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Politique étrangère : bouffonnerie ou tragédie ?

Le langage policé n’est pas la principale force de Donald Trump. Ce ne serait pas si grave si sa pratique régulière de l’invective et de la menace permanente était efficace (ça reste à prouver) et si son discours s’inscrivait dans une pensée cohérente et une stratégie claire. Pendant l’été, Donald Trump a procédé à des échanges nombreux avec le leader Nord-Coréen par voie de presse et de tweets qui ont plus à voir avec les conversations de cour de récréation que d’échanges entre dirigeants de pays. Le seul problème est que l’un comme l’autre peut déclencher le feu nucléaire. Pour Kim Jong Un, l’arme atomique est son assurance vie qui lui permet de penser qu’il ne disparaitra pas comme Saddam Hussein ou Kadhafi. Il ne va donc pas se gêner d’utiliser la menace nucléaire.

Il est vrai que la voie diplomatique engagée par les prédécesseurs de Donald Trump n’a pas donnée grand-chose et a permis à la Corée du Nord de développer sa maîtrise de l’arme atomique. Faut-il l’abandonner pour autant et adopter la violence verbale ? C’est ce que pense Donald Trump qui a remis le couvert à la tribune des Nations Unies en augmentant d’un ou deux cran le volume face à Little Rocket Man. Qui en a évidemment profité pour continuer le cycle infernal.

En fait, les saillies verbales de Trump marquent son échec à faire bouger la Chine qui détient sans doute la clé du problème. On se souvient des déclarations dithyrambiques mais totalement ridicules de Donald Trump après avoir rencontré Xi Jinping dans sa propriété privée de Mar-a-Lago de Palm Beach (Floride). Le dirigeant chinois n’était-il devenu son meilleur ami. Peut-on imaginer une seconde que la Corée du Nord, un pays sous-développé, sans grand moyen ait pu développer cette technologie sans l’aide d’un grand voisin, la Chine sûrement, la Russie peut-être. De son côté, la Chine n’a certainement pas envie de voir disparaître la Corée du Nord et ainsi perdre cette zone tampon entre son territoire et celui d’un voisin sous influence américaine. Il faut se souvenir que la Chine a plus de 1400 kilomètres de frontières avec la Corée du Nord alors que celle entre les deux Corées n’est que de 240 km.

Mais la séquence suivante mettant en scène les dissensions entre Donald Trump et son secrétaire d’Etat tient plus de l’opérette ou du vaudeville que de la politique. Dans un tweet daté du 1er octobre, Donald Trump contredit Rex Tillerson en déclarant qu’il gaspille son temps a essayé d’ouvrir des canaux diplomatiques avec la Corée du Nord et Little Rocket Man… On imagine assez bien la réaction du ministre qui se voit ainsi reprendre par son patron, aussi incohérent que déloyal. Difficile pour lui d’être pris au sérieux par ses interlocuteurs

Puis peu après, les quotidiens révélèrent que Rex Tillerson avait été très proche de la démission en juillet et surtout qu’il avait traité Donald Trump de « moron » (stupide) et rapporté la colère de Donald Trump qui s’en est suivie. Tout ceci reste dérisoire jusqu’au moment où elle fait la Une des médias. Et dans cette affaire, c’est sans doute plus Trump que Rex Tillerson qui est en position de faiblesse. Donald Trump ne peut se permettre de perdre une autre pièce majeure de son cabinet (après la démission forcée de Tim Price suite au scandale des voyages aux frais des contribuables). Quoi que ? D’autant que Rex Tillerson aurait signé une sorte de pacte avec le ministre des finances Steven Mnuchin et le ministre de la défense Mattis selon lequel la démission (ou départ forcé) de l’un entraînerait automatique celui des deux autres. De son côté, d’après les médias, Rex Tillerson n’aime pas son nouveau travail où il doit être le subordonné de quelqu’un pour lequel il aurait peu de considération. Suite à cette révélation, il a convoqué une conférence de presse, ce qu’il ne fait que très rarement, pour dire qu’il n’avait jamais pensé démissionner et lire sur son papier que son patron était « intelligent » :

To address a few specifics that have been erroneously reported this morning, the Vice President has never had to persuade me to remain the Secretary of State because I have never considered leaving this post. I value the friendship and the counsel of the Vice President and I admire his leadership within President Trump’s administration to address the many important agendas of President Trump, both from a foreign policy perspective and a diplomatic – I’m sorry, a domestic objective.

Let me tell you what I’ve learned about this President, whom I did not know before taking this office. He loves his country. He puts Americans and America first. He’s smart. He demands results wherever he goes, and he holds those around him accountable for whether they’ve done the job he’s asked them to do. Accountability is one of the bedrock values the President and I share.

https://youtu.be/O7mW6gxX3Xk

 Ce passage lui a-t-il été dicté ? On peut se poser la question. A la question précise sur le qualificatif de « moron », il a esquivé sans affirmer qu’il avait utilisé ce mot pour qualifier Donald Trump laissant en parallèle le soin à sa porte-parole de dire que ce mot ne faisait pas partie de son vocabulaire.

https://youtu.be/CEpeqf0cXv8

Et en parallèle, Donald Trump a publié un tweet le 5 octobre, dans une sorte de « pas de deux », affirmant que Rex Tillerson n’avait jamais pensé démissionner. Fake News! Le tweet indiquant que l’on ne lui avait pas demandé conformation. On imagine assez bien la question/réponse :
– Le journaliste : Monsieur le président, est-ce Rex Tillerson vous a traité de moron ?
– Donald Trump : non, tout ceci n’est que fake news de la part de dishonnest medias et de low reporting

 On est rassuré. Pendant ce temps, la crise avec le Corée du Nord continue son cours ! Et Donald Trump s’apprête à dénoncer unilatéralement l’accord multilatéral avec l’Iran laissant le soin au Congrès de se dépatouiller avec les conséquences de cette décision.

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