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Deux visions de l’Amérique First

America First et Make America Great Again sont les deux principaux slogans de campagne et de présidence de Donald Trump. Le premier peut s’interpréter comme America Alone – les récents événements de Syrie accréditent cette idée – et le second comme le retour à une Amérique éternelle, sans doute blanche comme le suggérait prix Nobel de littérature Toni Morrison.

Dans son discours de 12 septembre 1962 à l’occasion duquel il dévoile le programme Apollo visant à envoyer d’un homme sur la Lune avant la fin de la décennie, John Kennedy développe son idée de l’Amérique First :

« Yet the vows of this Nation can only be fulfilled if we in this Nation are first, and, therefore, we intend to be first ».

 

Les Américains ont été pris à surprise, d’abord par le lancement le 4 octobre 1957 du premier engin placé en orbite autour de la Terre et l’envoi le 12 avril 1961 de Youri Gagarine, premier homme à aller dans l’espace. La conquête de l’espace pour laquelle Russes et Américains sont concurrents est le symbole de la compétition entre les deux systèmes capitaliste et communiste dans un contexte de guerre froide qui prendra une nouvelle dimension avec la construction du mur de Berlin le 13 août de la même année. Le programme Apollo doit permettre à l’Amérique de reprendre l’avantage.

Même s’il faut le replacer dans ce contexte assez sombre, ce discours suscite l’enthousiasme et est rempli d’optimisme, une qualité que l’on attribue volontiers aux Américains. Il fait confiance au progrès de la science et de la technologie pour aider à résoudre les grands problèmes qui se posent à l’humanité (On ne parle pas encore de dérèglement climatique). S’il est assez difficile de mesurer les retombées des programmes spatiaux sur la vie quotidienne, ils ont néanmoins suscité une passion partagée par tous ou presque.

Avec des formules simples qui frappent l’imaginaire et restent dans les mémoires : « We choose to go to the moon. We choose to go to the moon in this decade and do the other things, not because they are easy, but because they are hard ».  John Kennedy reprend aussi la formule de l’explorateur George Mallory, mort dans son ascension de l’Everest à qui l’on avait demandé pourquoi il entreprenait cette ascension. Et il avait simplement répondu : « Because it is there ».

L’autre discours donné par Donald Trump à l’occasion de l’inauguration de son premier mandat est d’une tout autre nature. S’il y reprend cette idée d’America First, le slogan prend un sens très différent. L’optimiste a laissé place au ressentiment et à la rancœur, voire même à l’esprit de revanche. Dans cette nouvelle vision de l’Amérique, la science n’a plus que la portion congrue. Il n’est plus question d’aller de l’avant, mais d’un « great national effort to rebuild our country and to restore its promise for all of our people ».

 

A une situation qu’il juge catastrophique : « This American carnage stops right here and stops right now », Donald Trump propose revenir à un âge mythique dont on ne sait pas quand il a existé :

« Together, We Will Make America Strong Again.
We Will Make America Wealthy Again.
We Will Make America Proud Again.
We Will Make America Safe Again.
And, Yes, Together, We Will Make America Great Again »

Serait-ce l’époque du début des années soixante quand John Kennedy offrait la Lune aux Américains ?

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