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What’s the Matter with Texas?

What’s the Matter with Texas? interrogeait en 2015 Jim Green reprenant le titre du livre de Thomas Franck What’s the Matter with Kansas? How Conservatives Won the Heart of America. Il est vrai que les lois récemment signées par le gouverneur républicain Greg Abbott, un mini-Trump, et votées par le Congrès de l’état à majorité républicaine sont préoccupantes : quasi-suppression du droit à l’avortement, ventes des armes à feu quasi libéralisées, restriction du droit de vote rendant plus difficile l’accès aux urnes à certaines minorités, sans parler d’une gestion de l’épidémie plus que chaotique avec interdiction de l’obligation de port du masque dans les écoles et suspicion sur la vaccination.

La nouvelle loi sur l’avortement est exemplaire à plusieurs titres. D’abord, elle montre que les activistes anti-avortement qui ont commencé leurs attaques dès la publication de l’arrêt Roe v. Wade en 1973 ne lâchent pas et iront jusqu’au bout, indépendamment de ce souhaite la majorité. Ici, l’avortement devient illégal après six semaines de grossesse. A ce stade, la majorité des femmes ne savent pas encore qu’elles sont enceintes et 85 % des interruptions volontaires de grossesses intervient après cette date.

Ensuite, la manière avec laquelle cette loi a été conçu est très créative car elle délègue aux citoyens le pouvoir de la faire respecter en leur donnant le droit d’attaquer en justice ceux qui ne la respecte pas, moyennant une incitation financière de 10 000 dollars et frais d’avocats payés en cas de victoire. Ainsi tout citoyen peut attaquer toute personne qui, de près ou de loin, ne l’aurait pas respecté. La femme qui se fait avorter, le médecin et le personnel médical qui réalisent l’intervention et jusqu’au chauffeur de taxi qui conduit la femme à la clinique.

Enfin, on voit les effets des nominations de juges conservateurs à la Cour Suprême par Donald Trump. A 5 voix – dont les trois juges nommés par Trump – contre 4, ils n’ont pas émis d’interdiction sur la loi texane. Encore relativement jeunes (54 ans pour Neil Gorsuch, 54 ans pour Brett Kavanaugh et 49 pour Amy Coney Barrett), ces trois juges peuvent espérer siéger encore pendant une trentaine d’années, donnant ainsi à la Cour Suprême un poids considérable, en décalage croissant avec la société américaine.

A compter du 1er septembre, outre les lois mentionnées plus haut, des centaines de nouvelles lois (666 au total) plus conservatrices les unes que les autres sont entrées en vigueur allant de l’interdiction du gouvernement de d’ordonner de fermer les églises (cela fait référence aux demandes de fermetures pour raisons sanitaires) à l’obligation pour les équipes sportives professionnelles ayant des contrats avec l’état de jouer l’hymne national avant tous les matches en passant par des mesures de rétorsions contre les municipalités qui réduiraient les budgets consacrés à la police (référence au mouvement defund the police), de réduction des taxes sur les ventes (sales taxes), d’interdiction d’augmentation des taxes foncières…

“They say the devil is in the details, but the devil is in the new laws, explique Ed Espinoza, president of left-leaning Progress Texasdans le magazine U.S.  News. “Republicans are heading into a midterm election where they’re desperate to throw as much red meat to the far right base as possible.” (pour écouter le podcast de Progress Texas : 666 New Laws).

Cette évolution sous l’impulsion de républicains ultra-conservateurs – si ce terme à encore un sens – qui pourrait surprendre dans la mesure où la population de l’état devient plus diverse, 40 % de Blancs et 40 % d’Hispaniques, et donc théoriquement plus favorable aux idées du parti démocrate. Mais le problème est que les Blancs représentent 60 % des votants alors que les Hispaniques n’en représentent que 25 %. L’avantage dans l’opinion ne se traduit pas dans les urnes et les républicains au pouvoir renforcent ce déséquilibre en passant des lois restrictives et en faisant du charcutage électoral un sport favori. Dans ces conditions, le Texas pourrait rester sous influence républicaine, tendance Trump, pendant encore longtemps.

Et si le Texas reste attaché à son indépendance (Par exemple, le Texas possède son réseau électrique, déconnecté des deux grands réseaux nationaux du national energy grid – What’s wrong with Texas?), il pourrait servir d’exemple à nombre d’états gouvernés par des républicains qui jouent de plus la carte de l’ultra-conservatisme.

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