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Jamal Khashoggi : Une très ténébreuse affaire

Dans ce que l’on peut appeler l’affaire Jamal Khashoggi, le sordide le dispute à l’effroyable. D’après des informations fournies par la Turquie, Jamal Khashoggi, éditorialiste du Washington vivant en Virginie, n’aurait été vu depuis qu’il est entré le 2 octobre dernier au consulat de l’Arabie Saoudite d’Istanbul. Il y aurait été tué et débarrassé par morceaux après avoir été déchiqueté. Un journal turc a publié la liste de 15 suspects ayant quitté la Turquie ce même jour dans des avions privés.

Pour l’heure, l’information n’a pas été officiellement confirmée, mais aucune autre information contradictoire n’a été proposée. Les agences d’intelligence américaines auraient intercepté des échanges entre officiels Saoudiens sur les détails de l’assassinat de l’éditorialiste du Washington Post. De son côté, les autorités saoudiennes ont nié toute implication dans ce meurtre.

Au-delà de la dimension macabre de cette affaire digne d’un mauvais roman policier, cette affaire pose le problème des relations des États-Unis avec l’Arabie Saoudite. Donald Trump a misé sur cet allié régional comme appui pour tenter les problèmes du Moyen-Orient. Faut-il rappeler que son premier voyage hors des États-Unis en tant que président a été en Arabie Saoudite. Son ego avait été largement satisfait avec une réception en grande pompe et des affiches de son portrait couvrant les immeubles de la capitale. Avait-il un autre choix puisqu’il avait rayé l’Iran et  était en froid avec la Turquie ?

Comment souvent face à un problème, Donald Trump est prêt à changer de pied en quelques jours et à dire tout et son contraire, et même encore autre chose.

Il a d’abord balayé d’un revers de main cette information, demandant du haut de son bureau de la Maison-Blanche si Jamal Khashoggi était citoyen américain pour se voir confirmer qu’il avait le statut de « permanent resident ». En tous cas, il ne considérait pas de remettre en question les promesses d’achats d’équipements militaires pour un montant de 110 milliards de dollars. En fait de promesses, il s’agit seulement d’intentions d’achats (MOI ou Memorandum of intents) et on le sait dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Un article du Washington Post fait le détail de ces soi-disant achats montrant que ces 110 milliards sont de la pure poésie. Par ailleurs, la majorité de ces contrats en devenir ont été engagés par l’administration Barack Obama. Mais on le sait, Donald Trump aime les grands nombres. Lors de sa visite en Arabie Saoudite, n’avait-il pas déjà parlé de 270 milliards de dollars de contrats avec les Saoudiens ?

Prenant cette affaire assez légèrement dans ses déclarations du début de la semaine, Donald Trump a mis en avant l’argument on ne peut plus classique : si les États-Unis ne vendent pas ces équipements militaires, les Chinois ou les Russes le feront.

“I know they’re [Senators] talking about different kinds of sanctions, but they’re [Saudi Arabia] spending $110 billion on military equipment and on things that create jobs, like jobs and others for this country. I don’t like the concept of stopping an investment of $110 billion into the United States.”

Pour ensuite modifier sensiblement son discours sans pour autant modifier sa position sur ces contrats militaires car, il y « a bien d’autres moyens de punir les Saoudiens ». Cette nouvelle position est exprimée dans une interview qu’il a donnée à l’émission du dimanche soir 60 minutes qui doit être diffusée ce dimanche 14 octobre.

Pourquoi cette évolution ? La pression des républicains du Congrès, de la commission bipartisane du Sénat qui lui a envoyé une lettre pour demander une enquête ? Les médias ? Ivanka Jiminy Cricket, Jared, le « génie caché », selon l’expression de Nikki Haley lors de son intervention aux côtés de Donald Trump pour annoncer son départ…

Une chose est sûre, Donald Trump, le promoteur, est proche, très proche des Saoudiens. Il ne s’en est pas caché d’ailleurs. Il s’en était vanté lors d’un meeting de campagne en Alabama le 21 août 2015.

“Saudi Arabia, I get along with all of them. They buy apartments from me. They spend $40 million, $50 million,” Trump told a crowd at an Alabama rally on Aug. 21, 2015, the same day he created four of the entities. “Am I supposed to dislike them? I like them very much.”

La Trump Organization a indiqué qu’elle n’avait plus de relations commerciales avec l’Arabie Saoudites. « Dont acte ! »

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