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Impeachment : jusqu’où l’infamie ?

On parlait du système des Checks and Balances pour caractériser de la politique aux Etats-Unis et célébrer un bon exemple de fonctionnement démocratique. On devra désormais parler du No Checks and No Balances. Le Sénat, sous la férule de Mitch McConnell dont les préoccupations sont la cohésion de sa majorité et la réélection de ceux qui la composent, vient de montrer ce dont il était capable. Il va conduire le sénat à voter non pour l’appel à témoins et innocenter le président en place.

« Il l’a fait c’est inapproprié mais pas impeachable », nous explique Lamar Alexander, sénateur du Tennessee.

« Il l’a fait, c’est peut-être impeachable mais il ne faut pas destituer le président, car cela pourrait mettre en péril l’unité du pays », ajoute Marco Rubio, sénateur de Floride et candidat malheureux à la primaire républicaine de 2016. Celui-là même qui, sous les insultes de Donald Trump concernant sa petite taille, avait répondu, de manière pleinement allusive, que Donald Trump avait de petites mains. C’est le niveau de la politique auquel on était arrivée : le caniveau. La couverture de Time Magazine était franchement exagérée et inappropriée, car Marco Rubio est désormais un soutien – affiché – indéfectible de Donald Trump.

Faut-il faire venir John Bolton qui va publier un livre dans lequel il écrit que Donald Trump a fait ce que désormais tout le monde sait est-ce utile affirme en chœur les sénateurs ? Et dans les conditions où il y aurait égalité entre les oui et les non, ce sait au président de la Cour Suprême de trancher. Répondant aux remarques de Chuck Schumer que lors du procès d’Impeachment d’Andrew Johnson, le président de la Cour Suprême avait rempli ce rôle, John Roberts, son successeur d’aujourd’hui, a répondu que ces cas n’étaient pas suffisants pour faire jurisprudence. On s’est donc à quoi s’en tenir.

D’ici mercredi, jour du vote des sénateurs, il n’est pas impossible que d’autres preuves accablantes surgissent. Joseph Bondy, l’avocat de Lev Parnas, le businessman d’origine ukrainienne, inculpé en octobre dernier, a envoyé une lettre à Mitch McConnell, qui abonde assez largement le dossier.

« Mr. Parnas would testify that those holding various roles in this plot included GOP Super PAC America First, President Trump, Vice President Pence, former Energy Secretary Rick Perry, Secretary of State Mike Pompeo, Attorney General Bill Barr, Senator Lindsey Graham, Congressman Devin Nunes, Nunes’s Staffer Derek Harvey, Journalist John Solomon, Attorneys Joe diGenova and Victoria Toensing, Mr. Giuliani, and others » écrit-il dans ce courrier. On voit donc que le nombre de personnes impliqué dans ce qu’on peut appeler une affaire d’État est assez large. Quand on y pense, l’objet de l’impeachment de Bill Clinton était plutôt risible et l’acharnement du procureur Kenn Starr à faire sortir quelque chose étonnant quand on observe les déclarations qu’il a fait cette fois en tant qu’avocat de l’équipe Trump. Selon Joseph Bondy, Lev Parnas a beaucoup de choses à dire. Mais le sénat n’est pas prêt à l’entendre.

Le Sénat va donc prendre une décision qui, elle, fera jurisprudence et laissera donc le président libre de faire ce qu’il veut, sans contrôle et sans devoir rendre des comptes. Imaginons que Donald Trump soit réélu, on peut donc craindre le pire. Surtout quand on entend ce que clamait la foule venue écouter les bonnes paroles du chef en meeting à la Drake University à Des Moines dans l’Iowa : « Four more Years!, Twelve more Years », « Thirty more years of Trump ». « It Can’t Happen Here » tel était le titre de Sinclair Lewis. En fait si, ça peut arriver. C’est arrivé.

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