Aller au contenu Skip to footer

Ukraine : une aide qui n’arrive toujours pas

Près de six mois se sont écoulés depuis que le président Joe Biden a demandé au Congrès d’affecter des fonds à l’Ukraine dans le cadre d’un projet de loi supplémentaire sur la sécurité nationale. Toujours rien. Et le Congrès n’a approuvé aucune loi d’aide à l’Ukraine depuis décembre 2022.

Au début de ce cycle, les républicains de la Chambre des représentants ont déclaré qu’ils n’adopteraient pas un tel projet de loi sans la sécurité des frontières. Puis, lorsqu’un groupe bipartite de sénateurs a produit une disposition sur la sécurité frontalière pour le projet de loi sur la sécurité nationale, les républicains l’ont tué, sous les ordres de l’ancien président Trump.

En février, le Sénat a adopté le projet de loi supplémentaire sur la sécurité nationale avec l’aide à l’Ukraine sans les mesures frontalières par un vote bipartite fort de 70 voix contre 29.  

La mesure serait adoptée à la Chambre par un vote bipartite, mais le président de la Chambre, Mike Johnson (R-LA), a refusé de le passer au vote, toujours sous les ordres de Donald Trump. Un projet de loi sur l’aide à l’Ukraine seule, Donald Trump n’en veut pas car “America First”. Un projet de loi incluant un volet bipartisan sur l’immigration, Donald Trump n’en veut pas car ce serait donner une victoire politique à son adversaire. 

Le 24 mars, à l’occasion de la Washington Week, la journaliste Anne Applebaum a déclaré : « Trump a décidé qu’il ne voulait pas que l’argent aille en Ukraine… C’est vraiment un moment extraordinaire ; nous avons un ex-président qui n’est plus au pouvoir et qui dicte en fait la politique étrangère américaine au nom d’un dictateur étranger ou avec les intérêts d’un dictateur étranger à l’esprit.

Aujourd’hui, Donald Trump mène sa propre politique étrangère, et elle va à l’encontre de ce que l’administration, le Pentagone et une majorité de sénateurs et de représentants pensent être le mieux pour la nation. L’ingérence de Trump dans notre politique étrangère affaiblit l’Ukraine, qui a désespérément besoin d’équipements pour lutter contre l’invasion russe. Elle indique à ses partenaires et alliés qu’ils ne peuvent pas compter sur les États-Unis, servant ainsi l’objectif du président russe Vladimir Poutine de fracturer l’alliance face à l’agression russe.

L’histoire n’est peut-être pas terminée. Le New York Times rapportait que Mike Johnson pourrait présenter un nouveau plan d’aide à l’Ukraine (Johnson Outlines Plan for Ukraine Aid; House Could Act Within Weeks). Le Speaker a commencé à exposer publiquement les conditions potentielles d’une nouvelle série d’aides militaires américaines à l’Ukraine, l’indication la plus forte à ce jour qu’il envisage de faire adopter par la Chambre un paquet incluant d’autres projets. 

Ses conditions pourraient inclure de lier l’aide à Kiev à une mesure qui obligerait le président Biden à annuler un moratoire sur les nouveaux permis pour les installations d’exportation de gaz naturel liquéfié, ce que les républicains considéreraient comme une victoire politique contre le programme climatique du président démocrate.

Cette décision donnerait également à Mike Johnson une puissante victoire locale, en débloquant un projet de terminal d’exportation dans son État natal de Louisiane, qui serait situé le long d’un canal de navigation qui relie le golfe du Mexique à Lake Charles. Faut-il rappeler qu’il est élu de la Louisiane. Cela fait penser aux très nombreux élus républicains qui ont voté contre le projet de loi sur les infrastructures et qui ensuite se félicitaient lorsque l’argent fédéral arrivait dans leur circonscription.

« Lorsque nous reviendrons après cette période de travail, nous déplacerons un produit, mais il y aura des innovations importantes », a déclaré Mike Johnson dimanche dans une interview sur Fox News.Haut du formulaireBas du formulaire

Cela suggère fortement que le programme d’aide à l’Ukraine, qui est bloqué au Capitole depuis des mois en raison de la résistance républicaine, pourrait être approuvé par le Congrès d’ici quelques semaines. Il bénéficie d’un fort soutien parmi les démocrates et une large coalition de républicains traditionnels, et le principal obstacle qui se dresse sur son chemin à la Chambre a été le refus de M. Johnson de l’évoquer face à l’opposition véhémente de la droite dure au sein du GOP à l’envoi de plus d’aide à Kiev.

Toutefois, tous les républicains MAGA ne l’entendent pas de cette oreille et veille au grain pour qu’un tel projet ne passe pas. Certains profitent de la très faible majorité dont bénéficient les républicains actuellement.

Dans l’interview, il a ouvertement discuté de la façon de structurer l’aide, affirmant qu’il n’avait pas pris de décision finale sur ce qu’il mettrait finalement au vote, mais qu’il avait « travaillé pour construire ce consensus » parmi les républicains de la Chambre. Mike Johnson a cité la loi REPO (Rebuilding Economic Prosperity and Opportunity for Ukrainians Act or the REPO for Ukrainians Act), qui financerait une partie de l’aide en vendant les actifs souverains russes qui ont été gelés, comme une idée à l’étude. Toutefois, cette voie a des limites dans la mesure où seulement 6 à 7 milliards de dollars sont aux Etats-Unis. Selon le media Punchbowl (Johnson is seeking a path on Ukraine funding. Will it work?), la plus grande partie – quelque 225 milliards de dollars – a été gelée en Belgique.  

Les responsables américains s’étaient auparavant montrés sceptiques à l’égard de l’idée, avertissant qu’il n’y avait pas de précédent pour saisir de grosses sommes d’argent d’une autre nation souveraine et que cette décision pourrait déclencher des ramifications juridiques et des conséquences économiques imprévisibles. Et déclencher une certaine méfiance sur les investisseurs étrangers.

Mike Johnson a également lancé l’idée d’envoyer une partie de l’aide sous forme de prêt, notant que « même le président Trump a parlé » du concept. Autrement dit qu’il avait adopté l’idée de son patron.

Il a aussi mentionné une idée de lier l’aide à la levée de la pause de l’administration Biden sur les exportations de gaz naturel liquéfié. Lui et d’autres républicains ont fait valoir qu’en interdisant les exportations américaines d’énergie nationale, l’administration a en fait accru sa dépendance au gaz russe et a indirectement financé l’offensive du président Vladimir V. Poutine contre l’Ukraine. L’annulation du moratoire sur le gaz naturel liquéfié, en particulier, pourrait être une puissante incitation politique pour les républicains, augmentant la pression sur la Maison-Blanche pour qu’elle abandonne une politique qu’ils dénoncent depuis longtemps.

Mais déjà, les États-Unis exportent toujours plus de gaz naturel liquéfié que tout autre pays, et la capacité d’exportation doublera d’ici 2027 parce que le gouvernement a déjà approuvé une poignée de nouveaux terminaux d’exportation, qui sont en cours de construction.

Mike Johnson semble vouloir faire passer quelque chose, mais il a un problème majeur avec les républicains MAGA qui y verraient une trahison de l’approche « America First ». La représentante Marjorie Taylor Greene (R-Ga.) a déjà déposé une motion pour libérer le fauteuil contre Johnson, mais il n’est toujours pas certain qu’elle aille jusqu’au bout. Et un autre pourrait le faire.

Sur la forme, si le Speaker a l’intention d’adopter cette proposition à la majorité simple, il devra la faire passer par le Comité du Règlement, qui est effectivement contrôlé par les représentants Ralph Norman (R-S.C.), Chip Roy (R-Texas) et Thomas Massie (R-Ky.). Ce trio s’est montré sceptique à l’égard de l’aide à l’Ukraine, c’est le moins que l’on puisse dire, surtout si cette législation ne comprend pas de dispositions relatives à la sécurité frontalière.

Bref, Autant l’Ukraine a un besoin urgent d’armes et de munitions, autant les républicains ne semblent pas pressés de lui donner.

Leave a comment

Recevez les derniers articles directement dans votre boîte mail !

Un Jour en Amérique © 2024. Tous droits réservés. 
Consentement des cookies