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Quel avenir pour Donald Trump ?

Après avoir été promoteur immobilier dans le Queens, puis à Manhattan en traversant l’East River, puis à Atlantic City avec des projets de casinos pharaoniques, puis showman dans l’émission Apprentice où il joue le rôle d’un chef d’entreprise, puis gestionnaire de son image dans la construction d’immeubles de luxe, et enfin président des États-Unis, quel est l’avenir de Donald Trump et quelles sont ses options ? Il pourrait se retirer à Mar-a-Lago, profiter de sa retraite et améliorer son jeu de golf. C’est assez peu probable.

« Winning is easy, avait-il déclaré, Losing is never easy. Not for me it’s not ». Pour son égo, cette défaite est très difficile à digérer. Trump ne peut pas perdre, il trouve toujours des échappatoires. Il faut donc construire un narratif qui soutienne l’idée qu’il n’a pas perdu les élections, mais qu’elles lui ont été volées.

Il avait déjà répété à l’envi que s’il perdait les élections, c’était parce qu’elles étaient truquées. Alors que les derniers décomptes évoluaient dans le sens qui ne l’arrangeait pas, il a élevé le ton et accéléré à la boîte à tweets pour s’insurger contre les massives fraudes. Des déclarations sans aucune preuve qui s’appuient sur une équipe d’avocats menés par l’incomparable Rudy Giuliani et les complotistes Sydney Powell et Joseph diGenova.  Et jusqu’ici, toutes les initiatives – une trentaine à ce jour – se sont fracassées devant les cours de justice. Car devant un juge, il ne suffit pas de vociférer ou brailler, mais il faut apporter des preuves et des faits. Heureusement, l’univers des faits alternatifs et de la post-vérité ne s’est pas encore imposé à la Justice.

Trois semaines après le vote du 3 novembre qui a donné plus de 80 millions de voix à Joe Biden, soit plus de 6 millions de plus qu’à son opposant et 306 grands électeurs, Donald Trump fait de la résistance et ne concède pas la défaite. Une attitude paradoxale puisque, d’un côté il se refuse à une quelconque reconnaissance de la victoire de son adversaire, et de l’autre, Emily Murphy, responsable des services généraux de l’administration américaine, reconnaît la victoire de Joe Biden dans un courrier où elle écrit « Please know that I came to my decision independently, based on the law and available facts. I was never directly or indirectly pressured by any executive branch official including those who work at the White House or GSA with regard to the substance or timing of my decision ». Elle débloque alors les financements nécessaires dont a besoin l’équipe de transition pour son installation. Juste après la diffusion de ce courrier, Donald Trump reprend la main par le biais d’un tweet prouvant qu’il veut rester le maître des horloges. On ne saura pas trop si Emily Murphy a pris seule sa décision ou si elle l’a fait sur ordre de son patron.

Pendant qu’il refuse de concéder la victoire à Joe Biden, Donald Trump continue à lever des fonds pour financer les initiatives juridiques de contestation des élections dans les différents états. En fait la majorité des fonds récoltés vont à éponger la dette de campagne de Donald Trump (60 % seraient alloués à cette fin) ou pire à financer les activités politiques à venir de Donald Trump : organisation de meetings ou d’événements sur les propriétés du président. Certains recomptages ou actions juridiques lancés par l’équipe Trump peuvent être prises en compte par les états, d’autres sont à la charge du candidat. En Géorgie, puisque la différence de voix est inférieure à 0,5 %, c’est l’état qui paie. En revanche, le recomptage dans le Wisconsin est payé par l’équipe Trump. A titre indicatif, l’opération réalisée en 2016 avait coûté 3,5 M$ et dénombré seulement 131 votes incorrects.

Dans la période qui court jusqu’au 20 janvier, Donald Trump va donc profiter de toutes les possibilités que lui offre la fonction pour son bon vouloir et éventuellement se mettre en position de force vis-à-vis du parti républicain. Ce qu’il a commencé à faire par exemple en accordant son pardon à Michael Flynn qui avait menti au Vice-président sur ses relations avec la Russie et qui avait plaidé coupable. Il est fortement probable que d’autres bénéficieront de ces grâces présidentielles.

Va-t-il profiter des quatre années à venir pour dominer le parti républicain et geler les velléités de candidats bien hardis pour 2024 et éventuellement accompagner son hypothétique candidature. Une chose dont on peut être sûr est qu’il va se délecter à saper le travail de son successeur. Sur ce point, on se souvient de toutes années pendant lesquelles il avait été le porte-drapeau du mouvement des birthers qui mettaient en doute la légitimité de Barack Obama à se présenter aux élections de 2016. Il a pour cela le mégaphone de son compte twitter qui compte près de 90 millions d’abonnés. On lui a aussi prêté l’intention de lancer une Trump TV qui pourrait concurrencer Fox News, One American News Network ou encore Newsmax. Bref, Donald Trump quittera bien la Maison-Blanche le 20 janvier, mais certainement pas la scène médiatique. D’autant que c’est un « sujet » très vendeur. Il suffit de se rappeler de la déclaration de Les Moonves, le CEO de la chaîne de TV CBS en parlant du candidat Trump en 2016 : « It may not be good for America, but it’s damn good for CBS ».

 

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