« L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent », signent un appel pour un retour de l’honneur et du devoir au sein de la classe politique. Bis repetita, une nouvelle tribune, de militaires d’active cette fois, vient renforcer le message.
« Our Nation is in deep peril. Our Nation is in deep peril. We are in a fight for our survival as a Constitutional Republic like no other time since our founding in 1776 » signent 124 généraux et amiraux à la retraite de l’autre côté de l’Atlantique.
Rien que ça.
On pourrait donc voir une analogie dans la démarche des militaires français et américains et pourtant les raisons en sont totalement différentes. Et il faut bien reconnaître que la démarche des militaires américaines est beaucoup plus radicale et sort totalement du champ de la raison.
Commençons donc par celle-là.
« The conflict is between supporters of Socialism and Marxism vs. supporters of Constitutional freedom and liberty ». Voilà le cœur du message que souhaitent véhiculer les militaires américains. On se croirait revenir en pleine guerre froide, pendant les années 60, au moment de la construction du mur de Berlin. Ils s’étaient déjà fendus d’une lettre ouverte en 2020 dans laquelle ils prenaient clairement parti pour Donald Trump et contre Joe Biden. « With the Democrat Party welcoming Socialists and Marxists, our historic way of life is at stake » n’hésitaient-ils pas à écrire.
Le pire dans la dernière lettre intitulée Flag Officers 4 America est qu’elle participe au Big Lie c’est-à-dire l’idée selon laquelle les élections ont été faussées et que Joe Biden n’est donc pas légitime. Ils accompagnent ainsi Donald Trump dans ce que l’on peut considérer comme une folie qui plusieurs mois avant les élections diffusait le message des élections « rigged » et continue depuis.
Donald J. Trump
10:27am May 3, 2021
The Fraudulent Presidential Election of 2020 will be, from this day forth, known as THE BIG LIE!
En votant aujourd’hui pour remplacer Liz Cheney, numéro 3 à la Chambre des représentants, par Elise Stefanik, les élus républicains transforment quasi officiellement le Republican Party en Trump Party.
Dans cette lettre ouverte, les généraux n’y vont pas de main morte en se plaignant de : « the Current Administration has launched a full-blown assault on our Constitutional rights in a dictatorial manner, bypassing the Congress, with more than 50 Executive Orders quickly signed, many reversing the previous Administration’s effective policies and regulations ». Le régime est dictatorial quand un président démocrate signe un décret mais ne l’est plus quand c’est un président républicain. Vont-ils critiquer la « Proclamation on National Day Of Prayer » du 5 mai indiquant que « NOW, THEREFORE, I, JOSEPH R. BIDEN JR., President of the United States of America, by virtue of the authority vested in me by the Constitution and the laws of the United States, do hereby proclaim May 6, 2021, as a National Day of Prayer ». Ou encore l’Executive Order selon lequel « Therefore, it is the policy of my Administration to encourage worker organizing and collective bargaining. » qui devrait être soutenu par les républicains qui se veulent le parti de la « Working class ». Ou encore l’Executive Order du 15 avril « on Blocking Property with Respect to Specified Harmful Foreign Activities of the Government of the Russian Federation ».
En conclusion : « Under a Democrat Congress and the Current Administration, our Country has taken a hard left turn toward Socialism and a Marxist form of tyrannical government which must be countered now by electing congressional and presidential candidates who will always act to defend our Constitutional Republic. The survival of our Nation and its cherished freedoms, liberty, and historic values are at stake ».
Nieraient-ils le droit aux démocrates de gouverner le pays s’ils étaient normalement élus. C’est le sens de cette lettre totalement outrancière qui, s’il se diffusait dans le pays, renverrait le Maccarthysme sur le terrain des bisounours.
A côté, les deux lettres des militaires français apparaissent plus nuancées mettant en avant certains malaises de la société françaises alors qu’elles sont tout aussi problématiques (Les références à un possible coup d’état ou aux « quarterons de généraux » sont bien excessives). Le début de la première est alarmiste et dénonce « le délitement qui frappe notre patrie ». Et ce délitement se décline sur trois fronts : un certain antiracisme, l’islamisme et la « haine qui prend le pas sur la fraternité ».
L’antiracisme fait également écho à ce que disent les militaires américains mais dans un sens différent sachant que la transposition entre les deux pays est très difficile tant les expériences sont différentes. « Certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques », disent les uns. « Today, many are calling such commonsense controls “racist” in an attempt to avoid having fair and honest elections. Using racial terms to suppress proof of eligibility is itself a tyrannical intimidation tactic » s’insurgent les autres qui soutiennent ainsi les nombreuses initiatives des Etats pour rendre le vote plus difficile visant en priorité certaines minorités. Souhaitent-ils le vote pour tous mais pas trop pour les Noirs ?
Parmi les autres outrances, les militaires américains point sur « The mental and physical condition of the Commander in Chief cannot be ignored ». Une version en anglais de la formule « Sleepy Joe » de Donald Trump.
Certaines formules sont tout aussi hasardeuses. Dans la première : « Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements (…) sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation. Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national ».
La seconde lettre (anonyme), qui vient en soutien des idées de la première, met en avant les opérations menées par les militaires français en Afghanistan, au Mali, en Centrafrique et reprend l’idée de « guerre civile ». Elle est aussi une réaction aux mesures prises par la ministre de la Défense (« Vous les avez traités de factieux ») dans la recherche des militaires en active ayant signés la première lettre alors qu’ils sont tenus au droit de réserve. Mais là encore, l’excès nuit largement au propos car comparer la période actuelle à 1940 et nos aînés aux résistants de cette époque ou aux poilus de 14 ne fait pas vraiment avancer le débat.
Open Letter from Retired Generals and Admirals We urge all citizens to get involved now at the local, state and/or national level to elect political representatives who will act to Save America, our Constitutional Republic, and hold those currently in office accountable. The “will of the people” must be heard and followed. | « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » À l’initiative de Jean-Pierre Fabre-Bernadac, officier de carrière et responsable du site Place Armes, une vingtaine de généraux, une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires ont signé un appel pour un retour de l’honneur et du devoir au sein de la classe politique. La tribune des militaires Depuis quelques jours, la rumeur courait qu’une nouvelle tribune de militaires allait être dévoilée. Émanant de militaires d’active, elle vient en soutien à celle précédemment publiée sur le site de Valeurs actuelles. |