Aller au contenu Skip to footer

La loi sur l’immigration mort-née

L’immigration va certainement être un des sujets majeurs de la campagne électorale. Les républicains en chœur dénoncent la politique laxiste de Joe Biden et ont même lancé une procédure d’impeachment contre Alejandro Mayorkas, Secrétaire à la Sécurité intérieure des Etats-Unis. Petite précision, ledit Secrétaire est né à la Havane en 1959. Sa famille a fui la révolution cubaine en s’installant d’abord en Floride, puis en Californie. Il est vrai que lancer une procédure en destitution d’Alejandro Mayorkas va faire avancer la question de l’immigration ! Mais ils ont rassuré leurs électeurs, ils vont voter à nouveau car ils veulent lancer cette procédure sachant pertinemment qu’elle n’a aucune chance de passer au Sénat, faute de majorité. C’est donc un pur exercice de style et de mauvaise politique. Une démarche jugée sévèrement même par le Wall Street Journal : “Impeaching Mayorkas Achieves Nothing A policy dispute doesn’t qualify as a high crime and misdemeanor”.

Sur le projet de loi sur l’immigration, la prestation des républicains n’est pas franchement meilleure.

De plus en plus réticents à soutenir financièrement l’Ukraine dans la guerre face à la Russie, les républicains, emmenés par leur speaker Mike Johnson, ont demandé à conditionner cette aide à une loi et un financement pour traiter le problème de l’immigration et de l’afflux de migrants qui arrivent chaque jour sur les terres américaines. En espérant sans doute régler deux problèmes d’un coup : ne plus financer la guerre en Ukraine et pouvoir continuer à blamer les démocrates et Joe Biden sur leur inaction face au problème de la frontière mexicaine. Et sans doute à leur grande surprise, les démocrates ont accepté leurs conditions. Trois sénateurs – Chris Murphy (D-Conn.), James Lankford (R-Okla.) et Kyrsten Sinema (I-Ariz.) – ont donc travaillé plusieurs mois sur ce projet de loi. Si les détails du projet n’étaient pas connus jusqu’à cette semaine, il apparait que les démocrates ont accepté les termes notamment de James Lankford, un conservateur dont Donald Trump disait qu’il était “strong on the border.” Le projet Emergency National Security Supplemental Appropriations Act représente une enveloppe globale de 118 milliards de dollars dont 60 pour l’Ukraine et 20 pour l’immigration (voir détail ci-dessous).

C’est alors que Donald Trump a commencé par dénonçant ce projet en attaquant le point faible, la Chambre des représentants et son speaker aux ordres Mike Johnson. Ce dernier a donc déclaré “the deal dead on arrival in the House”. Ce qui n’a pas empêché dans un premier temps aux sénateurs de continuer leur travail législatif. Mitch McConnell, le chef de la minorité n’est pas un allié de Donald Trump, est très attaché à continuer l’aide à l’Ukraine et veut une solution sur le problème de la frontière mexicaine. Mais Donald Trump a continué son travail de sape et trouver un écho de plus en plus favorable chez les élus républicains. Sur la chaîne amie Newsmax il déclarait : “Well, it’s hard to believe because I think it probably would mean the end of their career,” Trump told Schmitt. “This is a Democrat trap. It’s a trap for Republicans that would be so stupid, so foolish to sign a bill like this. This bill can’t be signed.”

Et à ressasser ses vieilles rengaines : “It’s not only that, it’s massive amounts of money going out of town, as we say … billions, and billions and billions of dollars and it’s so bad on the border. I’ve never seen anything like it. Actually, it’s one of the dumbest bills I’ve ever seen.”

Et à utiliser un nouvel argument :  “you don’t need a bill. I had the safest border in the history of our country. We had no bill, and I just said, ‘Close the border.’ It’s closed. We had the safest border in history, the history of our country, we had the safest border. Now we have, I believe, the worst border in the history of the world. There’s never been a border like this. Ever. I don’t care where you go … Third-World country. I went to Mexico, and negotiated with Mexico. They gave us 28,000 troops. They gave us a lot of other things. Stay in Mexico. Remain … we called it Remain in Mexico, they gave us that. This bill doesn’t have anything about Remain in Mexico.”

L’idée est qu’il n’y a plus besoin d’une loi et que si Joe Biden ne fait rien c’est parce qu’il ne veut rien faire.

Du coup, le vent à tourner au Sénat. Rappelons qu’il faut 41 élus républicains pour actionner la menace du filibuster et geler tout projet de loi (qui fait appel à un financement). Donald Trump a déjà 31 sénateurs qui le soutiennent pour la prochaine élection. Il n’était donc pas si difficile de trouver les élus manquants et ainsi de faire capoter le projet. Avec comme effet collateral de fragiliser la position de Mitch McConnell. Les sénateurs JD Vance, R-Ohio, Ron Johnson, R-Wisc., Eric Schmitt, R-Mo, Roger Marshall, R-Kansas, Mike Lee, R-Utah, Rick Scott, R-Fla., tous devenus des suppots de Trump, ont organisé une conférence de presse pour qu’il démissionne de sa fonction de leader de la minorité.

Traduisant l’environnement toxique qui règne actuellement, James Lankford – un pasteur baptiste – s’est fait l’écho de menaces qu’il a reçu en travaillant avec les démocrates sur ce projet.

Par ailleurs, il a censuré par le parti républicain de l’Oklahoma jusqu’à la fin des négociations avec les démocrates sur ce projet de loi.

En tuant ce projet de loi sur l’immigration, Donald Trump espère que l’appréciation portée par les Américains sur cette question sera renforcée. Un sondage NBC indique que les Américains préfèrent largement Donald Trump à Joe Biden sur cette question (57 % contre 22 %). A l’inverse. Mais il prend un certain risque que ne va pas manquer d’exploiter Joe Biden. Ce qu’il a commencé à faire.

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2024. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies