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« You’re fired » !

Dans un article très sombre de David Frum, ancien speech writer de George W. Bush (donc pas un liberal ou un radical) intitulé How to build an Autocracy, le mensuel The Atlantic imagine une situation dans laquelle pourrait glisser les Etats-Unis avec un Donald Trump qui subrepticement et quasi furtivement établit un nouveau régime aussi proche de la kleptocratie qu’éloigné de la démocratie, gouverné par des dirigeants plus cupides que motivés par une idéologie particulière.

Un régime dans lequel les personnes sont plus importants que les règles et où il devient prioritaire de plaire au pouvoir et dangereux de lui déplaire. Ces nouveaux dirigeants n’utilisent pas la coercition et la terreur pour exercer leur pouvoir mais se contentent de tordre le coup à la réalité (alternative facts) et aux règlements, manipule les faits (fake news) et pratiquent la cooptation des élites, n’hésitant pas une seconde pour favoriser leur entourage proche, à commencer par leur famille, pour remplir des postes essentiels.

Et la transition vers un tel régime peut se faire en douceur, sans violence. Les opposants à un tel régime en marche ne sont pas tués ou même emprisonnés, ils sont seulement harcelés par des inspections diverses, les enquêtes fiscales… S’ils travaillent pour une administration ou pour une entreprise qui travaille pour le gouvernement, ils risquent de perdre leur travail s’ils parlent trop. « Jour après jour, un tel régime se met en place plus par encouragement que par intimidation » écrit David Frum.

Certains ont parlé de facisme. C’est le cas de Robert Kagan du Brookings Institute dans un article publié par le Washington Post dont le titre ne laisse pas de doute : This is how fascism comes to America. Il y a des éléments considère l’auteur de l’article de The Atlantic dans le nouveau président des Etats-Unis qui s’y rattachent : la division de la société en deux grandes parties : les amis et les ennemis, l’attirance pour la violence, la vision de la vie comme un combat pour la domination où quelques-uns gagnent et les autres doivent perdre, la virilité débridée » Mais d’autres éléments font que Donald Trump ne peut pas être qualifié ainsi : « He is so pathetically needy, so shamelessly self-interested, so fitful and distracted ». Donald Trump est principalement préoccupé par son niveau de popularité ou d’approbation, par sa richesse et par son pouvoir.

Les institutions et la séparation des pouvoirs garantiraient aux Etats-Unis de ne pas tomber dans un régime autoritaire. Mais quel est le degré de garanties lorsque chacune des branches n’exerce plus ce nécessaire exercice de checks and balances. L’éviter n’est pas garanti, il dépend à chaque Américain de décider dans quel voie son pays va s’engager. Si la proposition semble un peu dramatique, la situation actuelle mérite peut-être de s’y arrêter un peu plus.

Le contre-pouvoir actuel est relativement faible. Les Républicains du Congrès espèrent bien poursuivre leur propre agenda en parallèle à celui de Donald Trump. « Do you have any concerns about Steve Bannon being in the White House » demande le journaliste de CNN à Jake Tapper à Paul Ryan ? « Je ne sais pas, je ne m’intéresse pas trop à ce type de question ». Et les conflits d’intérêt ? « Cela ne me concerne pas, Trump devrait régler ces problèmes ».

Malgré la séparation des pouvoirs, les pouvoirs du président sont larges. Il peut nommer et « virer » (le terme qu’il affectionnait particulièrement dans son émission de télévision The Apprentice), les responsables de l’administration ou de son cabinet qui ne lui plaisent pas. C’est ce qu’il a fait avec Sally Yates, la ministre de la justice par intérim en attendant que Jeff Sessions soit confirmé par le Sénat. Cette dernière avait eu l’outrecuidance d’émettre des réserves sur l’Executive Order de ce week-end interdisant temporairement l’entrée de ressortissant de 7 pays, y compris ceux qui ont déjà leur visa.

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Va-t-il « virer » les 1000 signataires (un nombre qui va sans doute augmenter) du ministère des affaires étrangères de la pétition marquant leur désaccord sur cette mesure (le ministère emploie 11 000 fonctionnaires aux Etats-Unis et 7600 en poste à l’étranger). Dans cette note, ils expliquent que la très grande majorité des attentats a été commis des Américains ayant vécu depuis longtemps aux Etats-Unis ou même nés aux Etats-Unis ; que les pays concernés ne sont pas ceux dont les ressortissants ont commis des attentats. Rappelons que les terroristes du 11 septembre étaient principalement des saoudiens ; Et que cette la mesure prise par Donald Trump était inefficace. Ils expliquent ensuite les effets négatifs de cette mesure et ce qu’ils conviendraient de faire pour une meilleure efficacité. Comme Donald Trump a signé cet EO dans la précipitation sans en informer les membres de son cabinet ni les agences compétentes, il était difficile de prendre en compte toutes ces considérations.

Pour lire la pétition, cliquer ici

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