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Menaces sur la démocratie

Si Donald Trump est à la démocratie ce que le cancer est à la santé, la démocratie américaine est clairement entrée au stade des métastases. Un article du Washington Post (A majority of GOP nominees – 299 in all – deny the 2020 election results) rapporte qu’une majorité de candidats républicains aux élections prochaines de mi-mandat – Chambre des représentants, Sénat, gouverneurs, postes clés au niveau des états…- ne reconnaissent pas ou mettent en doute le résultat des élections de 2020. Ce qui représente 299 candidats soit 53 % des 569 candidats scrutés par le quotidien. Déjà, 136 représentants avaient voté contre la certification des grands électeurs, cela juste à près l’attaque contre le Capitole dont ils étaient pourtant les principales cibles. Mais on pouvait pense qu’avec le temps, ce sentiment de défiance s’atténuerait. Il n’en est rien, au contraire, il semble se généraliser non seulement aux Etats-Unis mais dans d’autres pays. On pourrait bien assister au même phénomène lors du second tour des élections présidentielles brésiliennes.

Cela pose un problème de fond sur le fonctionnement à la démocratie dont les élections constituent le moteur essentiel.

Le problème n’est pas nouveau rappelle la professeure d’histoire Heather Cox Richardson dans sa lettre quotidienne Letters from an American. « Le récit républicain selon lequel les démocrates ne peuvent gagner qu’en trichant a commencé en 1994, après que les démocrates ont facilité l’inscription pour voter avec le soi-disant Motor Voter Act de 1993. En 1994, les candidats républicains perdants se sont plaints que leurs adversaires avaient triché, et les républicains du Congrès ont maintenu ce récit en vie avec des enquêtes du Congrès. Au fil du temps, la « fraude électorale » est devenue la façon dont les républicains ont expliqué l’impopularité de leurs idées ».

Mais il s’est généralisé et accentué de manière quasi irréversible avec Donald Trump qui a un long passif dans ce domaine. Il avait questionné la légitimité de Barack Obama au motif qu’il n’était pas né américain, puis remis en cause les premières primaires républicaines de l’Iowa de 2016 où il avait perdu face à Ted Cruz, puis remis en cause les élections présidentielles de 2016 face à Hillary Clinton en avançant l’idée que 3 millions d’illégaux avaient voté démocrate (parce qu’il avait 3 millions de votes populaires de moins que son opposante), puis commencé quelques mois avant les élections de 2020 à déclarer que s’il perdait les élections, c’est parce qu’elles seraient frauduleuses et depuis le 7 novembre 2020 pousse ce que l’on appelle désormais le Big Lie selon lequel les élections ont été volées par les démocrates et que Joe Biden n’est pas le président légitime.

Bref, le message est simple : seuls les républicains peuvent gagner les élections, si les démocrates les gagnent c’est parce qu’ils ont triché. Dans ces conditions, on ne voit pas très bien comment la démocratie américaine peut survivre sans glisser dans une sorte de régime illibérale ou d’autoritarisme comme on peut en voir dans d’autres pays. Faut-il rappeler que les républicains MAGA – qui sont majoritaires au GOP – ont pris la Hongrie comme modèle. Le CPAC a organisé une conférence en Hongrie et invité Viktor Orban comme conférencier d’honneur lors de sa conférence annuelle à Houston.

On pourrait objecter que ces candidats républicains n’ont pas beaucoup de chances d’être élus. C’est tout le contraire indique le Washington Post, sur les 300 candidats, 173 sont dans des circonscriptions extrêmement favorables (grâce au gerrymandering) et 42 sont en bonne position.

Et peu importe la qualité ou l’exemplarité de candidats. Le cas Herschel Walker est exemplaire. Il y a encore quelques années, les candidats pris en défaut – parfois à tort – avaient la décence de se retirer. Aujourd’hui, il n’en n’est plus question. La commentatrice conservatrice et ex-porte-parole de la NRA résume assez bien la position dans laquelle se place les républicains aujourd’hui : « I don’t care if Herschel Walker paid to abort endangered baby eagles. I want control of the Senate. »

Dans le Philadelphia Inquirer (Herschel Walker mess proves Christian right cares only about power, not abortion), l’éditorialiste Will Bunch souligne que les dirigeants républicains n’ont pas condamné Walker pour son hypocrisie sur l’avortement, ses mensonges à ce sujet et sur les nombreuses autres choses sur lesquelles il a menti pendant la campagne, ou les nombreuses allégations de violence domestique que les femmes ont faites à son sujet. Au lieu de cela, les responsables de sa campagne indiquent avoir recueilli un demi-million de dollars depuis l’annonce de la nouvelle, tandis que Walker a enregistré une publicité affirmant qu’il avait été « sauvé par la grâce ».

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