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Impeachment : répétition ou renonciation ?

Le mot Impeachment serait à nouveau dans le vocabulaire des démocrates de la Chambre des Représentants. « Ignoring subpoenas of Congres, not honoring subpoenas of Congress – that was Article III of the Nixon Impeachment » avait déclaré la semaine dernière la Speaker Nancy Pelosi.

De fait, le 30 juillet 1974, 9 jours avant que le président Nixon démissionne, la Commission juridique de la Chambre des Représentants avait ajouté l’Article III – Nixon had failed to comply with eight congressional subpoenas related to the Watergate investigation – aux deux déjà existants : obstruction of justice et abuse of power.

Dans son rapport Report On The Investigation Into Russian Interference In The 2016 Presidential Election, le procureur spécial Bob Mueller ne se prononce ni sur la collusion – un terme non juridique – ni sur l’entrave à la Justice mais détaille 10 instances qui peuvent légitimement étayer le dernier point. Et ce rapport a fait des petits en lançant de multiples investigations par diverses institutions, dont la Chambre des représentants. Cette dernière a lancé plusieurs injonctions – documents, audition de témoins – que Donald Trump a balayées en bloc d’un revers de main. Et c’est là où la comparaison avec l’article III de 1974 peut être faite.

Pour Donald Trump, l’affaire est close, circulez, il n’y pas rien à voir, vous avez déjà tout vu. Mais là encore, la démarche ne fait que rappeler celle de Nixon qui déclarait à peu près la même chose. La stratégie de son ministre de la Justice – y a-t-il collusion avec le président – pour mettre le rapport Mueller à la connaissance des Américains a été très efficace. D’abord un résumé qui détourne le contenu du rapport dans un sens favorable au président, message repris en boucle par ce dernier encore plus favorablement (No collusion, no obstruction). Et puis, trois semaines après en donnant une conférence de presse au moment de la publication du rapport expurgé avant même que quiconque ait le temps de le lire. Et ainsi d’imprimer une histoire dans l’esprit du public avantageuse pour Donald Trump. Et puis, les analystes et journalistes ayant lu le rapport s’en sont ouvert dans les médias.

Jusqu’à la comparution de William Barr devant la commission du sénat qui a permis aux démocrates de changer un peu le cours des choses. Pressé vertement par les démocrates du Sénat, le ministre de la Justice décidait de ne pas venir le lendemain devant la commission de la Chambre des Représentants. Réavivant ainsi la tension déjà forte entre Donald Trump et les démocrates, cet épisode a, à nouveau, poussé les feux pour lancer un impeachment.

Alors que William Barr a donné sa version du rapport Mueller qui, ont-ils constaté, est assez éloigné du contenu, les démocrates souhaitent désormais entend son rédacteur et les principaux témoins, à commencer à Don McGahn, le conseiller juridique de la Maison-Blanche. Alors qu’il n’était pas contre – il n’était pas contre répondre directement aux questions du procureur Mueller – Donald Trump a changé d’avis et contredit son propre ministre de la Justice qui s’était déclaré ne pas y être opposé. Sans préjugé de ce qu’ils pourraient dire, leurs déclarations, sans filtre, en direct face à l’ensemble des Américains, pourraient être dévastatrices. Les déclarations de John Dean, le Don McGahn de Richard Nixon à propos du « cancer on the president » ou encore signifiant les « hush payments to the Watergate burglars » avaient eu en leur temps un effet dramatique.

Désormais, les démocrates sont donc devant le difficile choix de lancer la procédure d’Impeachment et doivent faire le tri entre des questions d’éthique et de politique. Les premières les pousseraient à s’engager dans cette voie, les secondes à laisser les urnes choisir en 2020. Sachant que pour l’instant (ça peut changer), une majorité d’Américains est plutôt contre.

Nancy Pelosi a bien compris le dilemme et est bien consciente des risques que poserait cette procédure qui doit rester une exception. Elle avait bien dit qu’elle se lancerait dans cette voie sur une base bipartisane, ce qui est peu probable. Aujourd’hui, elle considère pousse les démocrates dans cette direction par calcul politique. D’abord parce que cela diviserait les démocrates et n’aurait sans doute pas le soutien des Américains.

« L’histoire se répète – au moins deux fois, sinon plus, la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce », avait prévenu Karl Marx. Serait-il mis en défaut dans son affirmation ? Car Donald Trump n’est pas Richard Nixon. Celui-ci avait démissionné, celui-là ne le fera pas. Il a même repris un tweet de Jerry Falwell Jr exprimant l’idée que les deux premières du mandat de Donald Trump lui avaient été volées et qu’il faudrait donc lui donner deux ans supplémentaires.

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