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Une Amérique plus divisée que jamais

Les Etats désunis d’Amérique, le titre du dossier spécial publié en 2016 par la revue Esprit n’a jamais été aussi vrai si l’on en croit une enquête que vient de publier l’institut Pew Research Center. Et les différences de point de vue sur des sujets de société – la place du gouvernement, la question raciale, l’immigration, la sécurité nationale, l’environnement… – A savoir que l’écart de position entre les démocrates et les républicains sur ces sujets s’est considérablement accentué. Ces différences en fonction de la ligne partisane sont devenues beaucoup plus explicatives que d’autres dimensions comme le genre, la race, la religion ou l’éducation.

Il ne s’agit pas ici d’un sondage qui serait seulement une photographie de la société américaine à un instant donné. Le Pew Research Center interroge les Américains sur les mêmes sujets et avec les mêmes méthodes depuis 1994. Pour prendre une image médicale, il ne s’agit donc pas de prendre un électrocardiogramme mais plutôt un holter cardiaque qui ausculte sur une période déterminée. Et là la période d’analyse porte sur près d’un quart de siècle.

En 1994, Bill Clinton est président des Etats-Unis depuis janvier 1993 et les premiers mois de son mandat son plutôt mouvementés. D’ailleurs les élections midterms figurent dans les annales des défaites le plus cuisantes. Newt Gingrinch sera Speaker de la Chambre et l’opposant principal de Bill Clinton. Mais il perdra la bataille et Bill Clinton finira son deuxième mandat avec un bilan économique positif.

Le Gouvernement est source de critique, de suspicion chez beaucoup d’Américains, démocrates comme républicains. Quel doit-être son rôle, notamment vis-à-vis des plus démunis. Evidemment, ce rôle est souvent contraire à la doxa la plus courante selon laquelle l’individu doit être tenu responsable de ses actes. Le Gouvernement doit-il aider ceux qui en auraient besoin, les classes les plus défavorisées ? Cette question se double de la question raciale car le nombre des démunis est beaucoup élevés chez les Noirs que chez les Blancs. En 1994, 58 % des démocrates pensaient que le Gouvernement devait aider les nécessiteux, ils sont aujourd’hui 71 %. La crise de 2008 est passée par là. Les Républicains ont évolué dans un mouvement inverse : ils étaient 38 %, ils ne sont plus que 24 %. La crise de 2008 est passée par là. Les républicains ne croient pas à ce qu’ils appellent l’ingénierie sociale. Le différentiel a donc considérablement augmenté en passant de 20 à 47 %. Et cela alors que les inégalités se sont largement creusées : les pauvres sont plus pauvres et les riches plus riches.

Avec l’élection d’un président Noir, on pensait que les Etats-Unis étaient entrés dans une période post-raciale. Même si celui qui sera son successeur s’est appliqué pendant près de six ans à mettre en doute sa légitimité au prétexte qu’il ne serait pas né aux Etats-Unis. Cette attaque persistante n’en cachait-elle pas une autre lié à la différence raciale et tout simplement à un sentiment raciste. Le sentiment de discrimination raciale est partagé par 41 % des Américains qui pensent que les Noirs ne peuvent prendre l’ascenseur social à cause de leur couleur de peau. Mais cette moyenne cache en fait une disparité béante : 64 % chez les démocrates et seulement 14 % chez les républicains. Pour ces derniers, les Noirs sont donc les principaux responsables de leurs propres malheurs.

Sur l’immigration, la situation est un peu différente et un peu plus positive. On le sait, les Etats-Unis se sont construits par l’immigration. Mais le mouvement avait eu un coup d’arrêt dans les années 20 pour être relancé par Lyndon Johnson dans les années 60. A partir des années 80, la principale source d’immigration est issue d’Amérique Latine, principalement le Mexique. Même si le solde avec ce pays est négatif depuis quelques années. Les immigrés des autres pays au sud du Mexique passent néanmoins par ce pays pour venir aux Etats-Unis. Et puis, Donald Trump est arrivé avec ces déclarations infamantes selon laquelle ce ne sont pas les meilleurs qui viennent aux Etats-Unis et les traitant de violeurs. Et pourtant, depuis 1994, la perception de l’immigration s’est améliorée : 32 % pensent que les immigrés renforcent la nation américaine de leur talent et de leur travail, ils sont 84 % aujourd’hui. Et les républicains étaient 30 %, ils sont aujourd’hui 42 %.

Enfin sur le meilleur moyen de garantir la paix. Pour Donald Trump, il semblerait que, dans certains cas, un seul moyen fonctionne. Pour la majorité des américains (61 %), c’est la diplomatie. La position des Républicains et des Démocrates diverge aussi fortement sur ce point : 33 % chez les démocrates et 83 % chez les démocrates.

Bref, la fracture des Etats-Unis en deux pays qui se côtoient mais se méfient de plus en plus l’un de l’autre.

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