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Retour une présidence imprévue | Gérard Araud, ambassadeur de France aux Etats-Unis

De passage à Paris pour la semaine des ambassadeurs, Gérard Araud, ambassadeur de France aux Etats-Unis qui a fait une halte aux petits déjeuners de la French-American Foundation s’est montré humble devant les événements : « le 31 août 2016, j’avais affirmé que Donald Trump n’avait aucune d’être élu président des Etats-Unis. Nous vivons une période tellement étrange que je suis incapable de dire ce qu’il va se passer, d’ailleurs je n’ose plus le faire ».

Il suffit de se rappeler les enquêtes d’opinion et autres sondages, seule une ou deux avaient donné Trump gagnant et l’avantage à Hillary Clinton a été constant pendant les mois qui ont précédé la campagne. Donc ceux qui prétendent avoir vu arrivé le cataclysme sont peut-être un peu imprudent ou font état de fanfaronnade. Rappelons qu’Hillary Clinton a gagné le suffrage populaire mais « la candidate démocrate était très mauvaise et elle n’a pas eu de chances ».

Les Etats-Unis sont plutôt légitimistes mais c’est la première fois qu’une partie de l’opinion publique a déclaré d’emblée que « ce n’est pas mon président » poursuit Gérard Araud. De leur côté, les « démocrates ont le sentiment qu’on leur a volé les élections ».

« La présence de Donald Trump à la Maison Blanche suscite dans l’Establishment un véritable sentiment de révulsion et de son côté la presse américaine a perdu tout sens de l’impartialité, elle est entrée en guerre contre le président. Les Etats-Unis sont dans un état de guerre civile virtuelle, témoigne l’ambassadeur ». Il existe un climat de haine réciproque entre l’Establishment de Washington et la Maison Blanche qui prend un air de Fort Chabrol et qui manifeste un sentiment de défiance envers la technostructure. Avec raison car il n’y jamais eu autant de fuites que sous cette présidence.

A cette situation très sombre, il faut ajouter les dysfonctionnements de l’administration. D’abord, l’état de chaos dans lequel est la Maison Blanche avec un turn over très élevé, presque jamais vu. L’arrivée du général 4 étoiles John Kelly devrait permettre de stabiliser la situation tout comme la présence des autres généraux McMaster et Mattis et du conseiller économique Gary Cohn. Ceux que certains avaient baptisé les adultes de la Maison Blanche chargés de surveiller le « toddler » des lieux.

Ensuite et c’est là une situation habituelle liée au système du Spoils System selon lequel plus de 4000 hauts fonctionnaires, dont quelque 700 doivent être confirmés par le Sénat, sont renouvelés à chaque nouveau président. Une transition encore plus difficile lorsque le nouveau président n’est pas du même parti que le précédent. Sur ces 700 hauts fonctionnaires, seuls 90 l’ont été à ce jour et des responsabilités importantes, notamment au Secrétariat d’Etat, ne sont pas encore pourvues. A la même période sous Obama, le nombre était plutôt autour de 300.

« En fait, l’avenir se résume à un nom : Donald Trump » considère Gérard Araud. Est-ce que Trump peut changer, en général ou sur des sujets particuliers comme le climat ? « Concernant le climat, je ne crois pas mais comme l’avait Mike Bloomberg, ce n’est pas si grave car l’ensemble des forces vives sont favorables à l’accord du climat, les maires des grandes villes qui sont presque tous démocrates, les grandes entreprises, l’opinion publique en général ». Ici laissons à Trump ses gesticulations et ses tweets et occupons des vrais problèmes, semble dire Gérard Araud.

« La seule question sur laquelle Donald Trump n’a pas varié c’est le protectionnisme. Il est convaincu que le libre-échange a nui aux intérêts des Etats-Unis ». N’a-t-il pas mis un terme au TPP, relancé les négociations du NAFTA, émis l’idée de sanctions sur l’acier… Evidemment, c’est une idée que ne partagent pas les Républicains classiques ni les patrons des grandes entreprises. Dans un monde fermé, comment feraient Apple, General Motors, Ford, GE et tant d’autres multinationales.

Est-ce que ça va marcher ? « Je n’en sais rien », conclut-il humblement. Donald Trump va-t-il finir son mandat ? « Dans les dîners en ville, on entend en permanence des « ça ne peut plus durer » mais franchement, je ne vois pas pourquoi il ne fera pas ses quatre ans ». Si l’on veut se consoler de cette prédiction, il suffit de penser que si Trump était démissionné, ce serait Mike Pence qui prendrait sa place. Un type normal et certainement plus sympathique mais dont les idées le sont beaucoup moins.

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