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L’anglais, l’espagnol, le mandarin, le tagalog et les autres

« Do you speak English? » Oui pour 241 millions des 310 Américains de cinq ans et plus qui parlent anglais à la maison, les 68 millions restant parlent une autre langue. Il ne surprendra personne que la deuxième de ces langues soit l’Espagnol puisque maintenant les hispaniques constituent la minorité la plus importante aux Etats-Unis, environ 15 % de la population, devant la communauté noire.  Ensuite, on recense le mandarin et le cantonais avec environ 3,5 millions de personnes et le tagalog, c’est-à-dire une des déclinaisons des langues philippines. Rappelons que, après avoir gagné la guerre contre l’Espagne en 1898, les Etats-Unis ont coloniser le pays jusqu’à son indépendance en 1946. Le français et le « français de Louisiane » sont parlés par 1,7 millions de personnes. La langue de Molière et ses déclinaisons sont parlées dans l’état de Louisiane et près de la frontière canadienne.

Les Etats-Unis sont un pays d’immigration, il n’est donc pas surprenant de constater une telle diversité de langues parlées. New York est certainement une exacerbation de cette situation. Lorsqu’elle était encore sous domination hollandaise au 17e siècle, cette ville, gérée par une compagnie privée, n’abrite que quelques centaines d’habitants mais qui parlent près d’une vingtaine de langues. Aujourd’hui, « cette situation a évolué en parallèle avec le développement ethnique de la ville de telle sorte que l’on dénombre quelque 800 langues pratiquées dans un périmètre de 10 miles du centre de New York soit plus de 10 % des langues et dialectes utilisées dans le monde. A New York, près d’une famille sur deux parle une autre langue que l’anglais à la maison. Avec des situations assez différentes selon les Burroughs. Dans le Bronx par exemple, cette proportion s’élève à près de 60 % alors que dans la « bourgeoise » Staten Island elle n’est que de 30 %.

Après l’anglais, l’espagnol et le chinois – incluant le mandarin, le cantonais et le formosan – sont les langues les plus répandues. Dans le Bronx, ce sont des langues africaines (kru, ibo, yoruba) qui viennent après l’espagnol, certes assez loin derrière. Dans le Queens, c’est le bengali alors que dans Manhattan, c’est le français. Dans Brooklyn, qui concentre plus de la moitié des juifs de New York, le russe et le yiddish sont très présents avec plus de 200 000 locuteurs. Parmi les particularités qui sont loin d’être exotiques, le tagalog, par exemple, une langue présente dans l’Asie du Sud-Est, notamment aux Philippines, est utilisée par plus de 50 000 Newyorkais tout comme l’ourdou, la langue officielle du Pakistan également parlée dans le Nord de l’Inde. Selon le Department of City Planning, le peul, une langue de l’Afrique de l’Ouest, est parlée par plus de 7 000 habitants »[1].

Une des curiosités concernant les langues est que l’anglais (a fortiori aucune autre langue) n’est la langue officielle des Etats-Unis contrairement à la France. Même si cette situation est relativement récente. C’est en 1992 que le premier alinéa de l’article 2 de la Constitution[2] modifié le 25 juin 1992 stipule que « la langue de la République est le français ». Et pourtant, plusieurs tentatives ont été faits. En 1780, John Adams, membre du Congrès Continental propose de faire l’anglais la langue officielle. Mais un tel projet n’a jamais abouti. Imposer une langue était vu comme « antidémocratique et une injure aux libertés individuelles » selon l’anthropologue Shirley Brice Heath. Les Pères fondateurs ont fait « le choix le choix politique délibéré de ne pas avoir de politique à ce sujet ». L’ACLU (American Civil Liberties Union) qui se bat pour le respect des libertés individuelles argue que cela serait contraire au premier amendement sur la liberté d’expression (Cité dans Pourquoi l’anglais n’est-il pas la langue officielle des États-Unis ?). Une idée surprenante puisque la langue au même titre que le territoire et l’Etat, et encore plus que l’ethnie, la religion ou la culture, sont bien des éléments constitutifs d’une nation. Mais d’autres pays comme la Suisse sont confrontés à la même situation ce qui ne les empêchent de « faire nation », comme on dit aujourd’hui (Définition de la Nation). Si l’anglais n’est pas la langue officielle au niveau fédéral, il l’est dans 31 états sur les 50 que compte l’Union.


Les principales langues en dehors de l’anglais et de l’espagnol

1. Cantonais et mandarin
Nombre estimé de locuteurs au niveau national : 3 495 000
États qui parlent le plus couramment la langue : Californie, Washington, Oregon, Idaho, Utah, Colorado, Kansas, Missouri, Alabama, New York, Pennsylvanie, Virginie, Virginie-Occidentale, Caroline du Nord, New Jersey, Delaware et Maryland.
Les immigrants chinois arrivent en grand nombre en Amérique depuis le milieu du XIXe siècle, lorsque la ruée vers l’or en Californie les a contraints à traverser l’océan Pacifique. Aujourd’hui, il y a plus de 5 millions de Chinois américains à travers le pays.

2. Tagalog
Nombre estimé de locuteurs au niveau national : 1 764 000
États qui parlent le plus couramment la langue : Nevada
Les immigrants des Philippines ont commencé à venir en grand nombre aux États-Unis au tournant du XIXe siècle, mais ce n’est qu’en 1965 que les travailleurs qualifiés et instruits sont venus par milliers. Aujourd’hui, il y a plus de 4 millions d’Américains philippins.

3. Vietnamien
Nombre estimé de locuteurs au niveau national : 1 571 000
États qui parlent le plus couramment la langue : Nebraska, Oklahoma, Texas, Mississippi et Géorgie.
L’immigration sud-vietnamienne aux États-Unis a commencé juste après la fin de la guerre du Vietnam en 1975, et de plus en plus de Vietnamiens sont arrivés depuis. Aujourd’hui, plus de la moitié de tous les Américains d’origine vietnamienne vivent en Californie ou au Texas.

4. Arabe
Nombre estimé de locuteurs au niveau national : 1 260 000
États qui parlent le plus couramment la langue : Michigan et Tennessee
Le Michigan à lui seul compte plus de 140 000 arabophones. La Californie compte plus de 190 000 locuteurs. Le Pew Research Center a noté que l’arabe est la langue qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis, le nombre de locuteurs ayant augmenté de 29 % entre 2010 et 2014.

5. Français
Nombre estimé de locuteurs au niveau national : 1 172 000
États qui parlent le plus couramment la langue : la Louisiane, le Maine, le Vermont et le New Hampshire.
Après l’achat de la Louisiane en 1803 (une région qui couvre bien plus que la Louisiane, environ une vingtaine d’états d’aujourd’hui), le français a évolué à partir de sa forme originale, créant le français de la Louisiane qui emprunte également des mots à l’anglais, à l’espagnol, aux langues amérindiennes et africaines. À ce jour, il est toujours parlé par environ 175 000 personnes en Louisiane et au Texas.

(Source : The Most Commonly Spoken Language in Every U.S. State (Besides English and Spanish)


________________
[1]
Extrait de Great New York, Macha Publishing, Guy Hervier
[2] « La langue de la République est le français.
L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L’hymne national est la Marseillaise.
La devise de la République est Liberté, Égalité, Fraternité.
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
Article 2 de la Constitution

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