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Les Etats-Unis : de la médiation au parti pris

Lorsque Donald Trump avait annoncé le 6 décembre dernier le transfert de son ambassade à Jérusalem, consacrant ainsi la ville comme capitale d’Israël (Statut de Jérusalem : les Etats-Unis seuls contre tous), beaucoup avaient fait remarquer que cette décision n’avait pas suscité de profonds mouvements, notamment chez les Palestiniens. L’inauguration de ce jour qui à 19h heure française avait fait plus de 50 morts et des centaines de blessés les confronte à la durée réalité. Et rien de permet à ce jour de savoir l’importance des violences qui vont avoir jour. En tous cas, l’armée israélienne réagit de manière extrêmement musclée.

Car le pic des démonstrations est prévu pour le 15 mai, le jour anniversaire ce que les Palestiniens appellent nakba, la catastrophe, qui mena à la création de l’État d’Israël il y a 70 ans après la guerre israélo-arabe de 1948

De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu vient d’enregistrer deux victoires en moins d’une semaine : la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord multilatéral sur le contrôle des armes nucléaire en Iran et l’inauguration ce jour de l’ambassade des Etats-Unis en Israël à Jérusalem. Mais là tout est dans les symboles. On est en droit de se demander si cette inauguration n’est pas une provocation. Car en fait d’ambassade, il s’agit du consulat qui a été réaménagé pour se transformer en ambassade. Et réaménager si légèrement que l’ambassadeur n’y viendra qu’épisodiquement et continuera à travailler à Tel Aviv. La véritable ambassade ne verra le jour que dans plusieurs années.

C’est un peu la même démarche que pour le mur qui doit marquer la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Depuis sa promesse de construire ce mur et de le faire payer aux Mexicains, Donald Trump essaye de faire croire à sa base que le mur est en construction en présentant seulement quelques panneaux.

Lors de cette inauguration, Jared Kushner, le gendre et népoconseiller (népotisme + Conseiller) de Donald Trump et grand ami de Benjamin Netanyahu, a déclaré en faisant allusion aux événements de Gaza : « ceux qui provoquent la violence aujourd’hui constituent une partie du problème et non de la solution ». Quant à Benjamin Netanyahu, ses déclarations ne vont pas dans le sens de la paix : « Vous ne pouvez construire la paix que sur la vérité, et la vérité est que Jérusalem a été et sera toujours la capitale du peuple juif, la capitale de l’état juif… Rappelez-vous ce moment ! C’est historique. Président Trump en reconnaissant l’histoire vous avez fait l’histoire ». Difficile après ça d’entrer à nouveau dans des négociations.

Les défenseurs de Donald Trump expliquent que leur champion est un « disrupteur », qu’il renverse la table pour voir ce qui va arriver. Contrairement à George Bush qui avait une vision – fausse et dont on a vu le résultat – poussée par les idées des néoconservateurs qui voulaient amener la démocratie en Irak et que, selon la théorie des dominos revisitée, la démocratie se répandrait comme par miracle sur l’ensemble du Moyen-Orient. On a vu le résultat. Donald Trump a de son côté fait des choix simples, Israël et l’Arabie Saoudite (où il a fait son premier voyage hors des Etats-Unis) sont les nouveaux alliés des Etats-Unis, l’Iran est redevenu le principal ennemi. On ne mentionne pas Daech qui est l’ennemi de tous. Mais cette méthode mise en œuvre sur une telle poudrière est a minima très risquée, sans doute totalement irresponsable.

En tous cas, les Etats-Unis ne vont plus pouvoir assumer le rôle de médiateur qu’elle entendait jouer dans la région tant elle a ostensiblement pris parti. Ce n’est pas très grave pourrait-on ajouter de manière totalement cynique puisqu’il n’y a plus de processus de paix. Et pourtant, Jared Kushner, toujours lui, sans aucune expérience politique ni internationale, devait tout régler.

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