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Impeachment : dix élus républicains pour sauver l’âme du GOP

Le mercredi 13 janvier 2021 restera historique à plus d’un titre.

Un président des Etats-Unis a été mis en accusation dans une procédure d’impeachment par la Chambre des représentants pour la seconde fois. Cela n’était jamais arrivé. Le motif clair et net : « high crimes and misdeaminors » (grands crimes et méfaits). La résolution ne retient qu’un article, mais il est de taille : « Incitement of insurrection ». Par comparaison, le motif originel qui avait été retenu pour Bill Clinton relève plutôt de l’opérette, même si, pris les pieds dans le tapis, il s’est ensuite embourbé dans le mensonge face au Congrès. Il y a l’incitation à la violence juste avant la réunion du Congrès pour compter les votes de grands électeurs. Cet acte faisait suite à des déclarations répétées des semaines durant affirmant que les résultats de l’élection présidentielle étaient le produit d’une fraude généralisée et ne devraient pas être acceptés par le peuple américain ou certifiés par des représentants de l’État ou du gouvernement fédéral.

Avec des tentatives de demander à des élus de renverser le résultat des élections comme l’appel téléphonique le 2 janvier 2021, au cours duquel le président Trump a exhorté le secrétaire d’État de Géorgie, Brad Raffensperger, à « trouver « suffisamment de votes pour annuler les résultats de l’élection présidentielle en Géorgie et en le menaçant en cas d’échec.

La procédure de destitution de Donald Trump a été votée avec 232 voix contre 197. Se sont joints au vote des démocrates, dix voix d’élus républicains, ce qui en fait la procédure d’impeachment la plus bipartisane de l’histoire des Etats-Unis même si on peut considérer que 10 élus représentent une petite minorité compte tenu de la gravité des faits. 5 démocrates seulement avaient voté la mise en accusation de Bill Clinton et aucun démocrate n’avait voté la procédure de destitution d’Andrew Johnson en 1868. Quant à Richard Nixon, le vote n’avait pas eu lieu puisque les responsables du parti républicain, dont Barry Goldwater s’étaient rendus à la Maison-Blanche pour l’informer qu’il n’avait plus le soutien des élus et que la procédure de destitution sera votée. Richard Nixon avait alors démissionné.

Malgré les faits accablants, le conservateur anti-Trump de la première heure Charles Sykes (Defeated, Disgraced, Twice Impeached) déplore néanmoins que :
– 64% déclarent qu’ils supportent le comportement récent de Donald Trump ;
– 57 % des républicains pensent qu’il devrait être candidat en 2024 ;
– Et 17 % seulement considèrent qu’il doit être révoqué.

A la suite du vote de la Chambre de représentants, Charles Sykes propose alors une classification des élus en quatre groupes : The Profiles in Courage; the Sedition Caucus; the Mugwumps; and the Terrified.

Dans le premier groupe, on trouve Liz Cheney, la numéro 3 du groupe républicain de la Chambre, représentante du Wyoming. La fille de l’ancien vice-président Dick Cheney n’a pas mâché ses mots (voir communiqué ci-dessous).


Le communiqué officiel de Liz Cheney, Congresswoman du Wyoming et n°3 du Parti républicain :

I Will Vote To Impeach The President
“On January 6, 2021 a violent mob attacked the United States Capitol to obstruct the process of our democracy and stop the counting of presidential electoral votes. This insurrection caused injury, death and destruction in the most sacred space in our Republic.
“Much more will become clear in coming days and weeks, but what we know now is enough. The President of the United States summoned this mob, assembled the mob, and lit the flame of this attack. Everything that followed was his doing. None of this would have happened without the President. The President could have immediately and forcefully intervened to stop the violence. He did not. There has never been a greater betrayal by a President of the United States of his office and his oath to the Constitution. 
“I will vote to impeach the President.”


Dans le second, les séditieux. On les connaît ce sont les 138 représentants qui ont voté pour renverser l’élection présidentielle, même après l’échec de la tentative d’insurrection. Beaucoup d’entre eux avaient également signé une lettre de soutien à la poursuite absurde et mensongère du Texas qui cherchait à priver des dizaines de millions d’électeurs et à annuler l’élection présidentielle.

Le troisième groupe, les Mugwumps,  réunit les élus républicains qui semblent comprendre pleinement l’énormité de la conduite de Trump … mais qui ont quand même voté contre la destitution.

Enfin, le quatrième groupe est celui de ceux qui ont peur, pour leur avenir politique et même peur tout court. Un sentiment que l’on peut comprendre lorsqu’on apprend que lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier dernier, les assaillants semblaient prêts à tout, y compris tuer des élus du Congrès. Une potence avec un nœud coulant n’avait-elle pas été érigée pour Mike Pence que la foule était prête à lyncher si elle avait pu mettre la main dessus.

De son côté, l’historien Timothy Snyder, professeur à l’Université de Yale, offre une perspective plus large dans un essai publié récemment dans le New York Times intitulé The American Abyss en décrivant les deux grandes tendances du parti républicain : les gamers et les breakers.

Les gamers
« One group of Republicans is concerned above all with gaming the system to maintain power, taking full advantage of constitutional obscurities, gerrymandering and dark money to win elections with a minority of motivated voters. They have no interest in the collapse of the peculiar form of representation that allows their minority party disproportionate control of government. The most important among them, Mitch McConnell, indulged Trump’s lie while making no comment on its consequences ».

Les breakers
« They might actually break the system and have power without democracy ». Josh Howley, Ted Cruz qui ont objecté le comptage des voix des grands électeurs figurent dans cette deuxième catégorie avec leur mentor Donald Trump.

« Au cours des quatre décennies qui ont suivi l’élection de Ronald Reagan, explique l’historien, les républicains ont surmonté la tension entre les gamers et les breakers en gouvernant par opposition au gouvernement, ou en qualifiant les élections de révolution (le Tea Party), ou en prétendant s’opposer aux élites. Les breakers, dans cet arrangement, fournissent une couverture aux gamers, mettant en avant une idéologie qui détourne de la réalité de base que le gouvernement sous les républicains n’est pas réduit, mais simplement détourné pour servir une poignée d’intérêts ».

Aujourd’hui, alors que cette tension est extrême, les républicains sont au pied du mur : Ils continuent dans cette voie sans issue consistant à soutenir Donald Trump et ses récriminations et ses ressentiments ou ils sont prêts à revenir à des valeurs originelles et à sortir de cette nouvelle culture où le compromis et la négociation n’ont plus leur place.

 

 

 

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