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Républicain tendance Liz Cheney ou tendance Margerie Taylor-Greene ?

Si Trump est reparti dans ses quartiers d’hiver à Mar-a-Lago, son emprise sur le parti républicain reste forte. Deux événements montrent combien sa présence est toujours aussi forte.

D’abord les controverses générées autour de deux figures qui ont fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps : Liz Cheney, fille de l’ex-président Dick Cheney et numéro 3 de groupe républicain à la chambre des représentants et Marjorie Taylor-Greene, nouvelle élue de Géorgie qui s’est distinguée en relayant et reprenant à son compte les théories les plus farfelues.

Faut-il démettre Liz Cheney de sa fonction de responsabilité au sein du groupe républicain en la rétrogradant au rang de simple élue ? La raison : elle a osé critiquer le comportement du président et affirmé sa responsabilité dans les événements du 6 janvier et pire apporter sa voix aux élus démocrates en votant la procédure d’impeachment. Elle s’est distinguée de la meute en déclarant : « There has never been a greater betrayal by a president of the United States of his office and his oath to the Constitution. » Tollé chez les supporters de Trump, les ultras du Freedom Caucus, qui ne supportent pas que l’on puisse émettre une quelconque réserve sur le guide suprême et l’accusent de faire le jeu de l’ennemi, c’est-à-dire les démocrates. Elle refuse de s’excuser Ils demandent alors qu’on la destitue de ses responsabilités. Dans sa sagesse qui n’est en fait qu’un cache-misère de sa faiblesse, Kevin McCarthy essaie de temporiser et de ménager les deux bords. Alors qu’il avait lui-même suggéré que Donald Trump avait quelques responsabilités dans l’assaut du Capitole, il a fait marche arrière en allant à Mar-a-Lago pour se faire absoudre par Don Trump.

On lave le linge en famille dit-on couramment. Les républicains ont débattu pendant quatre heures avant de passer au vote et de maintenir la députée dans ses fonctions de responsabilité à la Chambre : 145 voix pour, 61 voix contre (vote secret il faut préciser qui permet de ne pas offenser ouvertement le maître de Mar-a-Lago. Soixante-et-un élus républicains ont donc demandé sa mise à pied. Et pourtant, Liz Cheney est loin d’être une « radical leftist », elle a soutenu Trump en 2016, puis en 2020 et a voté dans une très grande majorité dans le sens demandé par le président. Mais la « goutte d’eau » de l’assaut du Capitole a fait déborder le vase de la loyauté.

L’affaire Greene est encore plus symptomatique du dévoiement et de l’égarement du parti républicain. Novice en politique, elle s’est lancée dans la course à la députation pour être élue dans le 14e district de Géorgie avec une majorité de près de 75 %, trois électeurs sur quatre de son district ont donc voté pour elle en toutes connaissances des déclarations totalement farfelues qu’elle avait faites à différentes reprises et qui font preuve d’un esprit détraqué ou pervers. Parmi celles-ci, on peut citer :

– L’attaque terroriste contre les twin towers n’a jamais eu lieu ;
– les crimes de masse – parmi lesquelles les attaques de Sandy Hook et Parkland – sont organisés par des personnes favorables au contrôle des armes à feu ;
– les juifs ont pointé des rayons laser pour déclencher les méga incendies qui sont intervenus en Californie.
Pour n’en citer que quelques-unes.

La source d’inspiration de la majorité de ces inepties provient du mouvement QAnon. Et fort de viatique burlesque, elle a été largement élue dans sa circonscription. En septembre dernier, elle a posté une photo sur sa page Facebook dont l’interprétation est assez limpide et constitue clairement un appel à la violence. On imagine les cris d’orfraie si un représentant avait posé avec un AR-15 à côté de photos d’élus républicains.

 

Les élus démocrates ont demandé qu’elle soit démise de ses fonctions dans deux commissions, mais les républicains, sous la direction de Kevin McCarthy, a refusé de régler ce problème en interne. De telle sorte que la Chambre des représentants a été contrainte à un vote sur cette question. S’ils ont voté la démission à l’unanimité, ils n’ont été rejoints que par 11 républicains seulement. Le caractère public du vote explique peut-être la très faible participation d’élus soucieux de ne pas froisser Doanld Trump et d’avoir ainsi à subir des représailles en 2022 et à affronter un challenger dans une primaire républicaine. A signaler au passage que Liz Cheney n’a pas voté pour la démission de sa collègue.

Le parti républicain est-il en cours de recomposition ou plutôt de décomposition ? Charlie Sykes, éditeur du Bulwark, qui se présente comme un républicain, conservateur anti Trump présente les trois factions qui constituent actuellement le parti :

1) The Fear Caucus (Floaters)
2) The Kraken Caucus (Freedom)
3) The Milhouse Caucus (Institutionalists)

En fait, le premier devrait disparaître avec la peur elle-même, mais les deux autres sont faits pour rester pendant un bon moment.

Il est peu probable que deux partis issus du parti républicain émergent tant le système politique américain est fondé sur le bipartisme. Aucun candidat hors de ces deux institutions n’a jamais réussi à s’imposer. Les indépendants, souvent cités dans les sondage, expriment des opinions à mi-chemin des démocrates et des républicains. A chaque élection, ils sont bien obligés de se rallier à un camp ou à un autre.

Dans un avenir proche, le parti républicain conservera le même nom, mais changera complètement de référentiel pour adopter des positions qui ont été celles de leur mentor pendant les quatre dernières années où il était à la Maison-Blanche. Dans les années 1850, le parti Whig était largement divisé en pro et anti-esclavagiste. Les premiers ont perdu et les seconds ont donné naissance au parti républicain. Avec Abraham Lincoln comme premier président qui a eu a réglé ce problème au niveau national.

Le parti républicain est aujourd’hui partagé entre des extrémistes fanatisés pour qui réalité et fiction sont interchangeables, et républicains traditionnels.  La question aujourd’hui est de savoir quel groupe va prendre le dessus sur l’autre.

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