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D’un trait de plume et d’un coup de tweet

L’impulsivité semble être un des traits de caractères majeurs du nouveau président des Etats-Unis.

Pas moins d’une dizaine d’Executive Orders sur toutes sortes de sujets – construction du mur sur la frontière avec le Mexique, l’arrêt de l’immigration de réfugiés en provenance de sept pays musulmans pendant 4 mois, la suppression de l’Obamacare, la construction des pipe-lines Keystone XL et Dakota Access Pipeline – accompagnés d’une centaine de tweets dont l’un générant une crise diplomatique avec son plus proche voisin et l’un de ses principaux partenaires commerciaux, le Mexique.

La mise en scène est désormais ritualisée et correspond bien à la politique spectacle de Donald Trump : Un président assis à son bureau stylo à la main signant document symbolisant son dynamisme et son sens de la décision (un de ses conseillers expliquait : he is a doer not a thinker) et entouré de ses proches collaborateurs ébahis d’admiration devant leur nouveau maître.

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On croit savoir que ces Executive Orders sont rédigés par Stephen Bannon – dont le pouvoir et l’influence sur Trump semblent s’affirmer chaque jour – et ne sont pas transmis aux agences compétences pour être relus et éventuellement amendés pour être sûrs qu’ils sont légaux et constitutionnels. Mais Donald Trump n’en a cure. En a-t-il même conscience ? Dans son émission hebdomadaire sur la chaîne de télévision publique PBS : David Brooks, éditorialiste du New York Times qui affiche ses tendances républicaines modérées, pose clairement la question du tempérament de Donald Trump (voir vidéo ci-dessous).

 

Etant donné son peu d’expérience de la chose politique, pense-t-il que une fois l’EO de la construction du mur signé, les bulldozers et autres engins de construction vont commencer les travaux de terrassement la semaine qui suit. Ou encore, après avoir signé l’EO sur l’Obamacare, le système mis en place par son prédécesseur est effacé comme par baguette magique. Jusqu’ici le Congrès s’est montré plutôt docile, peut-être a-t-il été asphyxié par les initiatives du grand homme. Mais la réalité va reprendre ses droits. Sur l’Obamacare par exemple, Les membres du Congrès ont avoué derrière des portes closes qu’ils n’avaient pas de plan de remplacement. Etonnant quand on pense que pendant les deux mandats d’Obama, ils ont voté une soixantaine de fois contre l’Obamacare sachant pertinemment que leur vote ne pouvait aboutir. Leur seul objectif était de supprimer la loi de la couverture maladie. Pourquoi par idéologie ? De son côté, Donald Trump a dit et redit qu’il avait un plan meilleur et coûtant moins cher.

Qu’est-ce donc qu’un Executive Order ? C’est un document officiel signé par le président donnant des ordres aux différentes agences gouvernementales. Les Executive Orders s’inscrivent dans un ensemble de documents officiels baptisés Executive Actions qui incluent également des Memorandums, des Proclamations et Directives.

Les EO sont parfois sujet à controverse. Pour les uns, ils sont l’instrument d’une présidence autoritaire qui souhaite court-circuiter le Congrès. Pour d’autres, ils sont le signent de dynamisme et d’actions. Mais quoi qu’ils en soient, ils sont soumis à une relecture juridique précise. Par exemple, l’EO sur l’arrêt de l’immigration a déjà fait l’objet d’une révision juridique attentive. Cet EO a déclenché de nombreuses protestations dans tout le pays et un juge de Brooklyn a initié une action empêchant en partie le renvoi à l’étranger de réfugiés. S’il veut être le plus grand éditeur d’EO de l’histoire (c’est le type d’objectif dérisoire qui correspond au personnage, il va avoir du pain sur la planche, Franklin Roosevelt en a publié plus de 3500 en 12 ans de présidence ; il faudra qu’il en signe 6 par semaine pendant son mandat).

Du côté des tweets, la semaine a été particulièrement riche et désastreuse avec les échanges entre Donald Trump et le président mexicain conduisant à une crise diplomatique entre les deux pays et débouchant sur l’annulation de la visite officielle de ce dernier prévue cette semaine. Donald Trump a continué critiques favorites contre les médias, les autres (tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, cette semaine le Mexique) et revenant de manière pathologique sur sa victoire aux élections. Au passage un tweet en faveur de la manifestation prolife à laquelle le VP Mike Pence a participé.

Si Trump a suscité des réactions populaires comme les Etats-Unis n’en n’avaient jamais connu depuis les années 60 – contre la guerre du Vietnam et pour les droits civiques – le parti est étonnamment absent du débat. Comme si la défaite contre Trump et la situation inédite de domination des Républicains (Présidence, Congrès, Gouvernorat) les avaient complètement tétanisés.

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