Le 16 septembre 1620, le Mayflower, une embarcation marchande de 27 mètres de long quitte Plymouth avec un peu plus d’une centaine de passagers à bord. Pour cause de mauvais temps, ils furent contraints à aborder les rivages du cap Cod (sur le site de la ville de Provincetown dans le Massachusetts), le 11 novembre 1620, et non sur les bords du fleuve Hudson, but initial du voyage. Il transportait des dissidents religieux anglais, les Pilgrim fathers ou « Pères pèlerins », et d’autres Européens à la recherche d’un lieu pour pratiquer librement leur religion.
Pour Bertrand Van RuyBeke (Histoire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours, Tallandier), « cet épisode de l’histoire américaine est l’un des plus connus et sans cesse évoqué. En fait il n’est pas si décisif ». Et pourtant, il est fêté tous les ans à l’occasion de la fête du Thanksgiving.
A l’occasion de l’anniversaire des 400 ans de la traversée du Mayflower, le nouveau Mayflower Autonomous Ship (MAS) partira le 16 septembre 2020 de Plymouth au Royaume-Uni, pour rejoindre Plymouth dans le Massachussetts aux Etats-Unis. Cette fois sans équipage à bord, il sera le premier navire autonome de grande taille à traverser l’Atlantique. Cette traversée unique entremêlant passé, présent et futur propulsera le monde dans l’ère du navire autonome.
Le nouveau Mayflower effectuera sa traversée grâce au navigateur autonome « AI Captain ». Développé durant ces deux dernières années et entrainé à partir de plusieurs millions d’images maritimes, ce nouveau système totalement autonome a été conçu par les ingénieurs du Mayflower à partir des systèmes d’Intelligence artificielle d’IBM. Il devrait désormais avoir des capacités de détection et de réflexion lui permettant de prendre des décisions en mer sans intervention humaine.
Des essais en mer dès mars 2020
Alors que les trois coques du trimaran MAS sont en phase finale de construction à Gdansk (Pologne), un prototype d’AI Captain sera mis à l’eau pour la première fois en mars 2020 sur le Plymouth Quest, un navire de recherche appartenant et exploité par le Plymouth Marine Laboratory au Royaume-Uni.
En mars, les essais en mer – menés sous la supervision de l’équipage du navire – permettront de déterminer comment « AI Captain » se comporte face à des scénarii maritimes réels. Ils fourniront par ailleurs des informations précieuses qui permettront d’affiner davantage les modèles de machine learning du navire.
La mise à l’eau du MAS ouvre une nouvelle ère dans le milieu des navires autonomes, une décennie marquée par un nouveau marché dont la valeur est estimée à plus de 130 milliards de dollars d’ici 2020 selon le cabinet Allied Research. De nombreux acteurs majeurs sont déjà impliqués dans le domaine – tels que Rolls Royce qui a récemment lancé le premier ferry autonome au monde ou encore Yara, grande chimiste norvégienne qui lancera cette année le premier cargo autonome à zéro émission. Les grands ports mondiaux investissent déjà pour que leurs systèmes d’amarrage et d’approvisionnement s’intègrent automatiquement à cette nouvelle classe de navires robotisés à l’aide de l’IA. Ces navires pourront par ailleurs traverser des canaux et des voies intérieures navigables, ouvrant la porte à de nouvelles routes maritimes.
Le développement de navires autonomes à zéro émission et sans équipage humain représente aussi un atout pour l’océanographie. La mise à l’eau d’un navire de recherche peut coûter des dizaines de milliers de dollars et est limitée par le temps que l’équipage peut passer à bord – un facteur prohibitif pour de nombreuses missions scientifiques marines actuelles. Ce type de projet représente donc une opportunité pour la collecte de données.