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La polarisation en marche

Dis-moi à quel parti tu appartiens, je te dirai qui tu es !

2016 a marqué une rupture avec l’élection de Donald Trump où la quête de la vérité est passée au deuxième plan derrière une nouvelle réalité, celle des Fake News ou des faits alternatifs. Avec ce nouveau président et ses soutiens, la réalité n’existe pas en soi, elle est ce qu’on décide qu’elle soit.

Ainsi, Donald Trump non content d’avoir été élu grâce à des circonstances exceptionnelles – la majorité des grands électeurs malgré les 3 millions de votes populaires en moins que son adversaire, l’aide des Russes dans la manipulation des esprits et l’initiative malheureuse de James Comey 11 jours avant le jour du vote – s’est permis de contester la sincérité du scrutin en affirmant notamment qu’il y avait eu au moins 3 millions de votes illégaux. Une allégation n’ayant aucun fondement et rejetée par quasiment tous les observateurs et experts des élections. Cette approche a fait des adeptes et pourrait se transformer en doute systématique pour les prochains scrutins par les perdants.

Pour preuve, le très controversé Roy Moore dans l’élection sénatoriale d’Alabama a refusé d’accepter se défaite face à son opposant démocrate Doug Jones. Écouter sa porte-parole défendre cette cause perdue donne le tournis, voire de vives inquiétudes, sur l’évolution de la vie politique. Les opposants ne sont plus des adversaires politiques, mais sont devenus des ennemis qu’il faudrait presque abattre. La série House of Cards qui peint la politique sous le signe du cynisme, du mensonge, du calcul, du rapport de force semble presque être dépassée par la réalité.

Après l’élection de Donald Trump, qui résulte d’une transformation relativement lente des 30 dernières années, 2017 a donc été la première année d’une nouvelle ère marquant une rupture assez claire synthétisée dans un récent rapport du Pew Research Center intitulé 17 striking findings from 2017. Le premier enseignement, le plus fort, est que de tous les critères pour définir les valeurs politiques d’un individu, l’appartenance à un parti est devenue et de très loin, en une année seulement, le plus discriminant plutôt que l’âge, le genre, l’éducation, la race, l’appartenance religieuse. C’est ce que les analystes appellent le phénomène de tribalisation qui délimite plus nettement le périmètre entre les siens et les autres.

Autre point significatif, le rôle des médias. Les États-Unis ont depuis longtemps considéré les médias comme un contre-pouvoir important et nécessaire pour assurer la vitalité d’une démocratie. Sous l’ère Trump, cette perception a totalement changé. A la fin du mandat d’Obama, 75 % des Américains pensaient que les médias empêchaient les leaders politiques de faire des choses qu’ils ne devraient pas faire. Une proportion quasi identique chez les démocrates et les républicains. Sous l’ère Trump, la divergence est frappante : 89 % des démocrates le pensent toujours contre 42 % seulement des républicains.

L’entrée à la Maison Blanche de Donald Trump a eu un effet très négatif sur la perception des États-Unis par le reste du monde. Il faut reconnaître que le slogan America First se transforme souvent en America Against. Ses déclarations ont souvent rendu grâce et accordé des louanges aux autocrates et autres dictateurs de ce monde et se sont faites très agressives vis-à-vis de ses alliées, y compris le Royaume-Uni, traditionnellement considéré comme le vieux cousin. La confiance du monde sur ce président est en chute libre passant de 64 à 22 %. Cette évolution a un impact significatif sur la vision du monde sur les États-Unis.

La question est de savoir si cette évolution est définitive et sans retour ou s’il ne s’agit que d’une période temporaire.

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