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La Justice a le bras qui tremble

La Justice a un problème avec Donald Trump : elle semble en avoir peur. Le candidat républicain vient de gagner à nouveau. En effet, la Cour suprême a rejeté la décision du Colorado le déclarant inéligible (DONALD J. TRUMP, PETITIONER v. NORMA ANDERSON, ET AL. ON WRIT OF CERTIORARI TO THE SUPREME COURT OF COLORADO). Une décision qui s’applique aux autres Etats (Maine et Illinois) qui ont pris la même résolution et à ceux qui y songeraient. A l’unanimité mais pour des raisons différentes, les neuf Juges ont statué que seul le Congrès et non un État est habilité à retirer un candidat du bulletin pour l’élection présidentielle.

Rappelons que Donald Trump a été eu comme mentor et avocat, Roy Cohn, l’avocat de Joseph McCarthur. Celui-ci considérait la justice comme un moyen pour arriver à ses fins et non pour dire le droit. Roy Cohn a été inculpé quatre fois pour “stock-swindling and obstructing justice and perjury and bribery and conspiracy and extortion and blackmail and filing false reports”, (The Final Lesson Donald Trump Never Learned From Roy Cohn) relaxé trois et la quatrième fois, le procès a été annulé.

Donald Trump a évidemment savouré cette décision de la Cour Suprême et l’a qualifiée de « grande victoire pour l’Amérique ». Rappelons que Donald Trump, missionné par Dieu, confond désormais sa destinée avec celle de l’Amérique. Toute attaque contre lui est devenue une attaque contre l’Amérique. Cette idée a fait son chemin et habite désormais le cerveau d’une proportion élevée des Américains. C’est sans doute la raison qui fait que chaque inculpation ces derniers mois n’a fait que renforcer sa popularité. Cette nouvelle décision de la Cour Suprême semble indiquer que Donald Trump est fort, plus fort que la Justice et qu’il pourra donc emmener l’Amérique vers une nouvelle destinée : “I alone can fix it”. Il pourra terminer la guerre entre la Russie et l’Ukraine en 24 heures, régler le problème du Moyen-Orient tout aussi rapidement. Bref, l’Amérique a trouvé son Superman.

Deux éminents juristes, George Conway et conservateurs tous les deux, ont émis un jugement sévère de cette décision où la Justice n’ose pas tranché par peur de la politique. Il ne restera plus que le scrutin de novembre prochain pour arrêter le candidat MAGA.

George Conway, version courte sur CNN

George Conway, version longue sur The Bullwark

Michael Luttig sur CNN

Pour la deuxième fois en moins d’une semaine, la Cour suprême a pris une décision lourde de conséquence où se mêle largement la politique et la justice. Les efforts tentaculaires pour tenir Trump responsable du 6 janvier – y compris par le biais de la destitution,  des poursuites pénales et de la clause d’insurrection du 14e amendement – semblent peu susceptibles de mûrir avant novembre.

La semaine dernière, le tribunal a accepté d’entendre la revendication de Trump d’immunité présidentielle contre les poursuites – lui offrant une énorme victoire en suspendant indéfiniment son procès pour ingérence dans les élections fédérales. Ce procès devait initialement s’ouvrir lundi. Résultat, si Donald Trump gagne en novembre et qu’il n’a pas été jugé avant le jour de l’investiture, il y a de fortes chances qu’il ne le soit jamais.

Les stratégies dilatoires adoptées par les avocats du camp Trump est assez performante.

Dans l’affaire des documents classifiés de Mar-a-Lago, la juge Aileen Cannon a indiqué vendredi que le procès fédéral de Trump en Floride ne commencerait pas en mai comme prévu.

Dans l’affaire d’ingérence électorale en Géorgie, une décision est en attente sur la question de savoir si la procureure Fani Willis devrait être disqualifiée en raison de sa relation amoureuse avec un procureur qu’elle a embauché.

Le procès de Trump à Manhattan est toujours sur la bonne voie pour commencer le 25 mars, bien qu’il soit largement considéré comme le moins grave de ses quatre affaires criminelles.

Bref, tout semble indiquer que Donald Trump arrivera indemne, voire renforcé, de ces épisodes judiciaires en novembre.

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