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Enquête Mueller : Circulez, il n’y a rien à voir !

Les faits n’ont qu’une importance relative, voire aucune importance. Ils sont devenus subordonnées aux opinions et n’ont de valeur que s’ils peuvent servir des intentions.

Le dernier épisode du memo en est une triste illustration. Une sorte d’étape à mi-parcours en attendant le pire. Dans une spirale qui porte de plus en plus atteinte à la séparation des pouvoir et donc aux fondements de la démocratie, le président en place a procédé au limogeage de hauts responsables de son administration, ceux mis en place par la précédente mandature, entre autres Sally Yates, ministre par intérim de la Justice, James Comey, le directeur du FBI. Mais il menace de continuer dans cette voie en démettant de responsables qu’il a lui-même nommés : Jeff Sessions, l’actuel ministre de la Justice, parce qu’il s’est récusé dans l’enquête Russe, Rod Rosenstein, numéro deux du DOJ et seule personne habilitée à démettre de ses fonctions Bob Mueller, le procureur en charge de l’enquête et Christopher Wray qui a clairement marqué son opposition dans la publication du memo produit par le président de la Commission sur le renseignement.

En attendant de le faire, ce qui serait l’équivalent pour tous les observateurs politiques du Saturday Night Massacre, Donald Trump s’est lancé dans une opération sans précédent de dénigrement des institutions, notamment les agences de renseignement, principalement le FBI et la CIA. Il avait commencé dès son entrée dans le Bureau ovale et il redouble d’efforts ces dernières semaines. On prétend souvent que Donald Trump est imprévisible mais dans cette affaire alors qu’il s’agit de ses propres intérêts, il a une ligne de conduite claire, semble prêt à tout, même à sacrifier l’image des institutions, déjà assez largement ternie.

La logique est simple : puisque le FBI est devenu un repaire de libéraux anti-Trump et que Bob Mueller est totalement partial, les résultats de l’enquête qu’il est en train de mener n’ont aucune valeur. Même si Bob Mueller prouve que Donald Trump peut être accusé de conspiration avec une puissance étrangère, de blanchiment d’argent, d’entrave à la justice ou les trois ensembles, ses soutiens indéfectibles, sa base comme on dit qui n’a pas bougé d’un iota depuis un an, considéreront sans doute qu’il s’agit là d’élucubrations sans fondement. Circulez, il n’y a rien à voir ! C’est la thèse d’E.J. Dionne dans l’article Nunes Paves Trump’s Road to Autocracy. Et les faits qui se déroulent sous nos yeux ne peuvent que lui donner raison.

Avant de passer à l’étape d’après, démettre Rod Rosenstein pour pouvoir révoquer Bon Mueller, le procureur chargé de l’enquête, et pourquoi pas au passage se débarrasser de Christopher Wray, le directeur FBI (Deux précautions valent mieux qu’une), Donald Trump attend peut-être de sentir comment les républicains réagiront. Et jusqu’ici, ils ont été plutôt compréhensifs dans leur grande majorité. Seules, certaines voix comme celles de John McCain se sont faites entendre haut et fort.

“The latest attacks on the FBI and Department of Justice serve no American interests – no party’s, no president’s, only Putin’s. The American people deserve to know all of the facts surrounding Russia’s ongoing efforts to subvert our democracy, which is why Special Counsel Mueller’s investigation must proceed unimpeded. Our nation’s elected officials, including the president, must stop looking at this investigation through the warped lens of politics and manufacturing partisan sideshows. If we continue to undermine our own rule of law, we are doing Putin’s job for him.”

A la suite de la publication du memo, trois autres voix républicaines appartenant à la Commission du Renseignement de la Chambre des Représentants se sont ajoutées à celle de John McCain en affirmant clairement que ce document ne changeait en rien l’enquête en cours

Tim Gowdy à l’émission « Face the Nation » sur CBS

« The document has has no effect on potential links between the Trump campaign and the Kremlin ».

Chris Stewart de l’Utah a déclaré sur “Fox News Sunday” que Donald Trump n’était absolument pas blanchi par ce document :

“I think it would be a mistake for anyone to suggest that the special counsel shouldn’t complete his work. I support his work. I want him to finish it. I hope he finishes it as quickly as possible. … The essence of this memo is something quite different ….”

Rep. Will Hurd du Texas à l’émission  ‘This Week sur la chaine ABC :

“I would say that DOJ and the FBI should continue doing their job. I don’t believe this is an attack on Bob Mueller. I don’t believe this is an attack on the men and women in the FBI. I’ve served shoulder to shoulder with them and they are hard-working folks that keep us safe.”

Mais dans leur majorité, ils semblent bien prêts à accepter les pires ignominies, en tous cas ne montrent pas une volonté farouche d’arrêter leur président dans cette affaire de plus en plus douteuse.

Après un discours sur l’état de l’Union où il semblait avoir été apprivoisé par son téléprompteur, Donald Trump est reparti de plus belle, tirant tous azimuts avec sa machine à tweets.


Pour l’heure, la relecture d’un passage du livre d’Hannah Harendt, « le système totalitaire, les origines du totalitarisme » ne peut qu’alerter :

L’efficacité de ce genre de propagande met en lumière l’une des principales caractéristiques des masses modernes. Elles ne croient à rien de visible ; à la réalité de leur propre expérience ; elles ne font confiance ni à leurs yeux ni à leurs oreilles mais à leur seule imagination, qui se laisse séduire par tout ce qui est à la fois universel et cohérent en soi. Les masses se laissent convaincre non par les faits, même inventés ; mais seulement par la cohérence du système dont ils sont censés faire partie. 

La cohérence ici est simple : le résultat de l’enquête menée par l’ancien du directeur du FBI n’a aucune valeur puisqu’il est totalement partial et acquis à la cause des démocrates.

 

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