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Croissance : Une hirondelle ne fait pas le printemps

Trop d’impôts tue l’impôt. On connait la formule. Les taxes n’ont plus la cote. Elles n’ont bonne presse que lorsqu’elles sont revues à la baisse. De telle sorte que certaines entreprises ne savent plus quoi faire de leurs bénéfices alors que la majorité des Etats sont face à des déficits extrêmement élevés.

Donald Trump a annoncé en en fanfare les résultats du deuxième trimestre 2018 montrant une croissance forte de 4,1 %. Il s’en est évidemment attribué tout le crédit alors que pendant les deux mandants d’Obama, il mettait en doute la pertinence de ces chiffres, surtout quand ils étaient bons. Lors de cette présentation ou le dithyrambe le disputait à l’hyperbole, Donald Trump a pris les libertés habituelles avec les chiffres : croissance, emploi, salaires… Tous les chiffres annoncés ne correspondent à la réalité.

Evolution de la croissance depuis 2012

Evolution de la dette depuis l’origine des Etats-Unis

Croissance par trimestre

Décomposition de la croissance du 2e trimestre 2018

Création d’emplois depuis 2015

Mais, c’est là où les choses ont pris encore un peu plus d’ampleur. En substance, Donald Trump demande à ses fans de ne pas croire ce qu’ils voient mais ce qu’il leur dit.

Pas plus qu’une hirondelle ne fait le pas le printemps, la croissance d’un trimestre pris isolément ne signifie pas grand-chose comme le rappelle Paul Krugman dans son dernier éditorial (Why One Quarter’s Growth Tells Us Nothing). Ce n’est pas le discours que tiennent les conseillers économiques, Larry Kudlow en tête qui se lâche à espérer des taux pouvant atteindre 5 %. Pourquoi pas 10 % tant qu’on y est. Et à répéter à l’envi la bonne vieille théorie du ruissellement dont rien ne prouve qu’elle fonctionne ou plutôt dont on sait qu’elle ne fonctionne pas. Pour sa part, les prévisions de Goldman Sachs pour les prochains trimestres sont nettement moins reluisantes.

4,1 % eu second trimestre c’est bien, un peu moins bien que les deuxième et troisième trimestre de 2014 pendant le deuxième mandat de Barack Obama. Quelqu’un à la Maison Blanche aurait-il osé lui rappeler ? Quand on prolonge les courbes de croissance à partir de 2009, on n’aperçoit pas de modification substantielle entre les deux présidents. Dit autrement, Donald Trump a bénéficié d’une période de croissance – parfois molle il est vrai – mais continu depuis 2010. Après la crise de 2008, laissée en héritage par George W. Bush et les républicains, Barack Obama a donc procédé à une relance de l’économie de type keynésienne assez classique dont on sait qu’elle va produire une augmentation des déficits et en dernier ressort de la dette.

La réforme fiscale qui a notamment baissé les taxes sur les profits de 35 à 21 % n’était donc pas justifiée en période de croissance. D’abord elle profite principalement aux classes les plus aisées et donc creuse les inégalités déjà importantes et les entreprises. Avec l’espoir que ces dernières relancent l’investissement. Ce qui ne s’est pas produit jusqu’ici. En fait, les entreprises en profité pour renforcer leur programme de rachat d’action pour en soutenir le cours, augmenter les dirigeants et accessoirement accorder des primes généreuses de 1000 dollars à leurs employés.

La baisse des impôts sur les sociétés a eu un effet assez immédiat puisque le montant de l’impôt collecté de janvier à juin a plongé d’un tiers, la baisse la plus forte depuis que le Commerce Department compile les données, c’est-à-dire depuis les années 1940. L’OMB (Office of Management Budget) a indiqué ce mois que la réforme fiscale devrait augmenter la dette de 1 000 milliards sur les dix ans à venir. D’autant que concernant les dépenses, l’administration Trump ne s’est pas serré la ceinture, loin de là. Les dépenses militaires ont largement augmenté. Où sont les républicains qui vociféraient critiquant le plan de relance d’Obama et ses effets sur la dette. La comparaison entre les deux périodes ne vaut pas car il fallait alors sortir les Etats-Unis de la récession alors que maintenant la croissance aurait dû permettre d’éponger un peu les déficits.

Pour l’instant tout va plutôt bien mais que va-t-il se passer quand les taux d’intérêt vont remonter, que les tensions qu’il a créées avec les différents partenaires économiques vont se matérialiser ou encore que la très longue période de croissance qu’ont connu les Etats-Unis arrivent à son terme.

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