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Comment lutter contre la désinformation ?

Un an et demi après les élections de 2020, encore près de deux républicains sur trois pensent que les élections ont été frauduleuses, que Joe Biden est illégitime et donc Donald Trump est le vrai président. Et l’ex-président perpétue cette fausse information plus d’un an et demi après les élections. Son dernier communiqué date du 11 mai et fait la promotion du film de Dinesh D’Souza qui affirme que des individus alignés sur les démocrates, ou « mules », ont été payés par des organisations à but non lucratif anonymes pour collecter et déposer illégalement des bulletins de vote dans des boîtes de dépôt en Arizona, en Géorgie, au Michigan, en Pennsylvanie et au Wisconsin pendant l’Élection présidentielle de 2020, constituant ainsi une fraude électorale.

Voilà où en sont les Etats-Unis au 21e siècle, alors que les moyens d’informations n’ont jamais été aussi diversifiées.

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a largement développé ce que l’on appelle désormais le « Fake News ». Les hommes politiques, les hommes ou les femmes mentent, rien de très nouveau, mais là on est arrivé à un niveau jamais atteint qui a commencé dès le lendemain de l’investiture, en plus sur une information en plus n’avait que peu d’importance. Sean Spicer, alors porte-parole du président, a expliqué que l’investiture de Donald Trump n’avait jamais attiré autant de monde. Alors que les images de l’investiture de Barack Obama disaient ostensiblement le contraire. Quelques semaines plus tard, cette pratique systématique du mensonge allait théoriser par Kellyane Conway, la conseillère spéciale du président en parlant de faits alternatifs (alternative facts). Désormais faits et faits alternatifs allaient se concurrencer sur le front de la vérité, largement à la faveur des derniers. La période du Covid a, sur ce plan, mis la société américaine à rude épreuve avec des spéculations plus fantaisistes les unes que les autres. Spéculations souvent associées aux théories du complot propagées, notamment par Qanon dont la plus spectaculaire serait que serait que les élites, en particulier des vedettes d’Hollywood et des personnalités du Parti démocrate, sont coupables d’abus sur des enfants et en prennent du sang pour en extraire une substance qu’elles considéreraient comme une cure de jouvence, l’adrénochrome.

« You are entitled to your opinion. But you are not entitled to your own facts.”
Daniel Patrick Moynihan

Autre phénomène qui a pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux, la désinformation activée par les nations entre elles. Ce fut le cas des élections de 2016 et de 2020 qui furent influencées notamment par les Russes et leurs fermes à trolls et à fausses informations.

Que faire face à ce fléau, car il s’agit bien d’un fléau ? Sans doute, légiférer sur les réseaux sociaux qui sont encore dans une sorte de flou juridique dans lequel ils sont considérés comme des plates-formes et n’ont pas trop de responsabilités sur ce qui est publié. Barack Obama s’est saisi de cette question et en a parlé à plusieurs reprises lors de réunions publiques comme un sujet de sociétés très préoccupants.  « I think it is reasonable for us as a society to have a debate and then put in place a combination of regulatory measures and industry norms that leave intact the opportunity for these platforms to make money but say to them that there’s certain practices you engage in that we don’t think are good for society », expliquait-il lors d’une conférence sur la désinformation organisée par l’Université de Chicago et le magazine The Atlantic.

Evidemment, légiférer sur un sujet aussi sensible est très hasardeux au pays qui fait de la liberté d’expression l’alpha et l’oméga du fonctionnement de sa société. Et dès qu’une idée est émise pour essayer de trouver une solution, ses opposants brandissent le sacro-saint Premier amendement.

Texte du premier amendement

« Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. »

Face à ce problème, l’administration Biden a créé un groupe de travail appelé Disinformation Governance Board placé sous la responsabilité du Department of Homeland Security en précisant d’emblée qu’il n’avait aucun rôle opérationnel et qu’il s’agissait surtout de s’atteler à la désinformation produite par des états comme la Russie, la Chine ou l’Iran et par les organisations criminelles internationales (« disinformation that threatens the security of the American people, including disinformation spread by foreign states such as Russia, China, and Iran, or other adversaries such as transnational criminal organizations and human smuggling organizations »).

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Exemples de désinformation donnés par le DHS

U.S. Customs and Border Protection (CBP) counters disinformation that cartels and human smugglers spread to migrants to persuade them to cross our southwest border illegally. CBP’s work includes its “Say No to the Coyote” campaign, making clear that entering the United States illegally is a crime.

In 2012, during Hurricane Sandy, the Federal Emergency Management Agency (FEMA) corrected false information about the safety of drinking water and the location of shelters, to protect and serve the hurricane’s victims. FEMA has since built capacity to identify and respond to false information during major disaster responses, including Hurricanes Maria and Ida, during which FEMA provided critical information to protect disaster survivors from targeted scams. FEMA also ensures that disinformation campaigns do not prevent Americans from accessing federal aid during and after disasters.

The Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) works with private sector stakeholders to mitigate the risk of disinformation to U.S. critical infrastructure, work that has continued in light of Russia’s invasion of Ukraine.

S’il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un problème majeur, les solutions sont tout sauf évidentes. Et tous les gouvernements qui s’y risqueraient seraient d’emblée face à des critiques de l’opposition. C’est ce qui est arrivé. Puisque c’est l’administration démocrate qui a mis en place ce groupe de travail, les républicains ont immédiatement poussé des cris d’orfraie en parlant de la création du « ministère de la Vérité », inspiré du roman de George Orwell. La critique était assez facile à trouver. Il était aussi facile de parler du DGB qui n’est qu’à une lettre du KGB. Ce sont là des critiques qui portent mais dont la substance est nulle. Les républicains ont présenté une loi pour supprimer ce groupe de travail.

Mais certains progressistes se sont également élevées contre cette création. L’ACLU (American Civil Liberties Union) a déclaré sur Twitter que le projet n’avait pas été bien défini. Et les ministres de la Justice d’une vingtaine d’états ont menacé d’intenter un procès pour disputer la constitutionnalité de ce comité.

Bref, la désinformation pose un réel problème, mais son traitement est tout sauf simple à mettre en œuvre. 

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