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Et pour quelques dollars de plus

L’Amérique en 2011 a perdu la maîtrise de sa finance, de sa monnaie, et d’une façon d’elle-même. Tel est le constat sans appel que nous propose Edouard Tétreau dans son petit ouvrage stimulant mais un peu désespérant au titre évocateur Quand le dollar nous tue. L’auteur nous rappelle la formule du temps du Secrétaire d’Etat au Trésor « Le dollar est notre monnaie et votre problème ». Une formule qui n’est pas sans rappeler celle de Ronald Reagan selon laquelle « l’Etat n’est pas la solution, il est le problème ». Cette vérité sur la réalité du billet vert qui remonte à 1971, année où Nixon imposant au monde l’engagement des Etats-Unis de Bretton Woods de 1944 qui imposait que le dollar soit arrimé au dollar.

La crise dite des subprimes déclenchée en septembre 2008, mais qui couvait depuis quelques années, serait passée. Et  pourtant la lecture de ce livre nous laisse craindre le pire. Les Etats-Unis sont endettés à des niveaux qui n’ont rien à envier à la Grèce ou à l’Irlande.

Qu’à cela de tienne, il suffit de fabriquer des dollars et d’en inonder le monde.  Cette facilité à laquelle cèdent les Etats-Unis depuis trop longtemps déjà a créé notamment ce qu’on appelle aujourd’hui la Chinamérique, un couple dans lequel chacun des deux partenaires a besoin de l’autre : les Chinois achètent les bons du Trésor des Etats-Unis, mais ils ont besoin de l’Amérique pour écouler leurs produits qui les achètent  en creusant leur dette. Mais pour combien de temps encore ? En février 2011, le Trésor américain révélait que la Chine n’était plus le premier détenteur de bons du Trésor mais la Réserve Fédérale. Et la Chine entend développer son marché intérieur pour s’affranchir de cette dépendance infernale. C’est la politique qu’a décidé le PC Chinois avec son 12e plan quinquennal décidé en octobre 2010.

Les nations continuent à acheter la dette des Etats-Unis qui n’ont jamais fait défaut. Mais combien de temps encore ? Edouard Tétreau propose quatre scénarios qui ne sont pas plus rassurants les uns que les autres :

1. Le scénario Erreur technique (Probabilité : 1 %)
Le 6 mai 2010, les marchés financiers (robots et traders) ont fait disparaître 1000 milliards de dollars en 20 minutes. Il faudrait moins de 7 heures pour atteindre 20 000 dollars ;

2. Le scénario « go to hell » (29 %)
Les agences de notation, toutes américaines, maintiennent le triple A de la dette américaine. Et les Etats-Unis repoussent à plus tard le remboursement

– La version light (probabilité : 20 %)
Le Trésor Américain annonce que les cotations des obligations sont reportées sine die, en attendant que les créanciers acceptent les nouvelles conditions.

– la version hard (9 %)
Les intérêts de l’Amérique exigent de ne pas rembourser les 4000 milliards de dollars. Nos alliés nous doivent bien ça ; quant aux adversaires, qu’ils aillent au diable.

3. Le scénario diabolique (probabilité : 70 %)
Depuis le 15 août 1971, l’Amérique fabrique des dollars, de l’argent à partir de rien. Elle va continuer à inonder le monde de ses dollars.

Bref, rien de très réjouissant.

Espérons que les dirigeants américains seront responsables trouveront un autre scénario qui préservent les intérêts des deux parties.  “Je n’ai rien d’autres à offrir que « du sang, du travail, des larmes et de la sueur” avait déclaré Winston Churchill. Evitons autant que faire se peut le sang et les larmes.  N’est-ce pas l’occasion d’imposer l’euro ?

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