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Droit à l’avortement : les démocrates échouent, les républicains font profil bas

A la suite de la fuite – organisée ou non – du document provisoire du Juge Alito de la Cour Suprême qui devrait conduire à une annulation de l’arrêt Roe V. Wade, les démocrates ont n’ont pas réussi à réunir les 60 votes (majorité qualifiée) pour faire passer une loi baptisée Women’s Health Protection Act garantissant le droit l’avortement (dans des conditions plus larges que l’arrêt de la Cour Suprême). Si donc la Cour Suprême décide d’annuler l’arrêt Roe v. Wade, la question sera confiée aux Etats qui prendront des décisions radicalement différentes. Les 50 sénateurs républicains ont été rejoints par l’élu démocrate de Virginie occidentale Joe Manchin dont on finit par se demander pourquoi il est démocrate.

Les démocrates savaient pertinemment qu’ils n’avaient pas la majorité nécessaire. Pourquoi ont-ils donc poussé cette loi sans aucun espoir de la faire voter ? Clairement, ils n’ont pas vraiment de plan et d’ailleurs n’ont pas beaucoup de moyens à leur disposition. En lançant cette initiative, ils entendent faire de cette question un marqueur fort pour les prochaines élections de mi-mandat. Il est vrai que la charge du positionnement est renversée. La légalisation de l’avortement a enflammé les pro-life depuis des décennies. De leur côté, les démocrates ont peut-être considéré cette situation pour acquise. Supprimer le droit à l’avortement ou le restreindre considérablement pourrait motiver les pro-choice, même s’ils sont républicains, à changer leur bulletin de vote. Mais c’est là un espoir assez faible.

Autre objectif des démocrates, faire passer les républicains comme des extrémistes capables d’ajouter la suppression d’autres droits (mariage gay par exemple) qui, seront les juges conservateurs, ne sont en aucun cas, définis dans la Constitution.

De leur côté, les républicains ont opté pour une stratégie à deux niveaux : offensive en mettant l’accent sur la fuite elle-même qui remet en cause l’intégrité et le bon fonctionnement de la Cour Suprême, défensive en publiant, via le National Republican Senatorial Committee, un document de trois pages (Initial takeaways from opinion research on abortion) qui donne les arguments et les éléments de langage aux élus républicains pour défendre leur position et se présenter en meilleure posture pour les élections de novembre prochain.

Car si la Cour Suprême venait à publier un nouvel arrêt en juin prochain invalidant Roe V. Wade, cela deviendrait un élément central de la prochaine campagne. Dès la publication de Roe V. Wade, les Pro-Life ont été à la manœuvre et extrêmement actifs dans le combat, alors que les Pro-Choice ont peut-être eu tendance à considérer le droit à l’avortement comme un acquis. Pour certains électeurs, le vote motivé par un seul sujet, l’annulation au droit à l’avortement a tenu un rôle central. La situation nouvelle renverse donc les positions des uns et des autres et pourraient transformer les démocrates à être beaucoup plus actifs sur ce sujet.

Dans ce document, ils essaient de se présenter comme les éléments censés et raisonnables en la matière et au contraire peindre les démocrates comme des radicaux (radical lefts), voire des fanatiques.

Premier conseil, « Be compassionate, consensus builder on abortion policy ». Eviter l’avortement autant que possible n’est pas critiquable en soi car il s’agit d’une décision qui n’est pas banale. Mais fidèles à leur volonté de réduire le gouvernement fédéral, les républicains entendent redonner la primauté aux Etats qui, d’après eux, sont les mieux placés pour mettre en place les « restrictions raisonnables ». Une décision qui replacerait les Etats-Unis dans une situation compliquée avec des états comme le Mississippi prêts à criminaliser l’avortement à d’autres laissant les citoyens totalement libres sur ce sujet.  

NRSC suggère de faire dépeindre les idées des démocrates comme des extrémistes qui soutiennent l’avortement sans limites ni aucunes restrictions, veulent financer l’intervention par l’assurance santé, et proposer un avortement on demand. On ne comprend pas bien ce dernier point car pour réaliser une IVG, il faut bien en faire la demande.  

Certes, les républicains veulent interdire l’avortement mais ils promettent de ne pas supprimer d’autres droits comme la contraception.

Un argument récurrent avancé par les républicains est que les démocrates sont obsédés par le droit à l’avortement et entendent détourner les citoyens américains des « vrais » problèmes : l’inflation, le coût de l’énergie, la criminalité, la porosité de la frontière avec le Mexique… Mais on pourrait leur retourner l’argument en leur rétorquant qu’ils sont obsédés par cette question depuis 1973, date à laquelle la Cour Suprême avait rendu son arrêt.

Assez clairement, l’avantage est aux Républicains. Et s’ils venaient à gagner la majorité au Congrès en novembre prochain, il ne fait guère de doute sur ce qu’ils feront sur cette question.

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