Aller au contenu Skip to footer

Les entreprises sous influence grandissante des financiers

Encore plus que la concentration des entreprises, c’est la concentration des sociétés d’investissements dans les entreprises qui pose un réel problème à la société tant elle donne de pouvoir à ces entités. Selon un article publié par le magazine AMERICAN Affairs (The New Power Brokers: Index Funds and the Public Interest, Sahand Moarefy, Winter 2020 / Volume IV, Number 4), la participation des Big Three des sociétés d’investissements – Vanguard, State Street et BlackRock – dans les entreprises qui constituent le S&P 500 a quadruplé en vingt ans, en passant de 5,2 % en 1998 à plus de 20 % aujourd’hui. Et depuis dix ans, le nombre d’entreprises du S&P 500 dans lesquelles les Big Three possèdent plus de 5 % a été multiplié par 5. BlackRock et Vanguard détiennent plus de 5 % dans le capital de presque toutes les sociétés du S&P500. Au rythme actuel, les projections seraient de 28 % en 2028 et 33 % en 2038. En France, le montant des investissements de Blackrock dans les entreprises a été multiplié par trois depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée.

Ces entreprises financières ont un pouvoir tentaculaire leur permettant de pousser leur propre agenda, indépendamment, et même parfois contre, la volonté des États. Dans un Podcast publié par l’Iris (Peut-on faire confiance à BlackRock ? Entretien avec Denis Robert), Denis Robert, journaliste et spécialiste de la lutte contre la criminalité financière, qui a publié récemment Larry et moi, comment Blackrock nous aime, nous surveille et nous détruit, nous rappelle que Larry Fink, CEO de Blackrock et Jean-François Cirelli, président des filiales France, Belgique et Luxembourg, ont été les deux premiers invités d’Emmanuel Macron quand il a été élu président de la République. On en avait beaucoup parlé à l’occasion de la réforme des retraites et de la remise de la Légion d’honneur à Jean-François Cirelli. Denis Robert explique que Larry Fink est un des premiers défenseurs du mouvement libertarien selon lequel l’État doit être réduit à sa plus simple expression et que les services publics doivent être démantelés et ne sont efficaces que lorsqu’ils sont privatisés. Alors qu’il avait été pressenti pour être ministre des Finances de l’équipe Joe Biden, il a décliné la proposition considérant qu’il était plus puissant et plus influent en étant aux commandes de son entreprise.

Le pouvoir d’intervention de ces Big Three est encore plus important que leur participation financière puisqu’elles représentent environ 25 % des voix dans les élections des conseils d’administration.

Autre problème posé par ces entreprises est lié à leur double activité de conseil et d’investisseurs qui avait été posé en son temps pour les cabinets de consulting et des Big Five dont certains avaient été démantelés à la suite des scandales des années 2000 comme celui d’Enron.

Une des questions posées par l’auteur de l’article est de savoir si ce niveau de contrôle, sans précédent, est bon pour les entreprises et surtout les pays. Alors que ces sociétés d’investissement ne font que défendre leurs propres intérêts. Et depuis les années 80, date à laquelle la rémunération en action est devenue un élément de plus en plus important , les chefs d’entreprise ont défini la maximisation de la valeur des actionnaires comme l’élément principal de leur stratégie, mettant au second plan toutes les autres parties prenantes, notamment les salariés.


BlackRock possède 6,3% de Total, 6,5% de Sanofi, 6,4% de Publicis, 5,9% de Danone… en gros 5% du Cac40. BlackRock conseille la BCE, Airbus, Exxon, JP Morgan, Apple, la Grèce, l’État allemand ou la Commission européenne ? Ses représentants votent aux assemblées générales de 17000 sociétés dans le monde. Blackrock brasse 31000 milliards de fonds par an, elle a sauvé l’économie américaine après la crise du Covid ? Elle possède un système d’intelligence artificielle appelée Aladdin, née de la paranoïa maladive de Larry Fink sur la gestion du risque ? Mais pour survivre, BlackRock a besoin d’argent et de nouveaux espaces. On a ainsi retrouvé Larry à plusieurs reprises depuis deux ans chez Emmanuel Macron pour pousser – entre autres – au vote de la réforme des retraites par capitalisation.


 

 

 

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2024. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies