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What’s wrong with Texas?

Que s’est-il passé au Texas où une vague de froid a coupé d’électricité des millions de foyers causant plusieurs morts ? Une vague de froid inhabituelle sans aucun doute avec des températures de 25 degrés en dessous des normales saisonnières, mais qui révèle une imprévoyance crasse ou plutôt un refus de prévoyance pour des raisons purement idéologique. Pendant cette vague de froid, Ted Cruz, sénateur de l’état, qui n’est pas à un scandale près, a profité de cette difficile période pour aller faire une escapade au Mexique, sous des cieux plus cléments. Bravant aussi les recommandations du CDC de ne pas se rendre à l’étranger sauf pour raison impérieuse. Il est vrai que passer de – 30° F à + 80° à Cancún peut être considéré comme une raison impérieuse.

Pourquoi cela est-il arrivé ? Si l’on en croit Kevin McCarthy, leader de la minorité républicaine à la chambre des représentants, qui rapporte sur son blog (What’s Up in Texas?) des éléments de réflexion de Rick Perry, ex-gouverneur du Texas :

« Short answer: it was a perfect storm ». Sur ce point, personne ne pourra le critiquer même si cette vague de froid était prévue quelques jours à l’avance.

« Long answer: if the Biden Administration follows through on its talk to ban fossil fuels, this will happen again, and in more places than Texas ». C’est là où les choses se gâtent et l’hypocrisie le dispute à la mauvaise foi. Car il faut oser en affirmant que cela arriverait dans d’autres endroits si la politique de Joe Biden était appliquée alors que ça vient tout juste d’arriver au Texas avec un gouvernorat républicain depuis 1995 date à laquelle George W. Bush avait été élu. De leur côté, les commentateurs de Fox News s’en sont données à cœur joie. Tucker Carlson, déclarait lundi sur la chaîne que “a reckless reliance on windmills” caused the grid failures. “The windmills failed like the silly fashion accessories they are, and people in Texas died.”

Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
        Ne se mette pas en colère,
           Mais plutôt qu’elle considère
            Que je me vais désaltérant
                         Dans le courant,
            Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
            Je ne puis troubler sa boisson.
Le Loup et l’agneau
Jean de La Fontaine

Les raisons de cette catastrophe technique engendrée par une catastrophe naturelle sont multiples, mais peuvent être résumées simplement : une infrastructure défaillante. Et le Texas n’a qu’à se blâmer lui-même car il a décidé il y a longtemps déjà d’avoir son propre grid électrique déconnecté des deux grands grids américains, l’un à l’Ouest et l’autre à l’Est (L’Est du Texas est connecté à l’Eastern Grid américain et la région d’El Paso au Western Grid représentant environ 10 % de la consommation de l’état). C’est en 1955 que le Texas s’est déconnecté pour ne pas avoir à subir les réglementations en matière de résilience et de fixation des prix mises en place par le gouvernement fédéral. 

De telle sorte qu’il n’a pu faire appel à ses voisins pour satisfaire un pic de demande. Ce séparatisme a été justifié par une volonté de ne pas avoir à satisfaire les réglementations fédérales. Une politique résumée par une déclaration de l’ex-gouverneur du Texas, ministre de l’Énergie de Donald Trump et ancien candidat à la présidence (qui voulait supprimer trois agences fédérales, mais ne se souvenait plus de la troisième) : « Texans would be without electricity for longer than three days to keep the federal government out of their business. »

 

L’autre raison majeure est que les centrales à gaz et les pipe-lines transportant le gaz qui les alimentent n’ont pas été isolés thermiquement. Faute de gaz, les centrales ont été arrêtées. Et elles n’ont pas été en mesure de redémarrer avec des températures aussi basses. Les centrales à charbon et nucléaires ont été également touchées.

Dimanche 14 février, la demande d’électricité a atteint 69 MWatts dépassant le pire scénario prévu par l’ERCOT (Electric Reliability Council of Texas – l’appellation pourrait faire sourire), l’agence qui supervise la production d’électricité au Texas, avait prévu un maximum de 67 MWatts en se fondant sur la crise de froid de 2011 qui avait déjà conduit à mettre dans le noir une bonne partie de l’Etat.

Grett Abott, le gouverneur républicain du Texas, s’est empressé de blâmer les énergies renouvelables et l’agenda du Green New Deal des libéraux. Mais, là encore, soit il est mal informé soit il est de mauvaise foi. Car les chiffres sont têtus et montrent qu’il n’en est rien et que ce sont bien les centrales classiques qui ont bien fait défaut. Elles fournissaient seulement 30 MWatts le 17 février contre un pic de 45 MWatts entre le 14 et le 15 février.

Ce désastre est le résultat d’une politique anti-réglementation dont l’objectif est de ne rien imposer aux entreprises et laisser le marché organiser l’offre et la demande sans aucune contrainte. Le Texas a un long historique en la matière. On se souvient par exemple dans les années 2000 de la société Enron, basée au Texas, (pendant la folie Internet) qui avait gagné des milliers en créant une place de marché basé sur les mécanismes d’offre et de demande régulées par les fluctuations, mais aussi de manipulations de prix. Une affaire qui s’était mal terminée pour l’entreprise dont les patrons ont été condamnés à de la prison ferme.

« The nine most terrifying words in the English Language are I’m from the government, and I am here to help »
Ronald Reagan

 

 

 

 

 

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