis cette frappe, rien. Aucune explication d’un quelconque plan pour résoudre la crise syrienne. En outre, DJT s’est même lancé sur un autre théâtre d’opération, celui de l’Asie en larguant la plus grande bombe conventionnelle jamais fabriquée et baptisée du nom de la « mère de toute les bombes ». Là encore, un coup unique pour montrer au monde sa détermination. C’est le message qu’a porté Mike Pence en visite en Corée du Sud en déclarant que l’ère de la « patience stratégique » était finie et que « les Etats-Unis ont toujours été à la recherche de la paix via la force ». « Il ne faut pas tester la détermination de Donald Trump » a-t-il averti aux Nord-Coréens et peut-être par procuration aux Chinois.

Quelle serait donc la politique étrangère de DJT qui permettrait de suppléer la « patience stratégique » de son prédécesseur et l’échec qui l’accompagnerait ? Jusqu’ici on ne voit pas trop car sur tous les fronts, Trump a dit tout et son contraire, sur quasiment tous les sujets. Lors de la conférence conjointe avec le roi Abdullah de Jordanie, il s’est présenté comme quelqu’un de très flexible. Ce qu’on savait déjà si l’on en juge par son affiliation partisane changeante. DJT a été républicains, démocrates, indépendants, plusieurs fois. On a pu également s’en apercevoir par ses changements de pied sur tous les sujets majeurs : Chine, Russie, Syrie… Quand un journaliste lui demande lors de la conférence conjointe avec Netanyahu s’il est favorable à un Etat ou deux Etats, il répond de manière désinvolte « la solution qui conviendra le mieux aux deux parties ».

Alors qu’on s’approche du terme des 100 premiers jours (le 29 avril), il faut s’attendre à un tweet du style :

Qui ne fera que prolonger celui déjà publié au terme de ses 90 jours

La politique étrangère de DJT pourrait donc être résumé par le slogan : Frapper d’abord, réfléchir ensuite (éventuellement). Cette logique semble donc être en ligne avec l’opinions des Américains : 58 % approuvent la frappe sur le Syrie en réponse à l’usage des armes chimiques (contre 36 %) selon un sondage réalisé par le Pew Research Center mais 61 % pensent qu’il n’a pas de stratégie pour la Syrie (contre 32 %). La déclinaison républicain / démocrate est très différente : 77 % des républicains approuvent cette frappe contre 45 % des démocrates ; 61 % des républicains pensent qu’il a un plan contre 85 % des démocrates qu’il n’en n’a pas. Un sondage réalisé plus récemment par Yougov, 62 % des Américains pensent que DJT va commencer une guerre contre la Syrie.

Barack Obama avait hérité des deux guerres de George W. Bush et les avaient terminées (peut-être pas dans les meilleures conditions mais quelles étaient ses marges de manœuvre ?). On pourra donc de nouveau avoir un candidat républicain lancer les Etats-Unis à une nouvelle guerre, peut-être deux, et de laisser son successeur s’en débrouiller. Il est vrai qu’avec quatre généraux dans son cabinet, les chances sont encore plus élevées. Sachant que normalement le président doit avoir le soutien du Congrès. Mais Donald Trump s’en soucie-t-il le moins du monde ? Et les républicains du Congrès auront-t-il l’audace de critiquer le président sur ce point très sensible ? Pas sûr.

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