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Joe Biden : un président impopulaire malgré une politique populaire

Les Américains approuvent la politique de Joe Biden mais moins son promoteur. Selon l’institut Gallup, Joe Biden bénéficie d’un taux d’approbation de 42 % et d’un taux de désapprobation de 55 %, une situation qui, si elle devait durer, est préoccupante pour les démocrates en vue des élections de mi-mandat. Le fait que ce taux d’approbation est supérieur à celui qu’avait obtenu Donald Trump à la même période (37 %) n’est pas vraiment une consolation. Mais de nombreux présidents précédents ont connu des planchers comparables : Ronald Reagan, 35 % en janvier 1983, Bill Clinton, 37 % en juin 1993, Barack Obama en octobre 2011 et en septembre 2014. Toutefois, ces trois présidents ont réussi à rebondir et surtout à se faire réélire. Mais Bill Clinton et Barack Obama ont subi un revers important dans les élections de mi-mandat de 1994 et 2010.

Et pourtant, Joe Biden a signé deux lois majeures et devrait pouvoir en signer une troisième tout aussi importante. Le président Biden a signé il y a quelques jours la loi « Infrastructure Investment and Jobs Act » d’un budget de 1 200 milliards de dollars. Donald Trump avait largement fait la promotion d’une telle pièce législative, mais c’est bien son successeur qui l’a mise en œuvre. Elle bénéficiait dès 2016 d’un large soutien des Américains. Soutien toujours actif aujourd’hui : trois Américains sur quatre approuvent l’idée de dépenser de l’argent au niveau fédéral pour améliorer les infrastructures qui, il faut bien le dire, sont dans un très mauvais état. C’est là le résultat de plusieurs décennies. Dans son dernier Report Card qui fait le bilan des infrastructures américaines (répartis en 18 catégories), l’American Society of Civil Engineers (ACSE) a donné une note globale de C-, ce qui est très passable (selon l’échelle de valeur américaine).

After months of deliberation, Congress has officially passed the bipartisan Infrastructure Investment and Jobs Act, the largest federal investment in our nation’s infrastructure in U.S. history. The bill addresses 16 of the 17 categories outlined in ASCE’s 2021 Infrastructure Report Card and addresses more than 40 of the solutions laid out in ASCE’s report.

Cette loi faisait suite au plan de relance économique avec la loi American Rescue Plan COVID d’un montant de 1 900 milliard votée et signée en mars dernier. Cette loi avait recueilli un soutien de 63 % des Américains selon l’institut Gallup réalisé en mars dernier.

Le troisième volet est à venir, c’est le projet de loi Build Back Better (appellation assez bizarre) qui comporte un volet social – scolarisation à partir de trois ans, santé et autres programmes sociaux – et des initiatives de défense du climat d’un budget de 2 000 milliards de dollars. Cette loi à venir bénéficie d’un soutien de 58 % des Américains selon un sondage Washington Post / ABC News. Et lorsqu’on décompose la loi selon les différents chapitres, 8 reçoivent un clair soutien, 3 un niveau d’approbation d’environ 50 % et 2 seulement sont en-deçà de ce seuil (voir ci-dessous). Certes cette loi n’est pas encore passée mais elle semble en assez bonne voie.

Si l’on fait le total de ces trois lois, on arrive à un total dépassant les 5 000 milliards de dollars représentant près de 25 % du PIB des Etats-Unis. C’est sans doute un plan global qui représente un montant global aussi important que le New Deal de Franklin Roosevelt.

Mais voilà, les Américains ne translatent pas en approbation du président, en tous cas pour l’instant. Les explications qui sont couramment avancées : un départ de l’Afghanistan souvent présentée comme chaotique – alors qu’elle ne faisait que mettre en œuvre une décision prise par son prédécesseur et qui a permis à plus de 124 000 personnes (dont 6 000 citoyens américains) d’être évacuées en deux semaines, à comparer au 6 000 personnes évacuées lors de la chute de Saïgon -, une gestion de la crise Covid qui avait pourtant bien commencé mais s’est confrontée à un mur antivax sous couvert de défense des libertés, à une inflation renaissante. Et pourtant la croissance pour 2021 a été au rendez-vous au-delà des 5 % et la création d’emplois depuis le début de l’année a atteint le niveau record de 5,5 millions.

Cette déconnexion entre la popularité des politiques de l’administration Biden et celle du président a été pointée dans un article récent du New York Times (The Disconnect Between Biden’s Popular Policies and His Unpopularity) et évoque une certaine incompréhension. D’autres présidents ont connu la même fatalité. Ce fut le cas de Barack Obama et de sa réforme de l’assurance santé. Et même si Joe Biden a ramené une certaine stabilité et sérénité à la vie politique américaine, les républicains poussent les idées polarisantes qui ont été répétées à l’envi par Donald Trump et continuent de l’être.


Les principaux volets du projet de loi Build Back Better

  • Scolarité des jeunes enfants. La proposition offrirait une maternelle universelle pour tous les enfants âgés de 3 et 4 ans et des services de garde subventionnés pour de nombreuses familles. Le projet de loi prolonge également un crédit d’impôt élargi pour les parents jusqu’en 2022.
  • Congé parental. La proposition offrirait aux travailleurs quatre semaines de congé familial et médical payé, ce qui permettrait aux États-Unis de quitter le groupe de six pays seulement dans le monde sans aucun congé national payé.
  • Soins de santé. Les dispositions du projet de loi sur la santé, qui représentent la plus grande étape vers la couverture universelle depuis la Loi sur les soins abordables, élargiraient l’accès pour les enfants, rendraient l’assurance plus abordable pour les adultes en âge de travailler et amélioreraient les prestations de Medicare pour les Américains handicapés et plus âgés.
  • Prix ​​des médicaments. Le plan comprend une disposition qui permettrait, pour la première fois, au gouvernement de négocier les prix de certains médicaments sur ordonnance couverts par Medicare.
  • Changement climatique. Le plus gros morceau de la facture est de 555 milliards de dollars pour les programmes climatiques. La pièce maîtresse des dépenses climatiques est d’environ 320 milliards de dollars en incitations fiscales pour les producteurs et les acheteurs d’énergie éolienne, solaire et nucléaire.
  • Impôts. Le plan prévoit près de 2 000 milliards de dollars d’augmentations d’impôts sur les sociétés et les riches. Le projet de loi augmente également le plafond du montant que les résidents – en particulier dans les États bleus à forte fiscalité – peuvent déduire des impôts nationaux et locaux.

 

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