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Economie : le match démocrates-républicains

Dans un billet récent intitulé Economie : le match Obama-Trump montrait que, contrairement à une opinion couramment répandue surtout chez les républicains, la comparaison ne tournait pas à l’avantage du président républicain. Comparaison établie sur les trois premières années du mandat de Donald Trump (2017-2019) et les trois dernières années de Barack Obama (2014-2016) et qui ne prend pas en compte l’année 2020, très particulière en raison de la pandémie de la Covid-19. L’année 2021 sera également très particulière, car l’économie ne reprendra pas son cours normal avant le troisième trimestre.

Plus généralement, l’opinion courante est que les républicains seraient forts en économie et s’intéressent aux entreprises (deux notions assez différente d’ailleurs) et les démocrates se concentrent sur les questions sociales, liées aux minorités et aux inégalités. Un article récent publié par le New York Times intitulé Why Are Republican Presidents So Bad for the Economy? montre que c’est là une assertion qui va à l’encontre des faits. L’article s’appuie sur l’étude Presidents and the US Economy:

An Econometric Exploration publiée par Alain Blinder et Mark Watson, deux professeurs d’économie à L’université de Princeton. La comparaison sur une durée longue qui coure de 1933, date de la prise en fonction de Franklin Roosevelt et à son New Deal, à 2020,   année qui a mis un terme à la période MAGA et America First de Donald Trump, tourne à l’avantage des démocrates qu’il s’agisse de la croissance, de l’emploi, des salaires, de la productivité et même de la bourse.

On peut penser que la relation entre le pouvoir réel d’un président sur la marche de l’économie est peut-être moins forte que l’on ne pense. Mais, en général, les présidents s’arrogent les succès et délèguent la responsabilité des échecs aux contingences. Ce fut très clairement le cas de Donald Trump.

Depuis 1933, la croissance de l’économie mesurée par celle du PIB s’établit à 4,6 % sur les périodes présidées par les démocrates et 2,4 % sur les périodes présidées par des républicains. Énoncé différemment, le revenu moyen des Américains serait double de ce qu’il est aujourd’hui si la croissance s’était alignée au niveau de celle connue pendant les présidences démocrates. Mais c’est là une remarque sans grand fondement, car elle ne prend pas en compte les cycles économiques et les événements extérieurs, guerres ou épidémies par exemple. En démarrant en 1933, l’étude favorise plutôt les républicains puisqu’elle ne prend pas en compte les années 1929-1933 de la grande Dépression.

Pourquoi une telle relation ? Au mieux ou au pire, on pourrait dire qu’il s’agit d’une coïncidence plus ou moins forte et qu’il ne faut pas surévaluer les effets des actions du gouvernement. Mais à l’inverse, il est impossible d’affirmer que les républicains sont meilleurs que les démocrates pour ce qui est de l’économie.

La situation dont hérite un président est bien sûr un élément majeur à prendre en compte. Barack Obama ou George W. Bush arrivent en poste à un moment de récession (la crise des dot.com et de l’Internet de 2000 pour le premier et la crise des subprimes pour le second) alors que Harry Truman et Donald Trump entrent à la Maison-Blanche à une période de croissance. Lyndon Johnson et Ronald Reagan ont mis l’accent sur le budget de la défense, le premier pour assurer la guerre du Vietnam, le second dans la rivalité avec l’URSS.

S’il est difficile d’être conclusif sur les raisons qui expliqueraient la relation entre présidents démocrates et plus forte croissance (qui existe bel et bien), expliquent les auteurs de l’étude, il est en revanche possible de rejeter certaines explications. La première d’entre elles serait qui contrôle le Congrès. La relation est indépendante de ce facteur. On pourrait invoquer l’idée que la croissance est plus forte avec les présidents démocrates, car ils font plus appel au déficit laissaient le soin aux républicains de resserrer les cordons de la bourse. Faux concluent-ils encore. Sur les quatre dernières décennies (de Ronald Reagan en 1980 à Donald Trump en 2020), le déficit cumulé pendant les présidences républicaines est plus élevé que celui des présidences démocrates.

Parmi les explications que l’on pourrait avance pour justifier cette différence, les démocrates seraient plus pragmatiques et seraient plus enclins à tirer les leçons du passé pour décider des politiques qu’ils souhaitent mettre en œuvre alors que les républicains sont plus soucieux de coller à leur idéologie, notamment la baisse des impôts et les dérégulations. La maîtrise des déficits et de la dette faisait aussi partie de ce que l’on pourrait appeler le triptyque idéologique des conservateurs mais avec Donald Trump, il est passé complètement à la trappe. En général, les républicains justifiaient les réductions des dépenses sociales pour réduire les déficits. Avec Donald Trump, ils ont complètement abandonné ce repère. Autre différence pointée par les deux auteurs, les démocrates ont tendance a être plus offensifs pour combattre les crises. L’exemple le plus notoire – qui n’est pas pris en compte dans cette étude – est celui d’Herbert Hoover face à la crise de 1929. Mais George H.W. Bush a aussi été assez lent à réagir à récession de 1990-91 tout comme George W. Bush face à la crise qui a démarré en 2007.

 

Are you better off than four years ago ? avait demandé Ronald Reagan pendant sa campagne de 1980 face à Jimmy Carter. Peut-être pas sur cette période particulière même si ce dernier n’a pas été le pire en matière de croissance.

Quoi qu’il en soit, si les raisons expliquant cette différence, le résultat est là, l’économie américaine s’est mieux portée pendant les administrations démocrates.

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