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Syrie : Et pour quelques missiles de plus !

Après la terrible attaque au gaz sarin de mardi dernier, Donald Trump a ordonné le tir de 59 missiles Tomahawk sur la base militaire de Shayrat qui abrite la 50e Air brigade de l’armée syrienne pour montrer à Assad qu’il venait de franchir « many lines »[1].

Pour certains, y compris parmi ses détracteurs comme Fred Zakaria, ou supporters, Trump est devenu président à ce moment précis. Pour d’autres, il a fait un virage à 180° rompant avec sa politique « America Fisrt ».

Clairement cette attaque ne règle rien et fait entrer Donald Trump dans une guerre dans laquelle il ne souhaitait en aucun cas intervenir. En 2013, Assad avait lancé une première attaque au gaz dans la banlieue de Damas provoquant la mort de 1423 personnes, pour la plupart des civils.

Barack Obama, qui avait fait cette déclaration maladroite sur la fameuse ligne rouge décida de ne rien faire. Beaucoup lui ont reproché et certains pensent que ce fut le signal pour les Russes d’intervenir et de se mettre en première ligne. A l’époque Donald Trump publia de nombreux tweets conseillant à Barack Obama de ne rien faire, de ne pas intervenir dans une guerre qui ne met pas les Etats-Unis en danger, n’atteint pas ses intérêts et ne la concerne pas.

Durant sa campagne, la candidat Trump a maintenu cette doctrine résumée par la formule « America First ». Mardi dernier, le boucher Assad lance une nouvelle attaque au gaz tuant 80 personnes. Dans sa conférence de presse conjointe avec le roi Abdullah de Jordanie, Donald Trump n’a pas donné d’information particulière mais semblait déjà avoir pris une décision qui allait à l’opposé de sa doctrine et de la déclaration de son secrétaire d’Etat Rex Tillerson selon laquelle c’était au « Syrian People to decide Assad’s fate ».

Ce lancement de missiles semble donc s’appuyer sur une réaction émotionnelle et sur l’impulsivité de Donald Trump mais elle ne règle rien. D’autant qu’on peut être amené à penser qu’elle ne s’inscrit dans aucun plan ou réflexion d’ensemble puisqu’il y a quelques jours seulement, une telle initiative n’était pas à l’ordre du jour. Evidemment, Donald Trump n’a pu s’empêcher de critiquer son prédécesseur de ne pas lancer d’offensive en Syrie alors même qu’il l’intimait fortement de ne pas se mêler des affaires syriennes. Le qualifiant de faible. De leur côté, les républicains ont la mémoire courte car il avait refusé de soutenir Obama dans le plan d’attaques aériennes qu’il avait proposées après l’attaque de Ghouta. Les Russes ont alors proposé un accord : contrôler l’utilisation des armes chimiques du gouvernement syrien en échange que les Américains n’attaquent pas Assad.

De la Syrie, Donald Trump avait relativement peu parlé. En revanche, il a promis à de nombreuses mesures d’écraser ISI. Il avait un plan.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, aucune initiative ni même information sur le sujet.

Cette décision constitue donc un revirement complet, ne semble pas accompagné d’une stratégie et ne bénéficie pas du soutien normal des techniciens du Pentagone et du Secrétariat d’Etat puisque ceux-ci ne sont pas encore en place. A plusieurs reprises les analystes ont pointé du doigt cette faiblesse de l’administration Trump qui est encore loin d’être au complet deux mois et demi après l’inauguration du 20 janvier. Et ce n’est pas la photo de la « situation room » mis en place à la résidence de loisirs de Mar-a-Lago, qui peut faire écho à celle où l’équipe Obama suivait l’opération des Navy Seals pour traquer Ben Laden, qui peut nous rassurer. Autour de la table, on trouve Jared Kushner, le gendre de Trump, aucune expérience des affaires militaires, Steve Mnuchin, ministre des finances, Wilbur Ross, ministre du Commerce…

Trump a donc ordonné le lancement de 59 missiles. Dans quel but ? Envoyer un signal à Assad ? Faire diversion et se donner une stature de président ? Forcer les Russes à coopérer pour trouver une solution qui passe par la départ d’Assad ?

La rencontre la semaine prochaine entre Rex Tillerson et Vladimir Poutine nous en dire plus. Sachant que jusqu’ici la réaction des Russes a été molle minimisant le résultat de cette opération militaire. A quoi s’attendre ? D’autres lancement de missiles ? C’est probable. Plus de troupes au sol sachant qu’il y a déjà un millier d’Américains présents. Ce n’est pas impossible. En tous cas, c’est une poudrière en raison des différentes forces en présence dont celle de militaires russes qui rend toute initiative hasardeuse.

________
[1]
C’est la formule utilisée suite à une question à Donald Trump lors de sa conférence de presse avec le roi Abdullah de Jordanie en référence à la « red line ». Trump a ce tic verbal de répéter les mots comme pour leur donne plus de poids.

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