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Le 18 brumaire de Barack Obama ?

Etonnant comme les conservateurs – neo ou archeo – américains lorsqu’ils se lancent dans des comparaisons historiques négatives n’hésitent pas à faire appel à des exemples français. Le point positif d’une telle démarche est qu’au moins la France existe dans leur univers mental.

La procédure de reconcilation utilisée pour faire passer la réforme de la santé est à Barack Obama ce que le coup d’état du 2 décembre 1851 est à Louis-Napoléon Bonaparte. C’est l’analogie à laquelle s’est livré le néoconservateur William Kristol dans un article du Weekly Standard intitulé The Eighteen Brumaire of Barack Obama. Alors pourquoi Louis-Napoléon Bonaparte ? Dans l’article qu’il avait publié à l’époque, Karl Marx avait considéré que le coup d’état de Louis-Napoléon n’était qu’une farce caricaturale du 18 brumaire an VII par lequel le Consulat et Napoléon-Bonaparte, le vrai, mettait fin au directoire et à la Révolution française.

Transposant cet épisode de l’histoire française au cas américain, Barack Obama serait à Lyndon Johnson, ce que Louis-Napoléon Bonaparte est à Napoléon-Bonaparte (Napoléon le petit selon Victor Hugo), une pâle et falote copie. Pas besoin de préciser le peu d’estime que William Kristol accorde à son président.

William Kristol voit dans les projets de Barack Obama, dont la réforme de la couverture est la première (grande) réforme, un écho aux idées de la Grande Société de Lyndon Johnson qui avait passé les lois donnant naissance au Medicare et au Medicaid. Kristol n’ose pas (ou plutôt ne le juge-t-il pas nécessaire) remonter à FDR et aux réformes majeures conduites pour juguler les effets de la crise de 1929 suite aux trois années d’immobilisme revendiqué par Herbert Hoover au nom du sacro-saint laisser-faire.

Le libéralisme au sens américain du terme comme antichambre du socialisme, voilà le mal absolu que Barack Obama est en train de réintroduire dans la société américaine après les quelques années salutaires de l’époque Reagan/les deux Bush que n’avait pas réussi à écorné Bill Clinton. Telle est l’analyse de William Kristol qui dans un éditorial intitulé Repeal (abroger) propose l’image de Borodino pour la réforme de la santé.

Napoléon avait envahi la Russie en juin 1812. Le 7 septembre de la même année, il gagne la bataille de Borodino ou de la Moskova. Mais il perd un tiers de ses soldats et son armée ne sera jamais plus pareille. Ce fut une victoire éphémère car cet effort démesuré se paiera plus tard, à Waterloo. Le 6 novembre 2010 sera le Waterloo de Barack Obama. En un mot, les Républicains vont se venger et feront à Barack Obama cette infamie. Mais d’ores et déjà, une douzaine de gouverneurs ont engagé des démarches auprès de la Cour suprême. Bref, les Républicains n’entendent pas désarmé d’aussi tôt. Triste idée de la démocratie.

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