Aller au contenu Skip to footer

De l’hydroxychloroquine au bleach : Mr Clean goes to Washington

Alors que les États-Unis ont franchi la barre des 50 000 morts et enregistrent plus de 26 millions de chômeurs – tout l’emploi créé depuis dix ans a été effacé en quatre semaines (même si une proportion encore incertaine retrouvera son emploi) -, le président continue à émettre des hypothèses sur les différentes thérapies possibles.

Il y a d’abord eu l’épisode de Hydroxychloroquine où le président des États-Unis qui, comme il le répète à l’envi qu’il n’est pas médecin, mais qu’il en a là-dedans (déclaration accompagnée d’une geste de la main pointant vers le cerveau), pousse pour l’utilisation d’une solution thérapeutique dont jusqu’à présent aucune étude scientifique montre l’efficacité, même associé à des antibiotiques ou d’autres médicaments.  Mais aucune étude ne prouve qu’elle ne soit pas efficace, mais cette hypothèse n’est pas très utile. Car s’il fallait démontrer la non-efficacité de médicaments on ne serait pas sorti de l’auberge.  Mais une des formules favorites du président est « What do you have to lose ». Il l’utilise fréquemment et l’applique à toutes sortes de situations. On pourrait l’utiliser par exemple pour le chocolat : « What do you have to lose ». Effectivement et en plus c’est bon le chocolat.

Mais alors que le chapitre Hydroxychloroquine est suspendu aux résultats des études scientifiques (voir ci-dessous) et ne semble pas avoir prouver une quelconque efficacité, Donald Trump, qui n’est pas médecin, a lancé une autre suggestion, plutôt digression, qu’il demande à ses conseillers scientifiques de tester. Ici, il s’agit de traitements à base d’ultraviolet et même de désinfectant injecté directement dans les poumons, pour voir. « What do you have to lose ? » Votre vie ont répondu en cœur de nombreux médecins. Car Donald Trump n’a pas encore compris que s’il parle ce n’est pas lui, mais le président et que cela peut avoir des conséquences graves, la différence entre la personne et la fonction (The office of the President). Si on se doit de respecter la seconde, on doit regarder qui l’incarne avant de se déterminer pour la première. Un tweet de travers, et le cours de l’action d’une entreprise peut s’effondrer. Un autre, des milliers de vies peuvent être mis à risques.

Mais Donald Trump n’a cure de toutes ces considérations. « I am the president, you are fake News » a-t-il répondu à Phil Rucker, journaliste du Washington Post qui lui demandait « why he had had that discussion because “people tuning into these briefings, they want to get information and guidance and want to know what to do — they’re not looking for a rumor. »  

Et poursuivant sur son idée de désinfectant : « And then I see the disinfectant, where it knocks it out in a minute (…) And is there a way we can do something like that, by injection inside or almost a cleaning? Because you see it gets in the lungs and it does a tremendous number on the lungs. So it would be interesting to check that. »

« Maybe you can, maybe you can’t. Again I say maybe you can, maybe you can’t. I’m not a doctor. I’m like a person who has a good you-know-what, »

Après ces déclarations dont il est difficile de percevoir l’objectif et la cohérence (distraire les Américains et les détourner de la catastrophe qui est en train de se jouer sous leurs yeux, occuper le terrain médiatique en vue des élections…), le service de presse s’est empressé de dire que les médias avaient extrait ces déclarations de leur contexte. Mais quel contexte ? Que les États-Unis aient dépassé les 50 000 morts. Le lendemain, Donald Trump a répété plusieurs fois qu’il avait été sarcastique à une question de journaliste (la vidéo montre bien qu’il n’y a pas de question, mais une intervention spontanée). Mais à supposer que ce soit vrai, comment être sarcastique en une telle période. Et si ce n’est pas le cas, on retourne à la case départ.

D’ailleurs, les autorités compétentes se sont crues obligées de pondre un communiqué ou un tweet pour rappeler qu’il ne fallait surtout pas boire de désinfectant, tout comme les compagnies qui en fabriquent comme Clorox ou Lysol.

 

Pendant ce temps, le Dr Bright est viré parce qu’il ne faisait pas la promotion de hydroxychloroquine. Pendant ce temps, les Américains (comme les Français d’ailleurs) cherchent les masques, les tests et certains états comme la Géorgie ont rouvert l’économie. Faut-il rappeler que le gouverneur républicain de Géorgie avait déclaré (en avril) devant les caméras de télévision qu’il venait d’apprendre que les porteurs asymptomatiques étaient contagieux.


LE DOCTEUR
Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !

KNOCK
Cela se discuterait. Car j’ai connu, moi, cinq personnes de la même famille, malades toutes à la fois, au lit toutes à la fois, et qui se débrouillaient fort bien. Votre objection me fait penser à ces fameux économistes qui prétendaient qu’une grande guerre moderne ne pourrait pas durer plus de six semaines. La vérité, c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi, n’osera allez jusqu’au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir ! Mais soit ! Je vous accorderai qu’il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner les autres, ou former, à l’arrière des malades en activité, une espèce de réserve. Ce que je n’aime pas, c’est que la santé prenne des airs de provocation, car alors vous avouerez que c’est excessif. Nous fermons les yeux sur un certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de gens leur masque de prospérité. Mais s’ils viennent ensuite se pavaner devant nous et nous faire la nique, je me fâche.
(Docteur Knock, Jules Romain, Acte III, Scène VI)


En France, Le 22 avril 2020, devant les sénateurs, le ministre de la Santé, Olivier Véran déclarait à propos de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine : « Les dernières publications qui ont été publiées et validées ne sont pas en faveur, hélas, de l’utilisation en pratique courante de ce traitement en mono ou en bithérapie ». Des mauvais résultats qui dès le début étaient prévisibles au regard de la pharmacocinétique, cette discipline qui étudie l’évolution des concentrations du médicament dans l’organisme. « La raison est simple. Les doses qu’il faudrait utiliser pour atteindre l’efficacité supposée de l’hydroxychloroquine sont tellement énormes, qu’elle tuerait les patients à coup sûr », indique le professeur Mathieu Molimard spécialisé en pneumologie et en pharmacologie, chef de service de Pharmacologie Médicale du CHU de Bordeaux.
(Source : Sciences et Avenir)

 

 


Trista California (Commentaire de l’article du New York Times Trump’s Suggestion That Disinfectants Could Be Used to Treat Coronavirus Prompts Aggressive Pushback)

“Cult followers are capable of self-harm of all types to prove their faith in the leader, such as handling of poisonous snakes and ingestion of toxic substances. Jim Jones’s followers ingested poison and forced it on others to demonstrate their dedication. The phenomenon of Trump’s “testing” the faith of his followers in this way doesn’t surprise me at all. We have an epidemic of mass psychosis manifesting among Trump’s base. How to deprogram them, if that is even possible, is our challenge. They would follow him off a cliff without thinking twice.

We are in trouble perhaps even more serious than the pandemic. The spread of a virus is, for all its destructive effects, a natual event. The phenomenon of Trumpism, however, is unatural and threatens the very foundations of our democracy”.


 

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2024. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies