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Roy Moore : l’élection de tous les dangers

Cette élection sénatoriale partielle suite à la nomination de Jeff Sessions au poste de ministre de la Justice aurait dû être une promenade de santé pour le candidat républicain. Dans cet état du Sud, Donald Trump avait gagné haut la main face à Hillary Clinton avec plus de 60 % des voix. Rien que de très normal dans de Sud Profond qui a basculé dans le camp républicain depuis le mouvement des droits civiques dans les années 60. Un état qui n’a rien à envier à ses proches voisins où les voix pour le candidat républicain sont du même niveau. Dans l’Oklahoma, Donald Trump avait même atteint les 65 %.

L’historique des élections présidentielles de l’Alabama parle pour lui-même. Il faut remonter à 1976, pour qu’un candidat démocrate y remporte la majorité contre Gerald Ford, le seul président des Etats-Unis qui n’a jamais été élu suite à la démission de Richard Nixon. Jimmy Carter avait sans doute gagné l’élection dans cet état autant en tant que représentant des États du Sud – il a été gouverneur de l’état voisin de la Géorgie -Ross Perot, outsider qui n’est pas sans rappeler Donald Trump en plus sérieux, avait perturbé les élections de 1992 et de 1996 en participant à l’élection de George H.W. Bush mais en portant Bob Dole allant contre la vague Clinton.

Ce point de basculement des États du Sud des démocrates vers les républicains s’observe donc dans les années 60. En 1964, L’Alabama accorde 70 % des voix au très conservateur Barry Goldwater alors que le pays élit Lyndon Johnson. En 1968, il vote pour George Wallace, la curiosité locale aux frontières du racisme l’année où Richard Nixon arrive finalement à la fonction suprême.

Bref, pour trouver l’élection d’un démocrate qui soit aligné sur le vote national, il faut donc remonter à 1960 et l’élection de John Kennedy.

C’est donc dans ce contexte que se tient aujourd’hui cette élection sénatoriale entre un Roy Moore, ancien président de la Cour Suprême de l’Etat, ultra-conservateur aux déclarations plus sulfureuses les unes que les autres (sur l’esclavage, religion, les homosexuels, les armes à feu… il a même jusqu’à déclarer en 2011 qu’il serait préférable de supprimer tous les amendements à la Constitution à l’exception des 10 premiers, un comble pour un homme de loi) , au passé pour le moins trouble à la fois sur le plan judiciaire et personnel et un candidat démocrate, Doug Jones, ancien procureur du district du Nord de l’Etat.

Depuis quelques semaines, l’élection est troublée par des affaires de mœurs (Roy Moore dans la tourmente et entraîne le GOP dans sa chute). L’affaire Roy Moore s’est transformée en véritable scandale politique national Tout est sorti d’un article du Washington Post (Woman says Roy Moore initiated sexual encounter when she was 14, he was 32) qui s’appuie sur les histoires de 4 femmes victimes (à l’époque des jeunes filles dont l’une avait 14 ans alors que l’âge légal du consentement dans l’Alabama est de 14 ans) et une trentaine de témoignages qui corroborent les faits. Le parti républicain a eu une attitude assez incohérente. D’abord en indiquant qu’il ne soutiendrait pas le candidat en allant même jusqu’à stopper le financement de sa campagne pour faire ensuite marche arrière en suivant le président qui endossait le candidat républicain.

Les sondages sont extrêmement variables en fonction des sources. Selon le site Real Clear Politics qui fait la moyenne des différents sondages, c’est le candidat républicain qui devrait être élu même s’il faut rester très prudent (les dernières élections présidentielles nous le rappellent).

Mais quel que soit le vainqueur de cette élection, certains analystes pensent que les démocrates en sortiront gagnants. S’il gagne, il sera un boulet pour le Sénat et le parti républicain devra le traîner jusqu’aux élections de midterm. S’il perd, il va réduire dangereusement la majorité du sénat 51-49 mettant encore plus en péril les votes à venir.

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