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Bloc-Notes de 2020

Une année 2020 largement dominée par l’épidémie du Coronavirus qui aura coûté la vie à quelque 350 000 Américains. Et si l’arrivée du vaccin peut redonner espoir, les premiers mois de 2021 seront difficiles. Donald Trump s’était plaint d’avoir hérité d’une situation pourrie, que pourrait dire Joe Biden qui va devoir sortir les Etats-Unis de cette crise sanitaire tout en s’attelant à la crise économique et sociale. Une situation bien difficile que son prédécesseur ne va sans doute pas faciliter en jouant le rôle du roi en exil. Ci-dessous une petite rétrospective au travers des bloc-notes de l’année.

20 décembre
Hoax versus Hack
On avait déjà été alerté à plusieurs reprises. Mais c’est lors de la conférence de presse d’Helsinki de juillet 2018, tenue conjointement avec Vladimir Poutine, que la proximité de Donald Trump avec son homologue russe avait atteint un sommet. Interrogé sur le rôle de la Russie lors des élections de 2016, il n’avait pas hésité à déclarer : « President Putin says it’s not Russia. I don’t see any reason why it would be », mettant en question ses propres agences de renseignement.
Ces derniers jours, les États-Unis ont été la cible d’une cyberattaque qualifiée par Dmitri Alperovitch, cofondateur de la société CrowdStrike, spécialisée en cybersécurité de « most consequential cyberespionage campaign in history and the fact that the government is absent is a huge problem for the nation », une affirmation confirmée par de nombreux experts, dont Richard Clarke, coordinateur national pour la sécurité de l’administration Clinton et Bush. Mike Pompeo a déclaré sur Fox News que les Russes étaient à l’origine de cette attaque. Muet pendant une longue semaine, Donald Trump a non seulement minimisé la sévérité de cette opération – « The Cyber Hack is far greater in the Fake News Media than in actuality » mais il a contredit son Secrétaire d’Etat en affirmant que la Chine pouvait tout aussi bien en être responsable. Une collusion explicite et permanente avec la Russie à tout le moins suspecte dont on aura peut-être un jour une explication rationnelle.

13 décembre
Voie sans issue
Le mardi 8 décembre marquait la date butoir dite du Safe Harbor selon laquelle les états qui n’ont pas encore certifié le résultat de la présidentielle doivent avoir résolu les derniers litiges. Et le lundi 14 décembre, les délégations des grands électeurs de chaque état se réuniront séparément et éliront le président et le vice-président. En temps normal, ces étapes ne retiennent pas vraiment l’attention, car elles sont plutôt formelles. Mais nous ne sommes pas en temps normal. Alors que la Cour Suprême a rejeté vendredi un recours de l’Attorney General du Texas laissant peu de place à une constatation sur le terrain juridique, Donald Trump et Mike Pence, encouragés par une majorité d’élus républicains de la Chambre des représentants, déclarent poursuivre leur démarche chimérique. Pour eux, la subversion ne serait-elle que la continuation du juridique par d’autres moyens pour paraphraser Carl Von Clausewitz ? Les premières escarmouches entre les pro et les anti-Trump se sont déroulés samedi à Washington, produisant les premiers blessés. Un engrenage dangereux s’il n’était pas arrêté à temps.

6 décembre
Les républicains atteints de dissonance cognitive ?
Le 25 novembre, un peu plus de trois semaines après les élections, le président chinois Xi Jinping adressait un message officiel de félicitations à Joe Biden pour avoir remporté l’élection et être ainsi le 46e président des États-Unis, rejoignant ainsi la plupart des dirigeants mondiaux y compris Recep Tayyip Erdogan, Viktor Orbán et le roi Salman bin Abdulaziz Al Saud d’Arabie Saoudite. Il reste quelques récalcitrants comme Vladimir Poutine et Jair Bolsonaro. Aux États-Unis, selon une enquête réalisée par le Washington Post, seulement 27 des sénateurs et députés républicains ont également reconnu la victoire du candidat démocrate malgré ses 306 grands électeurs, plus de 7 millions de voix de plus que son opposant soit une marge confortable de 4,4 %. Deux élus du parti de l’éléphant considèrent même que Donald Trump a gagné. La grande majorité des élus républicains – près de 90 % – interrogés par le quotidien ne veulent pas se prononcer. Ce qui est peut-être pire encore, car s’ils savent pertinemment que Joe Biden a remporté l’élection, ils ne veulent pas le reconnaître publiquement, de peur de s’attirer les foudres du maître de la Maison-Blanche. L’histoire nous dira peut-être si ce Néron moderne jouait de la lyre pendant que les États-Unis étaient consommés par la crise épidémique de la Covid-19.

29 novembre
L’effet boomerang en Géorgie
Des mois durant, Donald Trump a clamé haut et fort – sans aucune preuve – que le vote par correspondance était truqué. Ce faisant, il a fortement poussé ses supporters à ne pas utiliser ce mode de vote contrairement aux démocrates. Une erreur stratégique qu’il paie lourdement aujourd’hui. Près de 4 semaines après les élections, il poursuit dans cette voie mais a perdu presque tous ses recours devant les tribunaux.
Aujourd’hui la majorité au Sénat est en jeu avec les deux « runoff élections » de l’état de Géorgie en janvier. Le scrutin de novembre n’a pas été validé puisqu’aucun candidat n’a atteint la barre des 50 %. Si les démocrates gagnent ces deux scrutins, ils auront autant de sièges que les républicains (50-50) mais pourront emporter le vote grâce à celui décisif de la vice-présidente, également présidente du Sénat. Mais « pourquoi voter si les élections sont truquées en raison de systèmes défaillants et le résultat connu à l’avance » ont questionné les électeurs de Donald Trump à la présidente du parti républicain en déplacement dans la ville de Marietta en Géorgie. Ronna McDaniel est donc devant un problème complexe : se plaindre des élections truquées de novembre et pousser les républicains à voter en janvier en les assurant qu’elles ne sont pas pipées et que rien n’est joué. Même Alice au pays des merveilles ne pourrait sans doute pas en trouver la solution. « À quoi bon un livre sans images, ni dialogues ? », se demandait-elle. A quoi bon des élections sans électeurs !

22 novembre
Trumpocéros
On a souvent fait état de ce processus assez rapide pour un néophyte en politique visant à prendre un total ascendant sur un parti : Donald Trump a mis le parti républicain à sa botte. Ses armes : une absence totale de surmoi, la création d’un univers dans laquelle la vérité n’existe plus, et un soutien indéfectible de sa base. Résultat : en quatre ans, Donald Trump a mis le parti au pas, celui-là même qui le rejetait encore quelques semaines avant les élections de 2016. L’aboutissement de cette manœuvre est la transformation d’un parti dans lequel rares sont ceux qui osent s’élever contre leur nouveau guide suprême. Même quand celui-ci refuse, contre toute évidence, de concéder les élections et de pratiquer la politique de la terre brûlée avant de laisser la place à son successeur. Par admiration, par crainte, par intérêt ? Si l’on en croit Ionesco et son Rhinocéros, nombre d’Américains seraient pris de « Trumpocérite », une maladie qui effraie tous les habitants d’un pays et les transforme en trumpocéros.

15 novembre
O tempora, o mores !
Fin juillet 1974, les rumeurs les plus folles couraient à Washington : le président aurait perdu la tête, il préparerait un coup d’État militaire… Dans la nuit du 7 août, les chefs républicains du Sénat, Hugh Scott, et de la Chambre des représentants, John Rhodes, et l’ancien candidat à la présidence Barry Goldwater rencontrent Nixon dans le bureau ovale. Tous trois lui indiquent que son soutien au Congrès a pratiquement disparu et qu’il serait sans doute condamné par une procédure d’impeachment. Le lendemain, Nixon place l’intérêt de la nation avant le sien, il démissionne.
Aujourd’hui, les sénateurs Lindsey Graham et Ted Cruz vocifèrent et crient avec le président à la fraude électorale. Quant au chef de la majorité du Sénat Mitch McConnell, il déclare que Donald Trump est « 100 % dans son droit de contester le résultat des élections ». Et Rudy Giuliani, nommé avocat en chef pour défendre les droits du perdant, convoque une conférence de presse burlesque derrière le parking du Four Seasons Landscaping lors de laquelle il déclare qu’il va porter cette fraude devant tous les tribunaux du pays. Et face au comportement obsidional du président, la grande majorité des élus républicains restent muets, par crainte ou par intérêt.
Mais pour finir, qu’il concède ou non l’élection, Donald Trump quittera la Maison-Blanche au plus tard le 20 janvier comme il y était entré : sans honneur ni dignité.

8 novembre
Concéder ou ne pas concéder, ce n’est la question
Joe Biden a été élu 46e président des États-Unis. Donald Trump a perdu, une situation qu’il ne peut même pas concevoir. Pour l’heure, il est dans le déni et conteste les résultats. Ses tweets en attestent. Et certains républicains, au risque d’abîmer un peu plus le parti républicain, le confortent encore dans cette approche. Mais ces gesticulations ressemblent clairement à l’hallali. Qu’il concède ou non, peu importe. Il devra quitter la Maison-Blanche le 20 janvier prochain. Il n’y avait pas seulement l’élection du président, mais aussi celles de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat et de postes de gouverneurs. Et, là les républicains ont gagné des sièges. La question en suspens est de savoir s’ils conserveront la majorité au Sénat. Quoi qu’il en soit, cette bonne performance doit être considérée par Joe Biden comme un signal que, pour réussir, sa politique devra prendre en compte les orientations des deux partis plus que de chercher à vouloir passer en force. Une tâche bien difficile étant donné les récentes positions des républicains. Son discours du 7 novembre et sa longue pratique du Sénat semblent montrer que c’est la voie qu’il va choisir. En attendant, il va falloir s’atteler à traiter la question de la Covid.

1er novembre
La troisième voie
Si l’on en croit tous les sondages depuis des semaines, Donald Trump ne peut pas gagner le vote populaire, mais il peut être élu. Une telle occurrence, la troisième avec les élections de 2000 et de 2016 (la cinquième dans l’histoire des Etats-Unis),  plongerait encore plus lourdement la présidence dans une certaine illégitimité donnant l’impression que les républicains s’appuient sur un système électoral devenu obsolète et de moins en moins démocratique – un citoyen, une voix – pour confisquer le pouvoir. Si Joe Biden était élu avec une courte majorité, ce serait la source de contestations dont le président en exercice serait le porte-drapeau. La seule issue pouvant mettre un terme à la situation de division et de polarisation dans laquelle sont plongés les États-Unis serait une nette victoire du candidat démocrate. Elle désamorcerait ainsi toute velléité des républicains de contester l’élection et les pousserait peut-être à faire un peu d’introspection sur ce qui les a poussés à suivre une voie les menant vers la démagogie, le mensonge et l’indécence. En 2012, à la suite de la défaite de Mitt Romney, le GOP avait publié l’« 2012 autopsy report ». Les conclusions furent vite oubliées avec la victoire de 2016. Elles devront sans doute être profondément réactualisées.

25 octobre
Combien de divisions !
Les États-Unis voulaient s’occuper du monde. Ils ne semblent plus être en mesure de s’occuper d’eux-mêmes, tant la division, aiguisée par la crise sanitaire, ronge le pays. Traditionnellement, le troisième débat des candidats à la présidence concerne la politique étrangère. Comme Donald Trump a fait défaut au deuxième, le sujet a été reconverti en l’un des six sujets dans ce qui devait être le troisième et rebaptisé « sécurité nationale ». Et dans la réalité, il a été principalement utilisé par Donald Trump pour attaquer ad hominem son opposant et sa famille sur des affaires de prétendue corruption avec l’Ukraine et la Chine. On a beaucoup critiqué les États-Unis de vouloir être le gendarme du monde. On devrait donc se féliciter qu’ils se soient repliés sur leur précarré. Dans son discours d’adieu (Farewell Adress) daté du 19 septembre 1796 mais qui ne fut jamais prononcé, George Washington mettait en garde contre les dangers de la division. Aujourd’hui, elles semblent encore plus présentes. Mais il est peu probable que Donald Trump donne un discours d’adieu mettant en garde contre ces divisions d’un genre nouveau. George Washington avait renoncé à briguer un troisième mandat, il n’est pas sûr que Donald Trump renonce au second même après que les urnes ont parlé.

18 octobre
Deux débats séparés pour une élection contestée
Après que Donald Trump a contracté la Covid-19, les organisateurs ont proposé de tenir un deuxième débat, avec des candidats à distance cette fois. Donald Trump a refusé de participer jugeant que les règles du jeu avaient été modifiées. Il ne voulait perdre son temps dans un débat en mode virtuel. Est-ce à dire qu’il a besoin d’être dans l’arène pour attaquer, agresser, rabaisser son opposant qu’il voit comme un ennemi ? C’est d’autant plus étonnant puisqu’il avait largement gagné le premier débat, c’est en tous cas qu’il affirme et sans doute ce qu’il croit.  Du coup, la chaîne abc a décidé d’organiser une réunion entre Joe Biden et des électeurs représentant toutes les sensibilités politiques. C’est alors que NBC a décidé de son côté d’organiser une réunion similaire en Floride. Ces deux débats, tenus simultanément mais séparément, représentent une métaphore de ce qu’est devenue l’Amérique aujourd’hui : deux blocs qui ne souhaitent même plus discuter, débattre, échanger des idées… et qui ne s’interpellent qu’en s’adressant des noms d’oiseaux. Qu’attendre de plus avec un président, fier comme un paon, bavard comme une pie, qui fait l’autruche avant de devenir un canard boiteux  (lame duck) ! L’Amérique était-elle tombée dans le miroir aux alouettes.

11 octobre
« Decency, science, democracy »
« A nous de vouloir qu’avec l’aide de Dieu cette nation renaisse dans la liberté » déclarait en juillet 1863 Abraham Lincoln sur le champ de bataille de Gettysburg dans un des discours les plus courts de l’histoire mais resté dans les mémoires de tous les Américains. « Il est temps pour nous, le Peuple, de nous rassembler (…) Unis nous pouvons, et nous pourrons, surmonter cette période de ténèbres dans laquelle est plongé l’Amérique » répondait Joe Biden, alors simple candidat à la présidence des Etats-Unis sur le même champ de bataille la semaine dernière alors que plus de 200 000 Américains ont péri face un minuscule virus. Et la tâche sera immense car les Etats-Unis ont glissé depuis des décennies dans une situation dangereuse où les inégalités économiques, sociales, raciales n’ont fait que s’aggraver et où deux blocs, devenus irréconciliables, ne se parlent même plus.

4 octobre
Cluster à la Maison-Blanche
Donald Trump a fini son catastrophique débat – tous les sondages en attestent – en raillant Joe Biden parce qu’il porte le masque en permanence. Quant à la famille Trump, elle paradait non masquée à l’événement. Face à une telle désinvolture, les organisateurs des débats ont décidé que le port du masque sera désormais obligatoire et que tout contrevenant sera éconduit. Imagine-t-on Ivanka ou Jared priés de sortir ? Quelques jours plus tôt, le président, content de son initiative pour nommer en urgence la juge Amy Comey Barrett, organisait un événement où des centaines de personnes proches du pouvoir se tassaient et n’arrêtaient de s’autocongratuler et de s’accolader, au mépris des élémentaires gestes barrières. Au-delà de l’exemple délétère donné à l’Amérique, que pensez-vous qu’il puisse arriver ? Donald et Melania Trump et de nombreuses personnes, dont Ronna Romney McDaniel, présidente du Comité national républicain, Bill Stepien, directeur de campagne, Mike Lee et Thom Tillis, sénateurs républicains, membres de la commission qui doit auditionner Amy Comey Barrett, ont été infectés, fragilisant le dernier mois de campagne côté républicain et la rendant très incertaine. Quant à ceux qui se plaignent du manque d’empathie envers le président malade, faut-il leur rappeler les moqueries de Donald Trump lorsqu’Hillary Clinton avait eu une crise de pneumonie ? Oui, mais il plaisantait rétorqueront ses défenseurs. Après le 3 novembre, il aura tout le temps de se moquer de la terre entière.

27 septembre
Une démocratie républicaine ?
Le qualificatif “républicaine” a désormais deux sens : républicaine au sens république ou républicaine au sens parti républicain. L’arrivée probable de la juge Amy Coney Barrett à la Cour suprême en remplacement de Ruth Bader Ginsburg, n’est pas sans poser un problème de représentation démocratique. Ainsi, trois juges conservateurs seront nommés par un président élu par le collège des grands électeurs, mais représentant une minorité de la population et confirmés par un sénat à majorité républicaine, mais qui représente un minorité de la population américaine. 1 sénateur démocrate représente 20 millions d’habitants, 1 sénateur républicain du Wyoming 300 000. Et pour finir, ils auront le même pouvoir. Et donc ces deux branches du gouvernement, exécutif et législatif, pourront ainsi décider de l’avenir de la troisième, le judiciaire, qui aura une influence décisive sur la société américaine dans les décennies à venir. Les États-Unis sont-ils en train de devenir une république républicaine ?

20 septembre
Indécence et hypocrisie
Il y a une douzaine de jours, Donald Trump avait publié une liste de 20 candidats potentiels à la Cour Suprême. Ruth Bader Ginsburg (RBG), qui était alors en fin de vie, a dû apprécier la démarche. Et à peine, avait-elle rendu son dernier souffle, Mitch McConnell a déclaré que le Sénat voterait la nomination de son ou successeur avant la fin de l’année. La pratique politique est parfois brutale, ici elle est franchement odieuse et confirme le manque absolu de décence du leader de la majorité républicaine du Sénat. Déclaration d’autant plus surprenante qu’il y a seulement quatre ans, le même Mitch McConnell avait refusé de prendre en considération le vote de la nomination de Merrick Garland pour succéder à Antonin Scalia. Au motif que la tradition veut qu’un président ne puisse pas nommer un juge à la Cour Suprême dans la dernière année de son mandat. La mort de RBG intervient 46 jours avant l’élection. Si l’hypocrisie avait un nom, elle s’appellerait peut-être McConnell. « My most fervent wish is that I will not be replaced until a new president is installed. », a confié la juge de 87 ans à sa petite-fille Clara Spera, selon NPR. Comme on la comprend. Mais il n’est pas sûr que son voeu soit exaucé.

13 septembre
Les bandes : bis repetita ?
Le 24 juillet 1974, la Cour Suprême des États-Unis (United States v. Nixon, 418 U.S. 683) ordonne à Richard Nixon par un vote sans appel de 8 contre 0 de donner au procureur spécial Jaworski, chargé de l’affaire du Watergate, les enregistrements et documents que celui-ci réclamait. L’investigation lancée par les deux journalistes devenus légendaires, Carl Bersntein et Bob Woodward, allait aboutir à sa conclusion. Face à des preuves accablantes, Nixon démissionne le 8 août.
Aujourd’hui, la Cour Suprême n’a même pas besoin d’ordonner à Donald Trump de donner les « bandes ». Et c’est le même Bob Woodward qui diffuse des enregistrements où Donald Trump rapporte au journaliste dès le mois de janvier qu’il était au courant de la gravité de l’épidémie du Coronavirus alors que dans le même temps, il affirme urbi et orbi que tout est sous contrôle et pas plus dangereux qu’une simple grippe. Prouvant ainsi qu’il avait sciemment menti au peuple américain « pour ne pas créer de panique ». Ici aussi, les preuves sont accablantes avec des conséquences autrement plus graves.
Les premières bandes ont fait chuter Nixon, les secondes vont-elles empêcher la réélection de Trump ?

6 septembre
Le vaccin est-il le remède ?
Les mesures barrières, Donald Trump n’est pas un grand fan. Les masques sont presque devenus des marques d’affiliation partisanes. Alors que le miracle tant espéré selon lequel la Covid-19 disparaîtrait comme par enchantement ne s’est pas réalisé, le président s’est alors replié sur le mirage du vaccin propulsé par l’opération Warp Speed (vitesse de l’éclair). Le discours se fait de plus en plus précis sur une éventuelle disponibilité de la potion magique fin octobre, début novembre. Bien sûr, toute coïncidence avec la date d’une prochaine élection est purement fortuite. Mais les Américains sentent bien qu’il y a confusion entre vitesse et précipitation. 72 % des républicains et 82 % des démocrates redoutent que le processus d’approbation soit influencé par des préoccupations politiques. A ce jour, le délai le plus court pour développer un vaccin, depuis la collecte des échantillons du virus jusqu’à l’approbation de mise sur le marché, est de quatre ans. C’est celui pour les oreillons en 1967. Résultat, le mouvement antivaccin s’est réveillé et près d’un Américain sur trois ne souhaite pas se le faire administrer. Espérons que l’Amérique trouvera le vrai vaccin dont l’Amérique a besoin le 3 novembre prochain.

30 août
Law and order vs chaos and anarchy
On se souvient de la stratégie « Law and Order » de Richard Nixon en 1968 dans la phase finale de l’élection présidentielle où il se faisait le défenseur de la « majorité silencieuse ». L’année 1968 avait été chaotique avec les assassinats de Martin Luther King et Robert Kennedy. Cette approche lui avait permis de battre son opposant Hubert Humphrey. Donald Trump reprend la même stratégie mais en la mettant sous stéroïdes : Si Joe Biden et les démocrates arrivaient par malheur au pouvoir, les Etats-Unis s’effondreraient dans le chaos et la civilisation occidentale disparaitrait (Charlie Kirk, président de Turning Point USA). 2020 est une année tout aussi compliquée avec d’un côté les assassinats de George Floyd et Jacob Blake et de l’autre la crise du Coronavirus. La grande différence entre les deux situations est que Richard Nixon était un simple candidat, Donald Trump est président depuis près de quatre ans. Mais il est vrai qu’il ne veut assumer une quelconque responsabilité de la situation.

26 juillet
Entre deux conventions
Les démocrates viennent de tenir leur convention dans le contexte très particulier de la crise sanitaire. Le mot convention est sans doute inapproprié car il désigne une réunion solennelle de personnes liées par un intérêt commun. Quel bilan pour le parti de l’âne ? Joe Biden n’est sans doute pas le candidat charismatique que l’on pouvait attendre, Kamala Harris comblant sans doute ce manque, mais :
1. Il ne suscite pas l’exécration qu’inspirait Hillary Clinton
2. il a réussi à mettre en ordre de marche les différentes tendances de son parti pour l’élection
3. Il a réussi à attirer des républicains de marque comme John Kasich ou Colin Powell
4. Il est mesure de battre Donald Trump
Cette semaine, c’est au tour des républicains de tenir leur convention dont l’organisation a bénéficié de l’aide des producteurs de l’émission The Apprentice, Reality TV oblige. Il aura évidemment le rôle de star incontestée et parlera tous les soirs. Aussi, on restera en famille avec Melania, Lara, Eric, Donald Jr, Jared… Mais il est peut probable qu’il ait réussi à attirer des démocrates déçus de la candidature de Biden.

12 juillet
« Are you better off today than you were four years ago? »
Telle était la question posée par Ronald Reagan lors de son seul débat avec Jimmy Carter le 28 octobre 1980. Si Joe Biden reposait la question aujourd’hui, on connaît la réponse. 2020 est sans doute la pire année depuis plus d’un demi-siècle. 87 % des Américains ne sont pas satisfaits de la situation actuelle, 17 % seulement se déclarent fiers de l’état du pays, 71 % se disent en colère et 66 % expriment un sentiment de peur. Face à un tel état de l’opinion, il sera bien difficile à Donald Trump de défendre son bilan. Même si on a été échaudé par les pronostics et autres sondages il y a quatre ans qui donnaient tous Hillary Clinton gagnante, on voit difficilement comment Donald Trump pourrait se sortir d’un tel bourbier. Mais on le sait, c’est là une de ses grandes forces : se sortir des situations les plus difficiles. Quel qu’en soit le coût pour les autres. Et son atout : ne pas s’embarrasser des faits et de la réalité qui peuvent être courbés à l’aune des besoins du moment.

5 juillet
MAGA ? Non MAWA
Make America Great Again, tel était l’un des deux slogans de la campagne de 2016 de Donald Trump avec America First. Mais comme le considérait Tony Morrison, « il ne signifie pas ce qu’il veut dire Il ne signifie pas rendons sa grandeur à l’Amérique, mais redonnons sa blancheur à l’Amérique – Make America White Again » (Revue America N°1, 2017). Quatre plus tard, le discours donné au Mount Rushmore à l’occasion de la fête nationale charrie toujours la même idée : l’Amérique est en fait l’Amérique blanche. Une idée de plus en plus décalée au regard de la démographie, mais surtout de l’actualité. Le mouvement qu’a suscité le meurtre de George Floyd par un policier blanc est le plus important jamais enregistré dans le pays : des manifestations dans plus de 500 villes auxquelles auraient participé entre 15 et 25 millions de personnes, de toutes races. Car c’est là un phénomène marquant de ce mouvement : il est largement partagé. White Grievance contre push to equality tel est le message que pousse Donald Trump pour 2020. MAGA est devenu Transition to Greatness qu’il faudrait traduire selon Toni Morrison comme Transistion to Whiteness. Et America First est devenu America Alone.

28 juin
Demandez le programme !
« What is one of your top priority items for a second term? » demandait Sean Hannity lors de l’interview en public la semaine dernière sur la chaîne Fow News. La réponse de Donald Trump est assez claire : « Well, one of the things that will be really great… You know, the word experience is still good. I always say talent is more important than experience. I’ve always said that, but the word experience is a very important word. It’s a very important meeting. I never did this before. I never slept over in Washington. I was in Washington, I think, 17 times. All of a sudden, I’m president of the United States. You know the story. I’m riding down Pennsylvania Avenue with our First Lady and I say, “This is great. » Au moins en 2016, il proposait quelque chose : « build a wall, lower taxes, lock her up, America First et Make America Great Again ». (Pour lire la totalité de l’Itw)

21 juin
Escalade
Dans un numéro de duettistes népotique où le fils interview le père dans le cadre de la campagne 2020, le fils avance l’idée que Osama Ben Laden projetait d’assassiner Barack Obama pour mettre Joe Biden en charge de l’Amérique et la conduire ainsi à sa destruction. Le père, qui fait mine d’être surpris, lui répond tout de go que c’est un excellent sujet pour une publicité politique. Le ridicule le dispute à l’ignoble. Osama Ben Laden, mort il y a plus de neuf ans, soutien de Joe Biden, il fallait y penser et surtout oser.
A la suite de la publication du livre de John Bolton, « In the Room Where it Happened », Mike Pompeo, le ministre des affaires étrangères, dans un communiqué officiel publié sur le site du Department of State intitulé « I Was In The Room Too » déclare qu’il n’a pas lu le livre, mais que les citations qu’il a pu découvrir dans la presse sont « a number of lies, fully-spun half-truths, and outright falsehoods ». Et il qualifie ensuite son ex-collègue de « traitor who damaged America by violating his sacred trust with its people ». Un ministre des affaires étrangères qui qualifie un conseiller à la sécurité nationale du même gouvernement de traitre, c’est inédit. Et l’un des deux ment. Qui pensez-vous que cela peut-être ?
Deux évènements qui montrent bien la tournure que va prendre la campagne. Chaque semaine, on pense toucher le fond, on est tout simplement en présence d’un puits sans fond.

14 juin
Décharge
« En cliquant sur le lien ci-dessous, vous reconnaissez qu’il existe un risque inhérent d’exposition à la covid-19 dans tout lieu public où des personnes sont présentes. En assistant à ce meeting, vous reconnaissez assumer tous les risques et vous vous engagez à ne pas poursuivre Donald Trump ». Tel est le message que doivent signer les Américains qui souhaitent participer au meeting de campagne le 20 juin prochain à Tulsa dans l’Oklahoma. Peut-être Donald Trump devrait utiliser le même procédé en novembre prochain avec un message du type : Si vous souhaitez que l’environnement continue à être saccagé, que la société soit toujours plus divisée, que les riches deviennent encore plus riches, que le gouvernement soit un peu plus corrompu, que le népotisme soit accompagné par la ploutocratie et la kleptocratie, que les États-Unis soient encore plus isolés, vous pouvez voter Donald Trump mais surtout vous vous engager à ne pas poursuivre le président si tout cela arrive.

7 juin
Bataille de chiffres
107 000 morts pendant la crise du Coronavirus à ce jour, c’est un lourd tribut payé par les Américains. Pour Donald Trump ce n’est pas grand-chose par rapport aux 200 000, voire 2 millions que le pays aurait pu compter s’il n’avait pas géré la crise de main de maître.
Les derniers chiffres du Department of Labor indiquent que 2,5 millions d’emplois ont été créés au mois de mai. « THESE NUMBERS ARE INCREDIBLE, It’s a stupendous number. It’s joyous, let’s call it like it is. The Market was right. It’s stunning! » s’est empressé de tweeter le président. En fait de création, il s’agit de personnes qui ont retrouvé leur emploi. Dit autrement, sur les 22 millions d’Américains mis au chômage forcé en mars et avril, 11 % ont donc retrouvé leur emploi (Fait aggravant, les Noirs et les Hispaniques sont pour l’instant exclus de cette embellie). Les autres 89 % restent dans l’inquiétude et certains ne sont sûrs de rien. Leur activité aura tout simplement été engloutie par l’épidémie. On le voit, il a lieu d’être « joyeux ». Mais c’est là la carte que va pousser Donald Trump jusqu’à novembre. L’année prochaine sera la meilleure de toute l’histoire des Etats-Unis et les coiffeurs raseront gratis.

24 mai
In Trump we trust!
« Some governors have deemed liquor stores and abortion clinics as essential, but have left out churches and other houses of worship, its not right so I’m correcting this injustice and calling houses of worship essential (…) In America we need more prayers, not less ». C’est Donald Trump, en manque de prières, qui parle. On le sait, le président des États-Unis est un fervent et ardent croyant dont la vie a été guidée par les enseignements de Dieu. Le problème est que ses déclarations sont entendues et écoutées. Le pasteur John McArthur, qui dirige la Grace Community à Sun Valley près de Los Angeles, a indiqué vendredi qu’il rouvrait sa megachurch parce que Donald Trump avait qu’il fallait les rouvrir, sans masques « parce qu’ils ne servent à rien », sans se préoccuper du « social distancing » et en chantant à pleine voix (attention aux gouttelettes). Faut-il rappeler qu’au début du mois de mars, 52 choristes d’une église de Mount Vernon dans l’état de Washington avaient été infectés occasionnant deux morts ? A l’époque on ne savait pas encore. « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » pourrait répondre Donald Trump dont la popularité chez les évangéliques avait ces derniers temps connu une baisse de régime. Ceci explique cela tout simplement. Peut-être pourrait-il invoquer le Defense Production Act pour obliger les églises à fabriquer des prières!

17 mai
L’heure de la guerre biologique ?
De nombreux chefs d’état ont filé la métaphore guerrière pour parler de l’épidémie du Covid-19. Celle-ci revient comme un boomerang, mais sous une autre forme. Jusqu’ici, la suprématie d’un pays se mesurait notamment par la puissance de son armée c’est-à-dire par sa capacité à anéantir l’adversaire et en conséquence à supprimer des vies. Cela nous rappelle l’expression de Staline « Le Pape, combien de divisions ». La pandémie du Coronavirus va-t-elle radicalement changer ce point de vue et devenir une sorte de révolution copernicienne dans la course à la suprématie mondiale. La Chine et les États-Unis, voire l’Europe, se sont lancés dans une bataille acharnée pour trouver un vaccin. Cet avantage suprême face au Covid-19 est donc en creux une arme équivalente au canon. Il ne permet pas de détruire directement des vies, mais un pays ayant cet avantage et décidant d’en garder le monopole obtiendrait le même résultat. La guerre des canons va-t-elle laisser place à la guerre des médicaments ?

10 mai
Pas de limite supérieure pour un réel succès
50 000 morts, c’est beaucoup mais ça aurait pu être 100 000. 100 000 morts c’est beaucoup mais ça aurait pu être 200 000. A un moment, Donald Trump avait même évoqué 2,2 millions de morts prenant ainsi de la marge dans son calcul macabre pour transformer un désastre en triomphe. Donc, on l’aura compris, du point de vue de la Maison Blanche, la gestion de la crise du Covid-19 est une « tremendous » réussite, une « success story that needs to be told » avait expliqué Jared Kushner, le gendre du président et haut conseiller spécial, à la chaîne Fox News. C’est notamment lui qui a influencé Donald Trump sur l’idée que les médias exagéraient grandement la gravité de la crise sanitaire. Good Job Jared !

3mai
De La Peste au Covid-19
« Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer (…) Nos concitoyens n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposaient que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pu penser à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux ».
Albert Camus, La Peste

26 avril
Plus que la guerre du Vietnam et la Grande Dépression
À la fin de la semaine, la crise du Covid-19 aura causé plus de 60 000 morts, en cinq semaines, plus que de victimes que la guerre du Vietnam qui a causé environ 58 000 morts dans les rangs de l’armée américaine, en onze années.
À ce jour, plus de 32 millions d’Américains, soit 20 % de la population active, sont au chômage. Une étude publiée fin mars par la Federal Reserve Bank of St. Louis estimait que cette épidémie pourrait mettre 47 millions d’Américains au chômage, soit 32 % de la population active, plus que pendant la Grande Dépression où le taux de chômage avait atteint 25 %.
Comparaison n’est pas raison dit-on souvent. Et pourtant, à eux seuls, ces deux chiffres donnent une idée de l’impact que cette épidémie va avoir sur les États-Unis, et sur les autres pays d’ailleurs.

19 avril
Dystopie
En cette fin de mois de mai 2036, l’épidémie causée par le virus H3N4 continue de faire des ravages aux Etats-Unis. Après avoir atteint les deux côtes, la vague épidémique déferle sur le Midwest et le Sud. Le président préfère laisser la bride sur le cou aux gouverneurs pour qu’ils gèrent la crise. L’état fédéral sera présent si nécessaire. C’est la nouvelle doctrine. Tout le monde n’est pas FDR. Le Congrès ne siège plus depuis quelques semaines et le président se plaint que ses nominations ne soient pas approuvées. Le président diffuse des messages attisant les groupes activistes et générant de véritables révoltes dans plusieurs états. Il fait alors appel à la Garde nationale qu’il dépêche pour restaurer le calme. Mais le situation s’aggrave donnant un air de guerre civile dans le pays. Après plusieurs semaines de tourmentes, le président signe un décret déclarant que la situation ne permet pas de tenir les élections dans des conditions satisfaisantes et donc qu’elles sont reportées sine die. Après avoir fait part de réticences, le Sénat se plie aux volontés du président. Les élections de novembre 2036 sont finalement annulées et le président restera quatre ans de plus à la Maison Blanche. Gerald Ford avait été le seul président non élu, ce nouveau président sera le premier à avoir été élu pour quatre ans et à faire huit ans.

12 avril
A quoi sert tant de puissance ?
Les Etats-Unis ont un budget militaire qui dépasse celui des 8 pays qui les suivent (voir ici).  Et pourtant, ils semblent avoir beaucoup de mal à gagner les guerres : le Vietnam, l’Afghanistan… Et même en Iraq, la victoire affichée a été une cinglante défaite déstabilisant toute une région. Les Etats-Unis ont les meilleurs laboratoires en recherche médicale du monde. Sur les 110 prix Nobel de médecine et de physiologie qui ont été décernés à 219 lauréats depuis 1901, 99 l’ont été à des chercheurs américains. Et pourtant, face à l’épidémie du coronavirus actuelle, les Etats-Unis apportent une des plus mauvaises réponses de la planète et en paieront le plus grand tribut (plus de 20 000 morts à ce jour). Les Etats-Unis sont la première puissance économique du monde et ses performances récentes étaient sans cesse montrées en exemple. Et pourtant, le Covid-19 va ravager cette économie dans des proportions largement supérieures à la plupart des pays développés.

5 avril
Vocabulaire de guerre
Beaucoup de dirigeants de ce monde ont qualifié cette pandémie de guerre contre le coronavirus que certains n’ont pas hésité à baptiser « Chinese virus ». Mais alors il faudra filer la métaphore jusqu’au bout. Si l’on reprend le vocabulaire de la Première Guerre mondiale, il faudrait parler de déclaration de guerre, de batailles, certaines héroïques, d’autres moins glorieuses, de fronts comme ceux de New York ou de San Francisco, d’active et de poilus pour qualifier les personnels soignants en exercice, d’artillerie incluant le matériel comme les respirateurs et autres matériels pour lutter contre la maladie, d’anastasie qui, ici, est plutôt liée à la surinformation, de barda en parlant de l’équipement d’astronaute que sont obligés de porter les soignants, de biffins pour louer tous ceux font tourner l’économie, de blockhaus pour qualifier ce que sont devenus nos logis, de bourrages de crâne pour qualifier certaines conférences de presse, de fosses communes en pensant aux camions frigorifiques pour stocker les corps provisoirement en attendant de les inhumer dignement, de gnole et pinard que l’on prend pour l’apéro, devenu quotidien, de casques Adrian comme équivalent de certains médicaments, de No man’s land pour décrire ce que sont devenus nos rues, de Pain K.K., popote et rata pour nos rations quotidiennes et de bec de gaz qui désigne l’échec d’une campagne militaire. Il ne faudra pas alors oublier limoger, conseil de guerre, cour martiale et peloton.

29 mars
Biden contraint à une « campagne de perron »
Joe Biden est quasiment obligé à rester confiné chez lui, épidémie de Coronavirus oblige. Il renoue ainsi avec une tradition des campagnes de perron (Porch Campaign) qui a été relativement courante à la fin du 19e siècle. C’est ainsi que William McKinley, candidat républicain confronté au démocrate William Jennings Bryan – qui interviendra en tant que procureur dans le procès du singe – fit campagne depuis le Front Porch de sa maison de Canton dans l’état de l’Ohio. Avec comme avantage que sa maison était proche de la gare de chemin de fer et que les délégations venaient l’écouter devant chez lui. Pour sa part, Joe Biden a participé ainsi à plusieurs town hall meetings virtuels. D’un point de vue strictement pratique, la crise actuelle le dessert largement pour mener campagne, une campagne totalement à l’arrêt. A l’inverse, Donald Trump est omniprésent, en particulier grâce à ses points de presse quasi quotidiens où il ne manque une occasion de s’autocongratuler. Cela pourra se retourner contre lui étant donné la gestion très approximative et erratique de la crise au niveau fédéral. Mais, conformément à son habitude, il aura soin de se défausser de toutes responsabilités en déléguant la faute aux gouverneurs, maires, voire médecins.

22 mars
Rendre visible un ennemi invisible
Le SARS-CoV-2 qui cause la terrible pandémie COVID-19 a le grand inconvénient : être invisible. Aux Etats-Unis comme en France, les présidents ont déclaré qu’il s’agissait là d’une guerre. Qu’à cela ne tienne, Donald Trump n’est-il pas un génie du marketing et de la manipulation ? Comment gagner une guerre contre un ennemi invisible ? Un problème sur lequel il a été demandé à un consultant de plancher (Why Trump, the Radical Republicans and Fox News Are Calling It the ‘Chinese Virus’). Sa réponse (diabolique) : « Change the name of the virus. Don’t say « coronavirus » or it’s real désignation, SARS-CoV-2. Instead call it « Chinese Virus ». Depuis, Donald Trump, les républicains, Fox News, les radios alt-right reprennent l’expression en boucle en expliquant que c’est tout simplement pour être précis. Et d’en rajouter en critiquant les Chinois de ne pas avoir informé le monde suffisamment tôt. Si la Chine ment sur ses chiffres, elle a informé l’OMS qu’elle avait identifié un nouveau virus appartenant à la famille des Coronavirus baptisé alors 2019-nCoV le 7 janvier 2020. Cette manœuvre d’un péril jaune réactualisé est très efficace et permet aux supporters du président de se ressourcer contre un ennemi visible.

15 mars
La peur et l’inconscience
« So, first of all, let me assert my firm belief that the only thing we have to fear is fear itself—nameless, unreasoning, unjustified terror which paralyzes needed efforts to convert retreat into advance » avait déclaré Franklin Roosevelt dans son discours inaugural de 1933. Sans aucun doute. Mais une autre chose qu’il faudrait craindre tout autant, voire plus, est l’inconscience ou l’ignorance. Que penser de ceux qui blâment toujours les autres – Barack Obama, la Chine, les Européens, les médias – au lieu de surmonter leurs propres insuffisances ? De ceux qui parlent de « virus étranger » comme si les virus avaient des passeports ? De ceux qui se surestiment en permanence en considérant que le « virus n’a aucune chance contre nous » ou que « nous avons la meilleure économie et le meilleur système de santé » ? La peur est mauvaise conseillère dit-on. L’inconscience et l’ignorance encore plus !

8 mars
Eclaircies ?
La vague du Super Tuesday a déferlé sur les primaires démocrates et fait sombrer tous les protagonistes sauf deux : Joe Biden et Bernie Sanders (Tulsi Gabbard est encore officiellement dans la course). On se retrouve dans la configuration de 2016 avec deux candidats : Bernie Sanders dans son propre rôle et Joe Biden en lieu et place d’Hillary Clinton. Après le Super Tuesday de 2016, Hillary Clinton comptait 518 délégués, Bernie Sanders 347. Il en fallait 2382 pour gagner. Bernie Sanders est allé jusqu’au bout et n’a apporté son soutien à Hillary Clinton que deux semaines avant la Convention. Les super délégués ont porté le coup de grâce. Et la réconciliation ne s’est pas faite dans de bonnes conditions. A ce jour, Joe Biden compte 664 délégués et Bernie Sanders 573. Il en faut 1991 pour gagner.
Sachant que cette fois les super délégués ne votent dans le cas d’une « broken convention ». Rien n’est donc joué même si Joe Biden semble avoir les chances de son côté. Mais pour Frank Bruni dans le New York Times (Bernie Sanders Has Already Won the Democratic Primary), ce n’est pas trop grave, car Bernie Sanders a déjà gagné la bataille des idées en orientant le bateau démocrate vers les idées progressistes.

1er mars
En attendant le Super Tuesday !
Première conséquence de cette primaire de Caroline du Sud, le milliardaire Tom Steyer abandonne malgré les millions investis pour influencer le scrutin. Deuxième conséquence, Joe Biden, qui était très mal en point, relance sa campagne en remportant près de 50 % des voix, dont une grande majorité du vote noir (64%), et peut se présenter comme l’alternative centriste crédible à Bernie Sanders, second de ce scrutin avec seulement 20 % des suffrages. La seule inconnue reste la performance que va réaliser Michael Bloomberg mardi prochain dans les 14 primaires qui attribueront près de 40 % des délégués. Se dirige-t-on vers un match à deux ou à trois pour les semaines qui viennent ? Quant à Elisabeth Warren, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, la fin de la campagne pourrait être proche. En fin commentateur politique, Donald Trump félicite « Sleepy Joe » et pousse toujours l’argument que les démocrates font tout pour démolir la candidature de Bernie Sanders.

23 février
Qui pour arrêter la machine Bernie ?
Les résultats des Caucus du Nevada sont impressionnants. Bernie Sanders devrait gagner 46 % des voix (le dépouillement n’est pas terminé) écrasant tous ses opposants, y compris Joe Biden qui n’est qu’un lointain second avec 19 % des voix dans un scrutin qui a rassemblé 100 000 électeurs sur un état qui compte 3 millions d’habitants. Le socialiste proclamé fait un score aussi élevé qu’en 2016 alors qu’il n’était opposé qu’à Hillary Clinton. Il a réussi à capter 27 % des voix des Noirs et 53 % des Hispaniques et gagne dans tous les groupes d’âge à l’exception des plus de 65 ans démentant l’idée qu’il est seulement l’égérie des étudiants et des jeunes diplômés. Après le Nevada, certains candidats devraient annoncer qu’ils se retirent clarifiant encore un peu plus la compétition. Le résultat de la Caroline du Sud où il n’avait réuni que 26 % des suffrages en 2016 donnera une bonne indication de son emprise sur l’électorat démocrate. Et le Super Tuesday, le 3 mars prochain, montrera si Michael Bloomberg a quelques chances de gagner un pari osé. Si Joe Biden se maintient, il jouera alors en faveur de Bernie Sanders.

16 février
Pour une justice assujettie et dépendante
Fake News : Que pensez-vous des recommandations proposées par les procureurs concernant la peine proposée pour votre ami Roger Stone ?
DT : Qui sont ces quatre procureurs ? Proposer 9 ans de prison pour un fantastique ami qui rien fait de mal sauf me soutenir avec des moyens non conventionnels, c’est un scandale. Je vais en parler à mon très bon ami Bill Barr. Et il fera quelque chose de magnifique pour aider Roger. J’en suis certain.
Cette conversation est une fiction mais sa ressemblance avec la réalité est totale. On ne commente par une affaire de justice en cours et même une décision de justice, disent les politiques qui sont interrogés sur une affaire en cours. Ah bon ! Non, on corrige la décision quand elle ne me convient pas, répondrait Donald Trump si on l’interrogeait sur l’affaire Roger Stone. L’avantage avec Donald Trump, qu’il n’a aucun surmoi, est qu’il fait ouvertement ce que d’autres auraient peut-être pu faire en catimini. Ce qui n’exclut d’ailleurs pas qu’il fasse dans l’ombre des choses encore bien plus graves.

9 février
You’re no Jack Kennedy!
« Senator, I served with Jack Kennedy, I knew Jack Kennedy, Jack Kennedy was a friend of mine, Senator, you’re no Jack Kennedy », c’est la réplique devenue fameuse faite le démocrate Lloyd Bentsen, candidat à la vice-présidence, lors d’un débat qui l’opposait à Dan Quayle, empêtré dans une réponse où il avait osé citer John Kennedy. Depuis la phrase a été transformée en un anathème pour dénigrer et rapetisser son opposant. Joe Biden, en difficulté après les Caucus de l’Iowa et en position difficile dans les primaires du New Hamsphire, a dégainé l’arme fatale en déclarant : « This guy’s not Barack Obama. Barack Obama had been a senator of a really large state. Barack Obama had laid out a clear vision [concerning international relations] ». Une critique d’autant plus surprenante que Pete Buttigieg ne s’est jamais comparé à Barack Obama. La victoire réunit, la défaite divise.

2 février
En route pour un deuxième mandat ?
Mardi prochain 4 février, Donald Trump va venir au Congrès pour donner son troisième discours sur l’Etat de l’Union. Il va pour jouer sur deux registres : triomphant et victimaire. Il a été acquitté par un Sénat à majoritaire républicaine, ou plutôt trumpoblicaine devrait-on dire désormais. Et cela aux termes d’un procès en sorcellerie initié par une Chambre des représentants à majorité de radicaux « do nothing » démocrates. Maintenant qu’il a terrassé (terrorisé ?) les sénateurs républicains, il va pouvoir tout mettre en œuvre pour sa réélection. En utilisant tous les moyens qu’il souhaite puisque c’est désormais autorisé puisque c’est dans l’intérêt national. Faut-il rappeler qu’il a été élu par une minorité d’Américains ? Et que penser d’une majorité républicaine au Sénat qui représente 15 millions d’Américains de moins que la minorité démocrate. La tyrannie de la minorité ?

26 janvier
« Get rid of her »
Le 30 avril 2018, au Trump International Hotel 0 Washington, Lev Parnas et Igor Fruman, deux Américains nés respectivement en Ukraine et en Biélorussie, et associés à Rudy Giuliani dans des affaires en Ukraine, sont présents à un diner de donateurs en faveur de Donald Trump. Une vidéo prise par Igor Fruman qui vient d’être rendue publique montre Lev Parnas expliquer à Donald Trump qu’il faut se débarrasser de Marie Yovanovitch, ex-ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine et diplomate de carrière. Au motif avoué à Donald Trump qu’elle est un soutien d’Hillary Clinton et qu’elle déclare à qui veut l’entendre que Donald Trump va être destitué. En fait, Lev Parnas la considère comme un obstacle à ses affaires en cours en Ukraine, notamment dans le domaine de l’énergie. Sur ces simples allégations, Donald Trump, qui ne souvient pas du nom de l’ambassadrice, répond tout de go : « Get rid of her. Get her out tomorrow. I don’t care. Get her out tomorrow. Take her out. O.K.? Do it. »
Igor Fruman et Lev Parnas ont été arrêtés le soir du 9 octobre 2019 à l’aéroport international de Dulles et accusés d’avoir prévu de diriger des fonds d’un gouvernement étranger vers des politiciens américains tout en essayant d’influencer les relations américano-ukrainiennes.

19 janvier
Accord historique ou cessez le feu ?
En pointant la Chine comme une des questions majeures à laquelle doivent s’atteler les Etats-Unis, Donald Trump a vu juste. Pour la traiter, il a utilisé ses armes favorites que sont l’intimidation, la provocation et la menace avec la mise en place des droits de douanes. Donald Trump et Liu He, le Vice-premier ministre chinois ont donc signé un accord qui, dans la terminologie de Donald Trump, ne pouvait qu’être « historique ». En fait, il ne s’agit que de la phase 1 qui apporte certaines avancées, dont une garantie d’achats de 200 milliards de dollars supplémentaires de biens et services américains dans les deux années à venir – seulement 40 milliards de produits agricoles -, une meilleure protection de la protection intellectuelle et un accès facilité au marché chinois pour les entreprises américaines. Mais les droits de douane persistent – seuls ceux qui avaient été envisagés ne seront pas mis en place -, tout comme le financement de l’économie étatique, l’arrêt des sanctions contre les sociétés technologiques chinoises… La phase II sera certainement plus complexe, mais c’est pour après les élections. Et le problème de la montée en puissance de la Chine reste inchangé. Les Américains vendent des poulets et du soja, très bien. Souhaitent-ils être dépendant de la Chine pour les technologies de pointe ? Le Made in China 2025 c’est dans cinq ans seulement.

12 janvier
Tuer Soleimani : pour quoi faire ?
A 12 :36, le général Soleimani atterissait à Badgad. A 12 :47, sa voiture était percutée par un drone MQ-9 Reaper de General Atomics tuant le général et les personnes qui l’entouraient. C’est ce que relate le New York Times avec précision. C’est peut-être le point d’orgue de 40 ans de ce que les Etats-Unis vivent comme une humiliation et dont Donald Trump s’est voulu être le vengeur démasqué. Il s’est ainsi arrogé le droit du tuer le responsable d’un autre pays certes franchement hostile mais avec il n’est pas en guerre. On ne regrettera pas le général qui a beaucoup de sang sur les mains mais imagine-t-on que les Iraniens fassent une action comparable sur un responsable américain, fut-il en déplacement à l’étranger. Les Iraniens ont répondu… mollement indiquant qu’ils ne souhaitaient pas aller plus loin. Officiellement. Les Européens ont répondu… mollement. Mais il est peu probable qu’ils en restent là. Ils vont poursuivre leur guérilla par procuration dans toute la région. Donald Trump marque peut-être un point mais dans quel objectif et avec quelle stratégie ?

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